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Page 87
�--O� est maman?
�Et la m�me question se renouvela chaque soir � l'heure o� je le
couchais.
�--Elle est partie, disais-je.
�--Pour aller o�?
�--Aupr�s du bon Dieu.
�--Mais elle reviendra, n'est-ce pas? reprenait Paul avec confiance, et
alors elle m'emm�nera. Ce doit �tre beau dans le ciel! On y mange et on
s'y chauffe tant qu'on veut. Tous les arbres sont au bon Dieu, dis?
�Mes meubles furent saisis une derni�re fois. Quand je dis mes meubles,
il s'agissait d'une paire de bottes �cul�es, d'une veste en loques et
de deux assiettes. Ma mis�re commen�ait � devenir bouffonne. Je me fis
fendeur de bois. Paul m'accompagnait et entassait les b�ches. Nous
couchions sur la paille. Paul n'avait en fait de chaussures que de vieux
chiffons. Je trouvais encore moyen de lui fabriquer des joujoux. Pendant
les longues soir�es je lui construisis en paille une maison miniature
avec tous les meubles. Il fut ravi:
�--Et maintenant, dit-il, nous y mettrons maman.
�Pour le contenter, je fis une petite poup�e. Il la baisa tendrement et
l'assit sur une chaise. Dans ce temps-l�, il �tait d�j� malade. Quand
je m'en allais travailler, le pauvret restait seul jusqu'au soir; je le
retrouvais tout br�lant, min� par la fi�vre; n'importe, il se mettait
aussit�t � bavarder et � jouer avec moi.
�Une fois que je rentrai un peu plus tard que de coutume, il dormait.
S'�veillant � mon approche, il me regarda d'un air de vague �tonnement,
puis il sourit:
�--Quelqu'un est d�j� venu, dit-il.
�--Qui donc?
�--Eh bien? maman...
�Mon coeur battit � se rompre.
�Pendant la nuit je m'�veillai en sursaut. La clart� de la lune tombait
tout enti�re sur le visage p�le et pinc� du petit Paul; il gisait les
yeux grands ouverts, r�lant d�j�.
�--Papa, es-tu f�ch�? commen�a-t-il tout bas.
�--Pourquoi serais-je f�ch�?
�--Parce que je m'en vais, r�pondit Paul en cachant sa pauvre petite
t�te dans ma poitrine, comme faisait toujours Luba.
�--Et o� vas-tu, mon ch�ri?
�--Je vais aupr�s de maman, r�pliqua Paul; tu devrais venir aussi.
�Il m'embrassa et s'endormit pour toujours.
�Tout m'avait donc abandonn�. J'�tais vaincu. Que m'importait d�sormais
l'existence? Un soir, j'allai chez Salomon:
�--Adieu, lui dis-je, je retourne dans la montagne. Les ours et les
loups sont plus cl�ments que les hommes.
�--Que Dieu vous prot�ge, dit le vieillard, mais cette fois nous ne nous
reverrons plus.
�Je ne l'ai pas revu, en effet. Lui aussi, mon fid�le, il est mort.
�Je partis donc du c�t� des Karpathes, mais les choses tourn�rent
autrement que je ne croyais. Sur ma route se trouva un paysan qu'avait
maltrait� son ma�tre. Il me confia ses peines. Je fis un m�moire pour le
tribunal du cercle; en �change, mon client m'offrit g�te et nourriture.
La plainte fut �cout�e; justice fut rendue; aussit�t dix autres paysans
vinrent me demander conseil, puis cent autres. Je pouvais encore �tre
utile. Alors commen�a ma vie pr�sente; je marchai sans rel�che droit
devant moi et devins ce que je suis: Basile Hymen, le procureur
clandestin, l'errant, sans foyer, sans biens d'aucune sorte, sans
patrie...�
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