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Page 78
�--D�p�chons-nous! m'�criai-je.
�En h�te nous remont�mes les degr�s pour traverser la cour et atteindre
ensuite les champs. A trois cents pas de la seigneurie une bande
furieuse nous accosta.
�--Le voil�, ce brigand! prenez-le! liez-le!
�Je brandis ma faux et la promenai � deux reprises autour de moi; trois
hommes furent fauch�s comme des �pis m�rs. Luba luttait contre deux
forcen�s. Au moment m�me un �pouvantable fracas se fit entendre; le sol
trembla sous nos pieds. C'�tait ma maison qui sautait. Presque en m�me
temps les flammes sortaient des communs; la paille et le bl� enferm�s
r�pandirent l'incendie avec une rapidit� terrible. Nos adversaires
s'�taient jet�s �perdus la face contre terre ou fuyaient dans toutes les
directions. Nous nous esquiv�mes heureusement. Mes deux chiens m'avaient
d'abord suivi, mais lorsque l'�pouvantable d�tonation se fit entendre
et que l'on put croire que la terre se fendait, je perdis l'un d'eux;
l'autre resta. Nous travers�mes les champs, et, ayant atteint la for�t,
nous pr�mes un �troit sentier que je connaissais bien. Au bout d'une
heure environ, nous �tions sur une colline, d'o� l'on jouissait d'une
vue �tendue. A nos pieds s'�tendait le monde maudit, comme un s�pulcre
au fond duquel br�lait ma seigneurie en guise de torche fun�bre. Nous
nous arr�t�mes tout juste assez pour reprendre haleine. Que nous
importait le monde d�sormais? Notre chemin conduisait au d�sert.
V
�Ce fut dans la nuit du 9 octobre que nous commen��mes un voyage qui
devait durer six jours ou plut�t six nuits. L'automne �tait d'une
splendeur extraordinaire, et � midi le soleil piquait comme en �t�; nous
�tions trop lourdement charg�s pour pouvoir affronter la chaleur; et
puis, nous craignions d'�tre d�couverts. Pour ces raisons, nous nous
cachions le jour dans la paisible obscurit� de la for�t, et reprenions
la nuit notre marche � la lueur des �toiles. Le ma�s ou les pommes de
terre qu'il nous arrivait de rencontrer servaient � notre nourriture, le
chien-loup qui nous avait suivis veillait sur notre sommeil.
�Dans la matin�e du cinqui�me jour, apr�s avoir travers� la plaine et
franchi des collines aux pentes douces, nous aper�mes les Karpathes qui
s'�levaient vers le ciel comme une fum�e bleu�tre. La m�me nuit, nous
p�n�tr�mes dans leur enceinte sacr�e. Le chemin �tait rude, entrecoup�
de racines, de buissons, de pierres et de ruisseaux. Vers minuit,
nous descend�mes dans une vall�e cultiv�e, � travers un village de
Houzoules[10]. En me baissant pr�s d'une fontaine pour boire, je
remarquai un objet qui brillait sous la lune: c'�tait une hache laiss�e
sur une bille de bois. Je la pris et mis � sa place les quarante
kreutzers qui restaient dans ma poche.
[Note 10: Les Houzoules m�nent, comme les Cosaques, un genre de vie
purement pastoral et guerrier; ils forment une population � part.]
�Lorsque le soleil se leva lentement, comme avec effort, au-dessus
des rochers surmont�s de bois superbes, nous �tions saufs. La for�t
primitive nous avait accueillis; autour de nous s'�tendait la solitude
sans route fray�e, silencieuse comme la mort. Nous nous trouvions sur
l'un des points les plus m�ridionaux de la Gallicie qui s'enfonce � cet
endroit entre la Hongrie et la Bukowine. En Hongrie r�gnaient un autre
gouvernement et d'autres lois. Nous pouvions donc, si un nouveau p�ril
venait nous menacer, imiter les haydamaks qui cherchaient refuge en
Hongrie lorsqu'on les poursuivait dans leur pays, et qui franchissaient
de nouveau les poteaux noirs et jaunes de la fronti�re aussit�t que les
pandours �taient sur leurs traces. A l'abri des ch�nes s�culaires qui
ombrageaient un �pais tapis de mousse, nous go�t�mes jusqu'� midi un
sommeil paisible pour la premi�re fois, car nous avions laiss� le
danger derri�re nous. Au r�veil, apr�s avoir d�jeun� de noisettes et
de myrtilles, nous continu�mes notre marche. Il fallait gravir des
escarpements abruptes, des rochers glissants, et passer quelquefois d'un
arbre � l'autre, dans les endroits o� le terrain �tait impraticable.
�Avant le coucher du soleil, nous avions gagn� la cime plate d'une
grande montagne bois�e. Soudain un �difice immense se dressa devant nous
au-dessus des sapins noirs; on e�t dit un palais tout en or. Lorsque les
rayons trompeurs du soleil commenc�rent � s'�teindre, il nous sembla
voir des ruines colossales perdues au milieu de la for�t. Aucun oiseau
ne chantait, aucun papillon ne voltigeait dans l'air limpide. Les ch�nes
gigantesques formaient des vo�tes sombres comme celles d'une cath�drale;
ils s'entrem�laient � de sveltes bouleaux v�tus de satin blanc comme des
fianc�es; une noire muraille de sapins environnait le tout; � nos pieds
s'ouvrait un ravin qui s�parait deux montagnes. L'une de ces montagnes
n'�tait qu'une noire pyramide de sapins, l'autre portait les ruines qui
avaient attir� notre attention; toute la profondeur semblait remplie
de framboisiers, de gen�vriers, de noisetiers, de gentianes et de
v�roniques; on entendait le murmure d'une source; le chien descendit,
nous le suiv�mes. Sous une pente rocheuse jaillissaient des eaux
magnifiques.
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