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Page 91
Et celui qu'elle regardait s�v�rement croyait d�j� sentir les coups de
fouet sur ses �paules.
--Ces gueux partiront sur-le-champ, ajouta-t-elle apr�s une pause.
L�-dessus, elle sonna; mais Z�non avait rassembl� tout son courage.
--Ch�re m�re, supplia-t-il, ne soyez pas si dure envers les pauvres
gens! Ils allaient passer la nuit en plein bois, une femme, songez-y, et
de petits enfants! �tait-ce possible de le souffrir? Je leur ai promis
abri et nourriture.
--On ne peut pourtant les chasser, insinua timidement Pan Mirolawski;
Z�non, qui a suivi l'�lan de son bon coeur, serait compromis aux yeux de
toute la maison.
--Soit! qu'ils restent cette nuit, mais pas une heure de plus, d�cida
cette S�miramis.
--Et qui donc les aidera dans l'avenir? s'�cria Z�non. Oh! ma m�re,
nous sommes riches, et ils sont pauvres! Ne pourrait-on leur donner du
travail?
--Non, ils partiront demain. N'insiste pas, reprit la ma�tresse
d'Ostrowitz, arr�tant une derni�re pri�re sur les l�vres de Z�non; j'ai
dit ma volont�.
Elle s'assit au haut bout de la table sur son fauteuil comme sur un
tr�ne; le p�re et le fils prirent place l'un � sa droite, l'autre � sa
gauche, et St�phane servit le souper.
Personne n'avait envie d'entamer la conversation; madame Mirolawska
mangeait lentement, avec toutes sortes de gr�ces et de mani�res; Pan
Mirolawski avec pr�cipitation, comme s'il e�t voulu avaler son d�pit;
Z�non laissa passer tous les plats sans toucher � rien. Il baissait la
t�te, et de temps en temps une larme tombait sur son assiette. Tout �
coup, il se leva et sortit de la salle. Sa m�re le suivit des yeux,
surprise plut�t qu'en col�re, puis elle passa sa main blanche d'un air
embarrass� sur la sombre fourrure qui couvrait sa poitrine.
Z�non cependant n'avait pas regagn� sa chambre; il se dirigea vers la
biblioth�que, pensant bien que personne ne viendrait l'y chercher. Il
n'y avait pas de lampe dans cette vaste pi�ce; mais le clair de lune
dessinait distinctement le ch�ssis de chaque fen�tre sur le carrelage du
sol. Z�non prit un livre, l'ouvrit et s'assit pour le feuilleter dans ce
rayon de lumi�re argent�e. Au moment m�me parut St�phane.
--Mon jeune ma�tre, dit-il, venez; madame l'exige.
--J'ai quelque chose � te demander, dit � son tour Z�non, sans l'avoir
entendu. Il faut que tu me r�pondes en toute sinc�rit�.
--Que dois-je r�pondre?
Le vieux serviteur cligna des yeux sous le clair de lune qui le frappait
en plein visage, accentuant toutes ses rides, et se mit � rire, � rire
discr�tement et tout bas, comme il convient � un valet de bonne maison.
--St�phane, reprit Z�non, est-il possible que des mis�rables tels que
ces gens auxquels nous avons donn� refuge, et les mauvais ma�tres, comme
le leur, soient nombreux en ce monde, ou bien est-ce un cas particulier,
une exception?
--Bon Dieu! s'�cria St�phane, quel enfant! Le monde regorge de mis�re,
h�las! Vous n'en savez rien naturellement, n'ayant jamais vu de pr�s la
pauvret�. Il y a des milliers de gueux bien plus � plaindre que ceux
qu'il vous est arriv� de rencontrer aujourd'hui. En somme, quel est le
lot de nos paysans?
Et le vieillard se remit � rire sous cape.
--Le paysan, ici, n'est qu'un esclave. Les Turcs ne peuvent opprimer
davantage ceux qui portent leur joug. On m�nage encore une b�te de
somme; lui, on ne le m�nage pas, et on l'insulte, et on le bat, et on ne
se g�ne pas pour lui enlever sa femme, si elle en vaut la peine. Mais il
est plus sage de ne point parler de ces choses. J'ai toujours
entendu dire que l'on perdait ses yeux � lire au clair de la lune;
entendez-vous, monsieur?
--Mais chez nous, St�phane, chez nous, les paysans sont bien trait�s?
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