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Page 68
�Apr�s un silence, mon beau-p�re � son tour apporta le gobelet de
famille, en vieil argent repouss�, qui repr�sentait un l�opard sautant,
y versa deux bouteilles de tokay et fit circuler solennellement ce
pr�cieux breuvage.
�Le bal dura jusqu'au matin; il commen�a par une grande polonaise, qu'un
danseur �m�rite conduisit par toutes les chambres de la maison,
en montant et descendant les divers escaliers; puis ce furent des
mazourkes, des cosaques, des kolomikas. A la fin, on pla�a un si�ge au
milieu du salon. Luba y prit place, et ses amies, lui �tant la couronne
de myrte et d�tachant ses cheveux, chant�rent la plainte nuptiale:
�H�las! Luba, c'est donc fini! Il faut nous s�parer...�
�Tout le monde �tait �mu, et Luba cachait son visage dans son mouchoir
avec des tressaillements qui nous firent croire qu'elle sanglotait;
mais, lorsque sa m�re l'eut coiff�e du bonnet, elle bondit gaiement
en l'air, et elle dansa encore avec tous, m�me avec mon vieux Salomon
Zanderer, qui se d�fendait en d�sesp�r�, faisant par toute la salle des
sauts de bouc inconcevables.
�Les femmes prirent Luba au milieu d'elles et l'emmen�rent. Elle
n'affecta pas la mine vulgaire d'un agneau qu'on tra�ne au sacrifice;
non, je l'entendais encore rire de loin; c'�tait comme le gazouillement
d'une alouette qui monte vers le ciel.
�Lorsque j'entrai dans sa chambre, elle �tait seule, pelotonn�e sur un
divan turc tr�s-bas et roul�e dans sa kazaba�ka de velours cramoisi.
La fourrure noire dont celle-ci �tait doubl�e s'attachait � ce corps
svelte, et je voyais sa poitrine �mue se soulever. Sous son bonnet de
jeune matrone, elle me parut si imposante, que je n'osai avancer d'un
pas; plus ma confusion augmentait, plus elle riait de moi. Je fermai
les rideaux, j'�teignis les bougies, sauf une seule, pour les rallumer
toutes l'instant d'apr�s; j'attisai le feu, je regardai la pendule.
�--Qu'as-tu donc? me dit-elle. M'aimes-tu? Es-tu content?
�--Tu es trop belle, lui dis-je, trop grande, trop noble, trop parfaite
pour moi...
�Comment cette reine qui me faisait peur redevint ma bonne, ma franche,
ma gentille petite Luba, je ne le dirai � personne. Quand je l'enlevai
dans mes bras, j'aurais aim� la porter ainsi � travers la neige et la
temp�te jusque dans ma maison.
�Le lendemain, elle y entra triomphante. Elle ne riait plus; un fier
sourire tout f�minin et vraiment irr�sistible avait remplac� les acc�s
d'exub�rante gaiet� de la petite folle. Des larmes coul�rent � l'heure
des adieux, des mouchoirs furent longuement agit�s, tandis que nous nous
envolions au milieu du clair tintement des clochettes. Quatre grands
tra�neaux suivaient le n�tre, portant le trousseau de Luba.
�Sur les confins de ma terre, les paysans nous attendaient avec du pain
et du sel. Le juge nous aborda en criant:
�--Longues ann�es au seigneur et � son �pouse!
�--Qu'ils vivent cent ans! r�pliqua la foule.
�Devant la maison se tenaient mes vieux serviteurs. J'enlevai Luba hors
du tra�neau et aussit�t tous se jet�rent � genoux pour baiser qui sa
pelisse, qui l'ourlet de sa robe. Je vis qu'elle leur plaisait. Le
cocher fut charg�, par droit d'anciennet�, d'apporter � Luba les cl�s
sur un coussin. La vieille maison solitaire avait de nouveau une
ma�tresse, et quelle ma�tresse!...�
II
Basile Hymen se leva, fit quelques pas dans la chambre, chargea sa pipe
de ce tabac jaune de Zigeth, cher � nos montagnards, l'alluma avec
pr�caution, puis, apr�s en avoir tir� plusieurs bouff�es vigoureuses qui
firent monter au plafond un nuage bleu�tre, il reprit son ancienne place
et nous regarda l'un apr�s l'autre. Le tonnerre grondait toujours:
--O� en �tais-je? demanda-t-il.
--A la vente de vos biens, dit notre h�te.
--Au moment, interrompis-je, o� votre femme s'�tablissait en ma�tresse
dans sa nouvelle demeure.
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