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Page 5
--A quoi te sert la beaut� que Dieu t'a donn�e? disait madame Gondola
interpellant sa fille.
--Soyez s�re que j'en tirerai bon parti, maman, avec l'aide d'un autre
don du bon Dieu que je me pique de poss�der: l'esprit.
--Songe donc, en ce cas, � la triste situation de ta m�re!
Et madame Gondola s'en allait, avec un sanglot � demi �touff�, vaquer
aux soins du m�nage; le soir, elle se d�lassait en tirant les cartes.
Cependant Warwara lisait des drames � haute voix.
--Quelle id�e de perdre ton temps en lectures inutiles et de crier de
fa�on � faire croire aux voisins que nous nous disputons?
--Je ne suis pas femme � perdre mon temps; j'apprends des r�les, parce
que je compte entrer au th��tre.
--Toi, ma fille, une com�dienne!...
--Cela vaut mieux que d'�tre courtisane. Ma r�solution est prise, et tu
sais que je ne renonce jamais � un projet. Tout sourit aux com�diennes;
leur opulence �gale celle des vraies princesses.
Madame Gondola se mit en col�re. Depuis lors, il y eut entre ces deux
femmes de violentes et continuelles discussions. Warwara fut vite � bout
de patience.
--J'en ai assez, dit-elle brusquement un jour; je ne resterai pas une
heure de plus dans ce taudis.
--Qu'est-ce qui t'arr�te? r�pliqua la m�re; je ne te retiens pas; seule,
je vivrai plus tranquille!
Sans ajouter un mot, Warwara commen�a ses emballages. Apr�s l'avoir
laiss�e faire quelque temps, madame Gondola vint regarder la petite
malle qu'elle avait tra�n�e dans le vestibule.
--Tu ne pourras te pr�senter nulle part, murmura-t-elle; tu n'as pas de
quoi te v�tir.
--J'ai ce qu'il me faut.
--Tu avais des robes, et tu me les cachais!
--Fallait-il les laisser prendre aux huissiers?
--Mais nous les aurions vendues! Comment! tu ne partages pas tout avec
ta pauvre m�re qui te nourrit? Voil� bien les enfants, sans tendresse,
sans reconnaissance!..
--�coute donc, maman! et d'abord laisse-moi rire. Je n'aurais rien
du tout si je n'avais pas pris le soin de faire dispara�tre sous une
planche du grenier deux de mes robes de soie et ton manteau de velours.
--Quoi! mon manteau!
Madame Gondola se jeta sur la malle et tira le v�tement par un bout,
tandis que sa fille le retenait par un autre. Ce fut entre ces deux
m�g�res une querelle de chattes en fureur; elles criaient, crachaient,
griffaient � l'envi. Enfin la plus vieille perdit haleine:
--Garde-le donc! va-t'en comme une voleuse! Tu es libre!
Warwara remit le manteau dans la malle, qu'elle ferma, puis elle secoua
une petite bourse devant le visage de sa m�re:
--Vois-tu, j'ai aussi de l'argent!
Madame Gondola tomba �vanouie; sa fille sortit, en qu�te de quelque
moyen de transport. Apr�s avoir longuement marchand� avec un juif qui se
rendait � Lemberg, elle rentra chez elle et, appuy�e contre la fen�tre,
attendit le passage de la _butka_.
Madame Gondola, revenue de sa syncope, �tait en train de chercher la
bonne aventure dans les cartes; tout � coup, elle dit d'une voix adoucie
et en ayant recours aux cajoleries du diminutif:
--Warwarouschka, pourquoi le th��tre? Un beau mariage t'attend.
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