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Page 66
[Note 8: L'ondine russe.]
M�me quand Luba se tait, sa pr�sence est r�v�l�e par des frissons
d'�toffe, des cliquetis, des froufrous, de petits bruissements qui lui
sont particuliers; on dirait toujours que son corps agile et bondissant
veut forcer les entraves qui l'�treignent. Sa robe, son collier, sa
pantoufle, tout ce qui fait partie de sa p�tulante personne, babille
incessamment. Elle pose la samovar sur la table, me pr�pare du th�
qu'elle go�te dans ma tasse, la tra�tresse!--puis je vais me coucher;
mais soudain mille piq�res m'avertissent que des orties ont �t� sem�es
dans mon lit! A peine me suis-je d�barrass� des orties qu'un essaim
de hannetons bourdonne � travers ma chambre, et le lendemain Luba me
demande d'un air hypocrite si j'ai bien dormi. Nous passons la journ�e
� nous disputer sur ce sujet:--La lune est-elle habit�e comme la terre,
oui ou non?--Rentr� chez moi, je suis �veill� � minuit par un
Cosaque qui m'apporte une lettre de Luba. Je l'ouvre avec un m�lange
d'inqui�tude et de transports; qu'est-ce que j'y lis?
�Je pr�tends et je d�cide que la lune est habit�e.�
�Les folies de Luba m'impatientaient, m'irritaient, et je l'aimais de
plus en plus; la jalousie contribuait bien un peu � me faire perdre
la t�te. Deux riches gentilshommes, Pan Krymski et Pan Sinakiewitch,
fr�quentaient assid�ment la seigneurie; tout en faisant la cour � Luba,
ils me regardaient d'un air assez d�daigneux. Je n'�tais, aupr�s d'eux,
qu'un pauvre diable.
�Un jour, j'entendis la m�re de Luba exhorter cette derni�re � se
prononcer en faveur de Krymski. C'�tait au mois de juin. Quelque temps
apr�s, nous nous trouv�mes, la jeune fille et moi, assis, par une soir�e
br�lante, sur la lisi�re des bois voisins. J'avais cueilli pour ma
bien-aim�e des bluets et des coquelicots dont elle parait ses cheveux
noirs. La nuit tomb�e, nous v�mes luire dans tous les buissons quelque
chose de brillant comme des diamants dispers�s, et mille �tincelles
voltig�rent dans l'air.
�--Ah! les belles lucioles! s'�cria Luba.
�Ses yeux �tincelaient comme les lucioles elles-m�mes. Elle prit un ver
luisant, le posa sur sa main pour l'examiner, puis dans ses cheveux.
J'en ajoutai un second, d'autres encore, jusqu'� ce que sa petite t�te
f�t entour�e d'une flamboyante aur�ole.
�--Suis-je belle, maintenant? me demanda-t-elle.
�--Sans doute, lui r�pondis-je, les diamants vous iront mieux encore.
�--Quels diamants?
�--Ceux de Pan Krymsy, le jour de vos fian�ailles...
�Elle ne me laissa pas achever; un �clat de rire railleur et affectueux
� la fois me coupa la parole:
�--Non... �tre si aveugle!... r�p�tait-elle.
�Et, en sautant, elle attrapa une branche dont elle se servit pour me
frapper lestement au visage...
�Mais o� donc suis-je? J'oublie la vente qui s'ach�ve autour de moi.
Luba vient de me pousser le coude. Les Juifs sont en train de se
disputer une vieille kazaba�ka que je reconnais: un nouveau tableau de
la lanterne magique passe sous mes yeux.
�C'est l'automne. Je suis debout devant Luba, et je lui tiens un
�cheveau de fil. Tout � coup elle frissonne:
�--Comment, dit-elle, il fait d�j� froid!
�Sa kasaba�ka est sur un meuble; je cours galamment la chercher; mais
Miki, endormi comme un sultan dans une des manches fourr�es, s'�lance
dehors aussit�t et me mord avec rage de ses petites dents qui piquent
comme deux rang�es d'aiguilles. Je fais un bond, je secoue mon doigt
ensanglant�, Luba rit. Me voici furieux:
�--Ne riez pas; si vous continuez de rire, je ne sais ce qui
arrivera!...
�--Et pourquoi ne rirais-je pas? r�pond-elle, en se glissant comme un
serpent frileux dans la chaude fourrure. Il faut bien que je rie, vous
�tes si dr�le!
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