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Page 7
--Et vous l'aimez, par cons�quent?
--Mon Dieu! dit l'�tranger avec un sourire, en jetant du sucre dans une
tasse que lui apportait la servante, nous nous supportons!
Il se fit un silence, pendant lequel la porte grin�a piteusement sur ses
gonds, pour livrer passage � un nouvel h�te. Coiff� d'un bonnet gris,
envelopp� dans son manteau de voyage, il grondait le domestique qui
portait ses bagages. R�pondant avec hauteur � l'humble accueil de
l'aubergiste juif, il se jeta sur le vieux canap�, puis se mit �
examiner ses voisins. Warwara reconnut le baron Bromirski; il la
reconnut aussi et souleva son bonnet, mais elle n'eut pour lui qu'un
regard d�daigneux. Le vieux fat parut courrouc� de cette indiff�rence;
il se tourna brusquement vers son domestique et lui demanda sa pipe
turque.
--Vraiment, vous �tes mari�? r�p�ta Warwara, s'adressant � l'�tranger.
Mais pourquoi ne pas vous asseoir? ajouta-t-elle, lorsqu'elle eut
remarqu� qu'il restait debout comme un serviteur.
Il s'inclina respectueusement et prit place en face d'elle, ce qui lui
fit tourner le dos au vieux Bromirski, puis, r�pondant � la premi�re
question de Warwara, tendit vers elle une belle main tr�s-soign�e:
--Voyez mes cha�nes.
--Oh! ces cha�nes-l� sont faciles � rompre, dit en riant la jeune fille,
surtout chez nous, o� les plus fid�les vivent s�par�s de leur seconde
femme...
Elle retira cependant de son doigt l'anneau nuptial avec un soupir �
demi moqueur, le fit glisser sur le sien, puis le rendit lentement au
jeune homme, qui rougit de nouveau. Ils caus�rent comme causent des gens
qui ne se connaissent pas. Peu leur importaient les paroles sorties
de leurs l�vres; la musique de leurs voix confondues suffisait � les
enivrer. L'�tranger s'amusait � faire danser la flamme bleue du punch;
Warwara broyait dans sa main des sucreries dont elle r�pandait les
miettes sur la nappe; bient�t elle s'aper�ut qu'il ramassait ces miettes
pour les porter � ses l�vres, et une secr�te joie l'envahit, car
elle avait compris qu'elle produisait sur lui quelque impression.
Interrompant ce jeu, elle passa tout � coup � un autre, qui consistait
� p�trir des boulettes de mie de pain et � les lancer dans toutes les
directions. Elle toucha le front du juif, qui secoua ses boucles noires
en regardant autour de lui d'un air �tonn�; elle tira sur le chien qui
dormait sous le buffet; elle fit sonner les vitres et inqui�ta une
multitude de mouches coll�es sur le chandelier comme des grains de
raisin sec.
--Pourquoi ne me prenez-vous pas pour cible? demanda en riant
l'�tranger.
Elle ne se le fit pas dire deux fois; mais lui, se d�robant � la gr�le
qui l'atteignait, vint saisir ses deux mains agressives. Warwara parut
offens�e.
--Si j'ai manqu� au respect que je vous dois, dit-il en reculant d'un
pas, punissez votre esclave.
Elle �clata de rire et le frappa au visage d'une de ses tresses qui
s'�tait d�tach�e.
--Les magnifiques cheveux! s'�cria le jeune homme.
--Vous ne devez pas faire de ces remarques-l�, monsieur... un homme
mari�...!
--J'ai cependant le droit de baiser la verge, dit-il.
Et avant qu'elle e�t compris, il avait press� la tresse blonde contre
ses l�vres.
Rien n'irrite davantage un homme que de passer inaper�u aux yeux d'une
femme qui en m�me temps re�oit et encourage les hommages d'un autre. Si
Warwara avait eu l'intention d'ensorceler le baron, elle n'e�t pu s'y
prendre mieux.
Bromirski souffla quelques bouff�es formidables de sa pipe turque, se
leva, se promena de long en large, s'approchant de plus en plus de la
table o� les deux jeunes gens �taient assis, puis s'�loignant avec
effroi. Enfin il se sentit assez ma�tre de lui pour dire � Warwara:
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