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Page 93
--Je voudrais voir les paysannes, dit-il en tordant sa barbe; elles vont
toutes courir apr�s toi. Mais attends encore que j'aille voir ce que
fait ta m�re.
Il revint bient�t rassur�.
--Il n'y a pas de danger; elle est dans sa chambre � lire les nouvelles
de Paris. Toutes les �toiles tomberaient � la fois qu'elle n'y prendrait
pas garde.
--Je me h�terai donc...
Pan Mirolawski marcha devant; Z�non le suivit. Ils all�rent sur la
pointe du pied, par un corridor obscur, jusqu'� certain escalier
tournant qui les conduisit � une porte d�rob�e dont le vieux seigneur
avait la clef.
La fra�cheur de la nuit les p�n�tra. Ils sortirent dans le jardin,
qu'inondaient les blancheurs de la pleine lune. L� encore, Pan
Mirolawski ouvrit une petite porte qui donnait sur la campagne.
--Pars-tu vraiment? demanda-t-il d'une voix tremblante.
--Oui, mon p�re.
--Eh bien! sois heureux, et que le Ciel te prot�ge!
Il soupira et embrassa encore une fois son fils.
Z�non �tait d�j� loin.
--Surtout ne manque pas de m'�crire! lui cria Pan Mirolawski.
D'un pas rapide, le fugitif traversait les champs de bl� doucement
agit�s par le vent.
Lorsque, le lendemain matin, il manqua au d�jeuner de famille, sa m�re
fron�a le sourcil et battit � coups redoubl�s, de la petite cuiller
d'argent qu'elle tenait, sa tasse de fine porcelaine, jusqu'� ce que
celle-ci se bris�t.
Voyant qu'il ne rentrait pas le soir, elle se promena inqui�te, dans la
salle � manger, mais sans demander ce qu'il �tait devenu. Deux jours,
trois jours s'�coul�rent; elle maltraitait toute la maison, s'emportait
� chaque instant. Vers le soir du troisi�me jour, l'imp�rieuse dame dit
brusquement � son mari:
--O� est Z�non? Vous savez sans doute o� il est?
--Moi? Comment le saurais-je? r�pondit le vieux seigneur d'un air de
parfaite innocence; que Dieu me punisse si je m'en doute!
Le quatri�me jour, madame Mirolawska fit partir le _faktor_ juif
Mordica� Parchen, avec l'ordre expr�s de chercher Z�non, mais le vieux
Parchen fit comme le corbeau de l'arche: il ne reparut pas.
II
Cependant Z�non avait bravement commenc� son voyage. Aussit�t qu'il
eut quitt� le berceau de ses anc�tres, aussit�t qu'il eut compris que
d�sormais il n'y avait l� personne pour le servir, mais personne non
plus pour lui donner des ordres, il se sentit libre et heureux. La
lune �clairait son chemin, et cette premi�re �preuve de sa force, que
n'excitait pas un vain orgueil, mais une soif l�gitime d'ind�pendance,
l'enthousiasma. Il franchissait d'un bond les ruisseaux, lan�ait loin
de lui des pierres �normes. Arriv� sur la rive du Pruth, il ramassa des
broutilles, alluma un bon feu, s'�tendit sur l'herbe et dormit jusqu'au
jour. Un chien l'�veilla en appliquant son museau froid contre sa joue.
Ce chien appartenait au batelier, qui lui fit traverser la rivi�re en
m�me temps qu'� deux paysannes. Le batelier fut fort �tonn� lorsqu'il
re�ut de son passager, au lieu de la pi�ce de monnaie voulue, un simple:
�Dieu vous r�compense!�
Sur l'autre rive, deux chemins se r�unissaient aux pieds d'une image
de la Vierge. Les deux femmes, s'arr�tant, regard�rent Z�non. La plus
jeune, grande et forte, avec un joli visage un peu p�le au milieu duquel
se recourbait un petit nez aquilin, sourit et poussa du coude la vieille
qui l'accompagnait. Celle-ci secoua la t�te; ses yeux moqueurs et
p�n�trants parurent rentrer encore sous leurs sourcils touffus, et ses
mains maigres couvertes de rides innombrables s'appuy�rent sur le b�ton
qu'elle tenait.
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