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Page 98
--Si tu r�fl�chis trop longtemps, je partirai seul. Et Z�non continua
de marcher � grands pas, Mordica� se tra�nant derri�re lui avec de gros
soupirs.
La nuit approchait lorsque Z�non et Mordica� pass�rent devant la petite
chapelle qui �tait un but de p�lerinage. Tous les objets, apr�s avoir
projet� des ombres d�mesur�es, s'effac�rent peu � peu, et lorsqu'ils
atteignirent le point o� les chemins, se divisant, conduisent � gauche
vers Saroki, � droite vers Dobrowlani, le vieux juif balbutia soudain en
se cachant derri�re Z�non:
--Ne voyez-vous rien? Moi, je vois un g�ant qui nous menace du bras.
--Bah! fit le jeune homme, je n'ai pas peur de lui.
--Mais moi, j'ai peur.
Z�non marcha droit au g�ant et dit en riant:
--C'est un poteau, Mordica�.
--Si c'est un poteau, tant mieux; mais cela pouvait �tre aussi bien un
brigand.
A cent pas de l�, une souris ayant travers� le chemin, Mordica� s'enfuit
dans un champ de bl� avec des cris per�ants.
--Pour une souris?... s'�cria Z�non.
--Il n'y a pas de honte � fuir devant une souris, r�pondit le juif tout
tremblant, quand elle est grande comme un loup.
Malgr� toutes ces f�cheuses rencontres, ils gagn�rent sans accident un
petit bois de bouleaux qui formait la limite de la seigneurie de Saroki.
--Que nous veulent ces femmes en linceuls blancs? demanda Mordica�
tr�s-haut pour para�tre intr�pide.
--Tu prends des bouleaux pour des femmes � pr�sent?
--Des bouleaux! s'�cria le _faktor_ avec emportement; est-ce que
des bouleaux peuvent rire? N'entendez-vous pas rire ces fant�mes
diaboliques? Non, non, je n'avance plus d'un pas.
Il s'assit sur une pierre et ferma les yeux. Quand il se d�cida enfin �
les rouvrir, il vit � la joyeuse clart� du soleil que c'�taient bien des
bouleaux, pourtant. Il vit aussi qu'il avait dormi dans un champ de bl�
et que Z�non avait disparu.
De grand matin, Z�non atteignit Saroki. Il laissa sur la prairie, en la
traversant, les traces argent�es de ses pas. A l'horizon brillait un
brouillard d'or. Sur toutes les haies gazouillaient les oiseaux, qui
venaient de s'�veiller. Tous les rideaux de la seigneurie �taient encore
baiss�s. Le cocher, plus matinal que les autres domestiques, faisait ses
ablutions � la fontaine.
Z�non survenait cependant � propos pour emp�cher une grave injustice.
C'�tait un vendredi, jour auquel les mendiants avaient coutume
d'assi�ger la porte de la ma�tresse du lieu, une jeune veuve, Pani
Witolowska.
Un vieillard � longue barbe, sa besace sur le dos, un b�ton � la main,
�tait arriv� d�s l'aube. Le chien, ayant aboy� � sa vue, r�veilla la
dame, qui sortit, de fort mauvaise humeur, d'un lit somptueux, digne de
servir � une sultane. En prenant son caf�, elle s'aper�ut que le pot au
lait d'argent manquait au plateau et fit chercher partout inutilement
cette pi�ce pr�cieuse. Le domestique qui la servait signala en m�me
temps la disparition de plusieurs couverts, en ajoutant que seul un
vieux mendiant, qui r�dait autour de la maison depuis le lever du
soleil, pouvait avoir commis le vol. Aussit�t, la dame, qui �tait
prompte justici�re, fit arr�ter le vieillard. On ne trouva rien dans
sa besace, mais il fut d�cid� qu'il avait eu le temps d'enterrer
l'argenterie. Pani Witolowska, sans autre forme de proc�s, le fit
conduire dans la salle du jugement, o� elle l'interrogea elle-m�me,
et, comme il persistait � ne pas avouer, elle ordonna d'appliquer la
torture. Le mendiant souffrit tranquillement son martyre en invoquant
tous les saints. Pani Witolowska, enrou�e de vocif�rations et de rage,
criait aux bourreaux:--Rossez cet ent�t� jusqu'� ce qu'il ait parl� ou
rendu l'�me!--lorsque Z�non entra.
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