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Page 89
Les couleurs de l'arc-en-ciel s'�teignirent; l'occident �tait de
pourpre.--Basile Hymen, nous saluant, continua sa route d'un pas ferme.
La nuit tomba; les constellations devinrent visibles, et du lointain
nous arriv�rent les sons m�lancoliques d'une fl�te de berger. Ils
flott�rent sur les ondes pures de l'air agit�, qui les porta, tendres et
douloureux, � travers la plaine.
LE PARADIS
SUR LE DNIESTER
A l'endroit m�me o� les eaux vertes, �cumantes, de l'imp�tueux Dniester
se r�pandent de la plaine gallicienne dans la Bukowine riche en for�ts,
on rencontre certain coin de terre merveilleusement calme et fertile
que notre peuple de la Petite-Russie a surnomm� le Paradis. Lorsque j'y
p�n�trai pour la premi�re fois, le charme de sa situation � l'�cart du
grand monde tumultueux, les douces lignes arrondies de ses collines, sa
culture soign�e, l'air ti�de qu'on y respire, me firent songer � quelque
riant paysage du nord de l'Italie, et je trouvai cette flatteuse
d�signation suffisamment justifi�e; bient�t, cependant, j'appris que ce
n'�tait pas la beaut� de la nature, mais bien celle d'une grande �me
d�pourvue de tout �go�sme, qui avait fait de la vall�e en question un
Eden aux yeux des hommes. J'eus occasion de voir celui qui marche comme
un proph�te parmi son peuple et d'entendre son histoire singuli�re sous
tous les rapports; cette histoire, la voici:
I
Par une soir�e de mai, tandis que le vent soufflait des lointaines
Karpathes sur la cime des for�ts avec un bruit de vagues et faisait
frissonner la verte surface des bl�s naissants, un jeune homme de haute
taille, �lanc�, robuste, les joues fortement color�es, son fusil sur
l'�paule, son chien � ses c�t�s, se dirigea parmi les ch�nes, que
secouait l'haleine encore �pre et violente du printemps, vers le ch�teau
d'Ostrowitz. Bien que tout en sa personne trah�t la force et une volont�
d�termin�e, bien qu'il f�t sorti depuis longtemps d�j� de la timide
adolescence, ce beau gar�on �tait visiblement troubl� par les ombres
mena�antes, les voix �tranges, les spectres de toute sorte dont
l'entouraient � l'envi la solitude et la nuit. Fils unique, il avait
re�u de ses parents une �ducation trop douillette, quasi f�minine, ne
quittant jamais le vieux ch�teau, qui formait pour lui un monde � part,
sans avoir une gouvernante et plus tard un gouverneur � ses trousses.
Pour la premi�re fois aujourd'hui, ce grand enfant avait fui sa prison;
libre de toute surveillance, il avait gagn� les for�ts prochaines et
s'y �tait oubli�, si bien que le cr�puscule l'avait surpris sous leurs
vo�tes superbes. Il approchait cependant du toit paternel, quand un
spectacle tout nouveau pour lui, et qu'il ne s'expliqua pas d'abord,
frappa ses regards. Dans une petite clairi�re flambait un grand feu de
broussailles; on le voyait s'�lever derri�re les bouleaux, et, pr�s de
ce feu, une jeune femme, tr�s-p�le, qui semblait consum�e de chagrin
et de fatigue, �tait assise, un enfant serr� contre son sein. Aupr�s
d'elle, un homme, v�tu � peu pr�s en paysan, soignait un petit cheval
dont les pieds de devant �taient entrav�s; deux enfants plus grands que
le premier, blottis l'un contre l'autre sur une souche, regardaient les
flammes l�cher le bois vert. Sur le petit chariot, on voyait empil�s des
matelas, des vieux meubles et de la vaisselle.
Le jeune chasseur s'arr�ta tout �tonn�, puis, s'adressant � l'homme, il
lui demanda d'o� il venait et ce qu'il faisait l�.
Le malheureux lui jeta un regard de haine profonde.
--Oh! je prends sur moi le p�ch� de br�ler quelques broutilles pour
r�chauffer ma femme et mes enfants! grommela-t-il.
--Vous ne me comprenez pas, reprit vivement son interlocuteur; ce que je
veux savoir, c'est comment vous vous trouvez forc�s, vous et les v�tres,
de passer une nuit aussi froide � la belle �toile.
--Nous sommes des bannis.
--Bannis? Pourquoi?
--Le seigneur Orlowski de Dobrowlane nous a chass�s, parce que nous ne
pouvions payer notre fermage. Vous savez que l'an dernier le Dniester a
d�bord�, et puis la gr�le... enfin il n'y avait rien � faire. Nous avons
d� quitter la ferme et errer depuis...
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