Le legs de Caïn by Leopold Ritter von Sacher-Masoch


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Page 97

Z�non �clata de rire.

--Si ce ne sont pas deux diplomates, se dit-il, ce sont assur�ment deux
comm�res.

Et, en effet, la masse des fourmis sens�es eut bien vite s�par� les deux
babillardes, emmenant chacune d'elles au plus vite pour lui assigner une
besogne.

Z�non revint souvent � ses fourmis. Un jour, il trouva la r�publique
dans un �tat d'excitation fi�vreuse et vit s'engager des batailles, � la
suite desquelles le parti vaincu s'en alla chercher des contr�es plus
paisibles et y fonder une nouvelle r�publique. Z�non, fouillant avec de
grandes pr�cautions la ville abandonn�e, constata, non sans ravissement,
la structure compliqu�e de ce labyrinthe souterrain, dont les nombreux
�tages conduisaient � des couloirs, � des chambres, � des magasins de
toute sorte.

Une apparition impr�vue le surprit au milieu de son extase. Le vieux
_faktor_ envoy� par madame Mirolawska, Mordica� Parchen, �tait devant
lui:

--Bon Dieu! que faites-vous l�, mon jeune ma�tre? s'�cria ce bonhomme,
abasourdi.

Z�non leva la t�te, et un sourire passa sur sa belle figure.

Mordica�, bien qu'il f�t vieux, n'avait pas pr�cis�ment une mine
respectable. Petit et rond comme une boule de graisse, il avait l'air
d'un vilain petit gar�on travesti en a�eul: son long cafetan noir et
son grand bonnet de zibeline ne r�ussissaient pas � lui pr�ter de la
dignit�; il n'en �tait que plus comique.

--Je m'instruis chez les fourmis, r�pliqua Z�non.

--Et qu'apprenez-vous en leur compagnie?

--Le travail, l'application, la concorde, l'�galit�.

--Pour quoi faire? A quoi vous serviront de pareilles choses? Un homme
de votre rang...

--Je ne serai rien, tant que je n'aurai pas trouv� la v�rit� pour moi et
pour mes fr�res...

--Quel coeur! quelle sagesse! soupira le vieux juif; un vrai Mirolawski!
Notre Talmud dit bien aussi:

�Qui donc est sage?

�Celui qui, ayant vaincu l'orgueil de son �me, apprend volontiers aupr�s
de chacun.

�Qui donc est fort?

�Non pas celui qui a conquis des terres et des villes, mais celui qui
s'est dompt� lui-m�me.

�Qui donc est riche?

�Celui qui se contente de peu.�

Voil� ce que dit notre Talmud. Aussi je vois bien que Dieu a la main sur
vous, ma�tre. Permettez-moi de vous suivre.

--Ami, r�pliqua Z�non en se levant d'un bond, j'ai achev� mon oeuvre
ici, nous pouvons partir � l'instant.

Mais ils n'avaient pas fait trois pas, que Mordica�, s'asseyant, se mit
� g�mir et � s'arracher les cheveux.

--H�las! o� ai-je eu la t�te? Moi qui avais promis � madame de vous
ramener. Malheureux que je suis!

Z�non �clata de rire:

--Calme ta conscience. Je te promets que tu me ram�neras, mais � la
condition de voyager d'abord avec moi.

--Que dois-je faire?...

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Books | Photos | Paul Mutton | Sat 27th Dec 2025, 18:24