Le legs de Caïn by Leopold Ritter von Sacher-Masoch


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Page 90

--Mais vos enfants... ils tomberont malades!

L'homme partit d'un petit �clat de rire sec et vibrant.

--Mieux vaudrait pour nous mourir tout de suite. Nous n'avons pas
d'autre toit que le ciel et point d'�pargnes. Aussi allons-nous de ce
pas en Hongrie tenter la fortune.

Le jeune chasseur �tait devenu tr�s-rouge; il entendait tinter cent
cloches � ses oreilles, debout, les yeux baiss�s, aussi confus que s'il
e�t �t� lui-m�me l'auteur de cette mis�re.

--On m'appelle Z�non, dit-il; je suis le fils du seigneur d'Ostrowitz,
qui est propri�taire de sept villages. Nous pouvons vous aider, et
d'abord vous trouverez ce soir un g�te et un souper. Venez; mon p�re est
la bont� m�me.

--Ah! monsieur, vous plaisantez!... balbutia le pauvre homme.

--Je ne plaisante pas. Attelez.

Le fermier expuls� des Orlowski attacha son cheval au petit chariot, si
vite qu'il oublia de remercier.

Z�non l'avait aid� obligeamment; ce fut lui qui installa les enfants
dans le chariot.

Les deux hommes march�rent devant; le cheval les suivit; derri�re se
tra�nait la femme, son nourrisson dans les bras. Ils sortirent des bois,
travers�rent les champs et atteignirent ainsi le ch�teau. Z�non fit
entrer ses prot�g�s dans un fournil bien chaud, o� on leur servit de la
soupe et de l'eau-de-vie sur un bon lit de paille.

Montant l'escalier ensuite, il alla changer d'habits en toute h�te et
p�n�tra presque furtivement dans la salle � manger, o� son p�re, Pan
Mirolawski, se promenait de long en large, les bras crois�s derri�re le
dos, l'air triste et inquiet. � la vue de Z�non, son visage soucieux
changea soudain d'expression et devint rayonnant; il tendit les bras
vers le retardataire avec un cri de joie.

--Tiens! dit-il au vieux domestique qui mettait le couvert, voici ton
jeune seigneur!

Il courut � son fils, le prit par la t�te, l'embrassa et dit:

--Que tu m'as tourment�! O� �tais-tu? O� t'a men� le diable?

Z�non baisa la main de Pan Mirolawski et raconta son escapade. Il ne
manqua pas de parler des malheureux qu'il avait recueillis.

--St�phane! cria le p�re s'adressant au vieux domestique, descends vite,
et donne � ces gens du r�ti.

--Ne vaut-il pas mieux, fit observer St�phane, attendre que madame...

--Du r�ti, te dis-je, interrompit Pan Mirolawski, s'effor�ant, mais sans
succ�s, de prendre une mine et une voix de ma�tre,--une bouteille de vin
de Hongrie, en outre... tu m'entends, dr�le!

St�phane ob�it. � peine avait-il quitt� la salle que, par l'autre porte,
entra une grande femme aux yeux bleus s�v�res, en kazaba�ka de velours
noir garnie de pr�cieuses fourrures, qui semblait faite pour ajouter �
la splendeur de sa taille opulente, de son teint frais, de sa blonde
chevelure. Les contrastes de lumi�re et d'ombre que pr�sentait cette
apparition rappelaient quelque portrait de Rembrandt:

--Qu'est-ce que j'apprends, Z�non? commen�a-t-elle d'une voix
imp�rieuse. Comment? Non content de devenir vagabond toi-m�me, tu nous
am�nes des vagabonds au logis?

Le p�re et le fils se regard�rent sans r�pondre.

Il y avait dans l'oeil et dans la voix de la dame d'Ostrowitz quelque
chose qui ne supportait point de contradiction. Si elle disait:

--Il ne pleuvra pas!

C'�tait comme si elle e�t dit:

--Je d�fends au ciel de pleuvoir!

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Books | Photos | Paul Mutton | Sat 27th Dec 2025, 2:54