Le legs de Caïn by Leopold Ritter von Sacher-Masoch


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Page 72

�--Je te plains, mon ami, soupirait-il.

�--Pourquoi donc?

�--Tu es un noble cour, mais ta femme...

�--Qu'as-tu � dire contre elle?

�--Oh! rien!... l'ensemble de sa personne ne me pla�t pas... et puis
elle rit toujours.

�Urbanowitch, en revanche, jetait sur Luba les regards qu'un voleur peut
jeter sur le tr�sor qu'il convoite. J'ignore o� passait l'argent de
celui-l�, mais il empruntait � tout le monde et � moi de pr�f�rence.

�G�d�on, un ancien officier tr�s-aimable, ne parlait jamais d'argent; il
imita toutefois ma signature si habilement, sur une lettre de change,
que je fus forc� de la reconna�tre pour le sauver de l'infamie. Je dois
dire qu'il se montra reconnaissant: il s'effor�a de dissiper ma femme et
de me dresser aux belles mani�res. Nous avions l� un mentor tr�s z�l�;
mon bonheur conjugal surtout semblait le pr�occuper:

�--Cher ami, s'�criait-il, comment diable traites-tu ta femme?...--Et si
je m'�tonnais:

�--Tu fais fausse route, reprenait-il, absolument fausse route. Une
femme demande � �tre �tudi�e; mais toi, tu laisses tout aller sans
r�fl�chir; � la fin tu d�couvriras des choses... tu ne sais pas,
malheureux, quelle charmante femme tu as!...

�Tels �taient mes amis, et tous ensemble se moquaient de moi quand
j'avais le dos tourn�, colportant sur mon compte de mensong�res
anecdotes comme n'en ont jamais invent� mes plus grands ennemis, non,
pas m�me ma soeur. En outre ils me rapportaient, avec une sinc�rit�
parfaite, tout ce que le monde pouvait dire de d�sobligeant � mon sujet.
Un jour,--encore � la chasse,--Jadezki me dit brusquement:

�--Eh bien! quand je t'avertissais!... Ta femme... G�d�on lui fait la
cour et n'est pas trop rebut�. Auras-tu confiance en moi, maintenant?

�--Je dirai, r�pondis-je, que tu calomnies ma femme, et je te d�fendrai
de recommencer!

�--Mais, grand Dieu! ce n'est pas moi qui parle, c'est la rumeur
publique qui veut que ce fanfaron plaise � ta femme!

�Vous connaissez maintenant mes amis, ces bons amis auxquels je me
sacrifiais, pour qui j'aurais donn� le sang de mon coeur! Ah! mon Dieu,
pourquoi donc as-tu cr�� le monde s'il n'�tait pas possible de le faire
meilleur?

�Mon vieux Salomon me donnait des conseils.

�--Cela finira mal, disait-il.

�Luba s'amusa d'abord des indiscr�tions de nos h�tes; quand ils
jouaient, buvaient et chantaient jour et nuit dans la maison, ne me
laissant pas un coin o� je pusse me r�fugier avec elle, la m�chante
venait s'�tendre sur le divan, � mes c�t�s, en me regardant avec une
malicieuse tendresse entre ses paupi�res demi-closes, car elle voyait
bien que j'�tais au supplice.

�Par la suite, elle prit les choses plus s�rieusement:

�--Tu es trop bon, me disait-elle; la bont�, en certaines circonstances,
peut �tre un d�faut aussi bien que l'avarice et la duret�. Nous nous
ruinerons, et ces gens-l� ne sauront pas nous rendre ce que nous faisons
pour eux.

�Je d�fendis mes amis; nous faill�mes nous quereller.

�--Tu ne me crois pas! dit Luba. Eh bien! je te prouverai que chacun
d'eux est dispos� � te trahir. D�signe celui que je dois d�masquer.

�--Tu �pargneras bien au moins G�d�on, m'�criai-je pour l'�prouver, car
les calomnies de Jadeski m'�taient rest�es en t�te, bien que je n'eusse
jamais dout� de ma Luba.

�--Je n'en �pargnerai aucun, r�pondit-elle; c'est donc G�d�on qui va
servir d'exemple.

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Books | Photos | Paul Mutton | Thu 25th Dec 2025, 10:59