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Page 53
--�chec et mat! pronon�a-t-elle.
Notre partie �tait termin�e. Alors elle se tourna vers Z�nobius,
toujours � ses pieds:
--Je serai votre femme, lui dit-elle, mais ne tuez pas le chien, car il
serait aussi absurde de repousser l'argent que de s'en faire l'esclave.
Ainsi Mika trouva gr�ce devant la blonde Cl�opha, qui, un mois plus
tard, entrait en ma�tresse � la seigneurie, le petit chien du presbyt�re
sur ses talons. Ce chien vif, espi�gle, toujours fr�tillant, bondissant,
avait vraiment le diable au corps; je n'en vis jamais de plus dr�le ni
de plus aimable. Il fit ce que toute l'�nergie et toute la sagesse de
Cl�opha n'auraient pas su accomplir peut-�tre. Il rel�gua les m�decins
dans l'ombre, il sauva la vie de Mika. Celle-ci accueillit d'abord ses
avances d'un air boudeur; mais, � la fin de la premi�re journ�e, les
deux chiens s'�battaient comme de vieux camarades � travers les jardins.
L'exercice rendit � Mika l'app�tit que doit avoir un chien bien portant
et m�me la taille svelte qu'il ne semblait pas qu'elle p�t jamais
recouvrer. Elle devint m�re de famille et acquit tout naturellement les
qualit�s que ce titre comporte. Je suppose qu'elle vit encore.
BASILE HYMEN
I
Nous �tions tous deux fatigu�s, moi et mon chien; il me suivait
lentement, la langue pendante, la queue rentr�e entre les jambes.
Voici donc une for�t! Qui pourrait r�sister � sa fra�cheur d�licieuse?
J'appuie mon fusil contre le tronc d'un ch�ne, et je m'�tends � l'ombre,
sur l'herbe �paisse. Mon chien se laisse tomber aupr�s de moi; il n'en
peut plus! L'apr�s-midi a �t� si chaude, si accablante! Depuis le matin,
nous battons les champs, les bois, les buissons, toute la contr�e, sans
autre butin que deux b�casses, et nous sommes �gar�s!... Enfin, il y a
l� cependant devant nous un petit village,--un village dans les environs
duquel je n'ai jamais chass�. Quel effort il faudra encore pour
l'atteindre!... Le soleil br�le toute la campagne; les gros nuages noirs
semblent pr�ts � se laisser tomber comme autant de poids �normes qui
�craseront les �pis m�rs, d�j� courb�s vers la terre; au del� des
moissons ruisselantes d'or, la grande prairie est s�che comme si elle
avait pass� l'ann�e dans un herbier; les chevaux paissent couch�s; de
loin en loin, � de rares intervalles, tinte faiblement une clochette. La
fum�e elle-m�me ne s'�l�ve qu'avec lenteur au-dessus des chemin�es du
village. Elle ne monte pas; elle s'arr�te, comme pour s'y reposer sur
les toits de chaume noircis. Sous une haie vive dort un jeune gar�on
v�tu de toile, pieds nus, le visage contre terre, et dans le ruisseau
qui coule lentement pr�s du village se baignent de petits paysans. Ils
barbotent, jettent des cris, �clatent de rire; c'est le seul bruit qui
rompe ce morne silence. Derri�re moi, la for�t sommeille immobile;
seules, les feuilles d'argent d'un tremble �lanc� chuchotent
entre elles: on dirait des coeurs palpitants qui fr�missent et
s'entre-choquent. Aucun oiseau ne se fait entendre; mais les mouches
bourdonnent en revanche, et les papillons, voguant sur les ondes de
l'air embras�, se poursuivent avec mille jeux fol�tres. Au-dessus de
moi planent des cigognes; � peine paraissent-elles grosses comme des
hirondelles. Quelle bonne odeur de foin frais coup�! Mais, de plus en
plus, les nuages s'amoncellent, et le ciel s'assombrit.
--Je crois, dis-je � mon chien, que nous aurons de l'orage.
Il me comprit. Les animaux nous entendent souvent mieux que les hommes.
Se levant, il battit la terre du superbe panache de sa queue. Je jetai
mon fusil sur mon �paule et me dirigeai vers le village. Il �tait trop
tard: d�j� avait souffl� ce coup de vent imp�tueux qui am�ne la
pluie. Des pyramides de poussi�re soulev�es entre le ciel et la terre
sembl�rent �tayer la vo�te sombre; les ondes jaunes du bl� se bris�rent
contre la for�t comme une mer agit�e, le tonnerre gronda, on e�t dit
qu'un drap noir descendait du firmament pour s'�tendre sur le monde et
le cacher. Puis un �clair d�chira ces t�n�bres comme si les portes du
ciel �taient forc�es soudain; par la crevasse b�ante jaillit l'�ternelle
lumi�re qui �blouit nos yeux. Depuis quelques secondes, de larges
gouttes d'eau brillaient sur les feuilles. Tant�t la campagne semblait
illumin�e par des feux de Bengale, tant�t elle s'effa�ait dans la nuit.
Un �clair, un roulement prolong� se succ�daient avec pr�cipitation;
le vent hurlait comme une meute de loups, et maintenant tombaient des
torrents de pluie, fouettant les arbres charg�s de fruits et les �pis
bris�s. Je courais... Le ciel s'�claircit peu � peu et changea de
couleur: rouge tout � l'heure, il devint jaune clair, pour passer de l�
au violet fonc�. La pluie faisait songer � un rideau gris illumin� par
derri�re; sous mes pieds se formaient des ruisselets rapides; dans l'air
flottait une odeur �trange, comme si le soleil e�t �t� une grande torche
de r�sine secouant sa fum�e autour d'elle. Les saules, au bord de l'eau
�cumante, g�missaient comme si l'ouragan e�t �veill� leurs �mes. Au
milieu d'un p�tillement pareil � celui de la fusillade pendant le
combat, je me jetai, sans en demander la permission, dans la premi�re
maison venue, si brusquement que je renversai presque un homme debout
sur le pas de la porte. Nous nous secou�mes � l'envi mon chien et moi;
je posai mon fusil dans un coin et m'approchai de l'�tre, o� flambait un
bon feu.
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