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Page 75
IV
�En d�pit de mes amis et de mes domestiques, je n'aurais pas sombr�
comme je le fis si des fl�aux successifs ne se fussent appesantis sur
mes terres. Elles furent ravag�es par certain nuage noir, un nuage de
sauterelles, plus qu'elles ne l'eussent �t� par la gr�le. La m�me ann�e,
un incendie d�vora nos for�ts. Avec l'aide des paysans on put le cerner,
lui imposer des limites � grands coups de hache; une grosse pluie vint
aussi � notre secours, mais la perte n�anmoins �tait consid�rable.
Pendant le rude hiver qui suivit, des loups d�cim�rent mes troupeaux. Je
prenais philosophiquement mon parti; Luba riait de tout et elle effa�ait
par un baiser chaque pli soucieux de mon front, mais nous commencions �
vendre des champs. Un jour que je revenais de Kolomea, o� s'�tait sign�
le march�, avec six mille florins en poche, je fus attaqu� par cinq
Haydamaks[9] qui me d�valis�rent.
[Note 9: Brigands.]
�--Eh bien! dit Luba, mieux vaut avoir eu affaire � des voleurs qu'� des
meurtriers.
�L'intarissable enjouement de ma femme n'�tait autre que de la grandeur
d'�me. Son rire intr�pide �tait mon talisman contre la mauvaise fortune,
mais malgr� ce rire on nous enleva nos meubles. Je m'�tais adress� �
tous mes anciens amis, Luba avait implor� ma soeur, et le seul secours
qui nous vint fut celui d'un Juif, le _faktor_ Salomon. Nous f�mes des
r�formes, tardives peut-�tre; je n'ai pas la pr�tention d'avoir �t�
prudent ni sage. Les proc�s absorb�rent ce qu'avaient laiss� les
parasites; les saisies suivirent les proc�s; j'eus la douleur de voir
Salomon se mettre pour moi dans l'embarras. Bref, l'ex�cution finale
survint; je vous y ai fait assister et vous avez vu comment Urbanowitch,
Jadeski et les autres vinrent ensuite autour de moi fumer leurs cigares.
�--N'y a-t-il rien � boire ici? dit soudain Urbanowitch, chez qui la
soif �tait une maladie.
�--Si fait! r�pondit Luba.
�Elle courut au puits et lui rapporta un verre d'eau qu'il vida en la
regardant tristement.
�--Eh bien! me dit Jadeski de sa voix claire et insolente, qui sonnait
d�sagr�ablement dans l'adversit�, que comptes-tu faire maintenant que tu
n'as plus le sou?
�--Le prince Sapieha n'a-t-il pas besoin d'un intendant? hasarda
Urbanowitch.
�Le sang me monta au visage.
�--Bah! interrompit Jadeski en feignant de plaisanter, mais s�rieux
au fond, Basile n'est pas embarrass�; il a une jolie femme. Que ne
l'emm�ne-t-il � Lemberg, � Vienne, ou plut�t tout de suite � Paris?
�C'en �tait trop. Luba devint pourpre; elle ne rit pas cette fois, des
larmes jaillirent de ses yeux:
�--Par le Christ! m'�criai-je.
�Les paroles s'�trangl�rent dans mon gosier, mais je saisis Jadeski et
le secouai avec violence.
�--Sortez de chez moi, fils de pa�ens, oiseaux de potence!... je n'ai
plus rien � vous donner...
�--Le malheureux a perdu l'esprit, s'�cria Gadomski.
�--Il y a vente ici et nous sommes les acheteurs, dit Jadeski en se
rasseyant.
�--Non, il n'y a plus rien � vendre; sortez, ou je l�che les chiens!
�Luba courut d�cha�ner les deux chiens-loups qui s'�lanc�rent en
aboyant, ce qui suffit � mettre nos amis en d�route. Sans perdre de
temps � regagner leurs chevaux ou leurs voitures, ils se dispers�rent,
les chiens, excit�s par Luba, s'acharnant � leurs talons.
�--�coute, dis-je brusquement � ma femme, je suis � bout de r�signation.
On nous a tout pris, mais je ne c�derai pas du moins � ces coquins les
vieilles pierres de la maison paternelle. On me tuera d'abord.
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