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Page 92
St�phane hocha la t�te.
--Il est vrai que le seigneur est bon; mais madame ne pardonne rien
� personne, et le mandataire... Gr�ce � lui, le fouet et le b�ton ne
ch�ment pas de besogne.
Z�non fr�mit: il ne trouvait pas de paroles pour exprimer son
impression. Tandis que le vieux serviteur sortait de la chambre, en lui
r�p�tant l'ordre de la ma�tresse, et refermait derri�re lui la porte,
qui cria sur ses gonds, il prit machinalement un second livre et
s'effor�a de chasser les pens�es qui l'assaillaient comme les aigles
s'acharnent sur un chevreuil bless�. Fut-ce le hasard? Fut-ce une de ces
inspirations secr�tes, miraculeuses, qui peuvent d�cider de toute
une vie? Il lut avec un int�r�t et un trouble croissants, il lut que
Bouddha, prince indien, �mu comme lui � l'improviste par la mis�re
humaine, quitta son palais et s'en alla au d�sert, bien avant le Christ,
pour y chercher la solution de la plus douloureuse de toutes les
�nigmes. Il lisait encore, haletant, le coeur gonfl� d'enthousiasme,
lorsqu'une forte main s'appuya soudain affectueusement sur son �paule.
--Que fais-tu l�? disait son p�re. Ta m�re se f�chera.
En parlant, le digne homme l'embrassait au front comme s'il e�t �t� un
petit enfant.
--Mon p�re, dit Z�non avec un calme solennel, j'ai r�solu de partir.
--De partir? Et o� iras-tu?
--Jusqu'ici, je n'en sais rien, mais �coutez... J'ai v�cu longtemps dans
une tour enchant�e sans rien savoir de la vie ni des hommes, et voici
qu'une grande honte m'a saisi en songeant que j'�tais luxueusement
nourri et v�tu tandis que mes semblables manquaient de pain. Tout ce
qui me paraissait riant et beau est devenu pour moi un ab�me plein
d'effrayants secrets. Je veux partir, je veux marcher parmi les hommes
pour conna�tre leurs peines et trouver le moyen de les rendre tous
�galement heureux; je veux... Ah! Dieu seul sait ce que je veux... Il me
pousse hors de cette opulence qui m'humilie, de cette oisivet� qui me
p�se; je veux vivre, travailler, combattre, souffrir avec les hommes...
P�re, je ne puis vous cacher mes projets, mais nul autre que vous ne
doit en �tre instruit...
--Mon bien-aim�, dit Pan Mirolawski, je te connais. Ayant dit: Je
pars,--tu partiras; rien ne pourra t'en emp�cher; aussi je me borne � te
r�pondre: R�fl�chis, cher enfant; songe � l'angoisse de mon coeur.
--Je ne pars pas pour toujours, r�pliqua Z�non, et j'�crirai; mais,
entendez-vous bien, mes lettres seront pour vous seul!...
--Que Dieu te garde donc! Moi, tout m'abandonne...
--Nous nous reverrons, r�p�ta Z�non; je reviendrai en paix avec
moi-m�me, tandis qu'aujourd'hui je me sens malheureux, si malheureux!...
Le jeune homme cacha son visage entre ses mains et se mit � pleurer
am�rement.
--Mon fils! dit Pan Mirolawski, calme-toi; jamais ton p�re ne dressera
devant tes pas des obstacles qui puissent te faire souffrir. Va voir le
monde, selon tes souhaits; laisse-moi seulement te munir d'argent et
d'armes...
--Non, dit vivement Z�non, je pr�tends ne me fier qu'� mes bras et vivre
de ce que je gagnerai seul.
--Tu ne veux rien de moi?
--Si fait, cher p�re; vous pouvez m'aider. Procurez-moi des habits de
paysan et un b�ton. C'est tout ce qu'il me faut.
--Attends!
Pan Mirolawski sortit � pas de loup et revint quelques minutes apr�s
avec un paquet de v�tements et un gourdin formidable.
Z�non changea rapidement d'habits. Quand il fut debout dans ses hautes
bottes noires, ses larges chausses de drap grossier, sa rude chemise
serr�e � la taille par une ceinture de cuir noir et son _sierak_
gris, le bonnet de peau d'agneau sur la t�te, le b�ton � la main, Pan
Mirolawski ne put s'emp�cher de sourire.
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