Le legs de Caïn by Leopold Ritter von Sacher-Masoch


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Page 49


XIII

Il semblait que Warwara e�t �t� avertie par quelque pressentiment de
sa fin prochaine, car, vers la fin de cet automne-l�, elle tomba
s�rieusement malade pour la premi�re fois. Les soins du m�decin de sa
maison et des deux docteurs appel�s en toute h�te de Kolomea ne lui
parurent pas suffisants; elle fit venir Z�nobius pr�s de son lit et lui
dit tout bas:

--Ces sots m'assassineront; prends les chevaux et va-t'en vite �
Lemberg. Je n'ai confiance qu'en toi. Ram�ne le meilleur m�decin. Je
payerai... oui, je payerai tout; mais ne perds pas une seconde, et
surtout garde-toi de rien dire...

Elle d�signa Hermine d'un mouvement des paupi�res.

Z�nobius partit aussit�t pour Lemberg; mais, le soir m�me, l'�tat de la
malade s'aggrava sensiblement. Vers minuit, Hermine, �tant seule avec
sa ma�tresse assoupie, la secoua de fa�on � l'�veiller et lui cria dans
l'oreille:

--Avez-vous fait un testament?

La baronne ne parut pas comprendre.

--Avez-vous fait votre testament? r�p�ta imp�rieusement Hermine.

--Mon testament? murmura la baronne d'une voix �teinte, � quoi bon? Je
ne mourrai pas de si t�t.

--Il faut que vous en fassiez un... et tout de suite, entendez-vous!
reprit Hermine, la for�ant � s'asseoir sur son lit.

--Non! dit Warwara avec une derni�re �nergie, et je te d�fends de me
parler de la mort.

--Vous aurais-je donc sacrifi� inutilement toute ma jeunesse? s'�cria la
boh�mienne. Cela ne se peut pas!... Prenez cette plume, prenez...

--Veux-tu m'assassiner?

--Ce n'est pas la peine. Vous mourrez sans cela.

--Oh! mis�rable ingrate! monstre que tu es!...

Les mains de la baronne se crisp�rent autour du cou d'Hermine, qui
crut un instant qu'elle allait l'�trangler; mais, � force de coups, la
cam�riste se d�livra de cette �treinte furieuse:

--Oui, vous mourrez! dit-elle aussit�t qu'elle eut r�ussi � reprendre sa
respiration, vous mourrez, malgr� tout, et, � la derni�re heure, il n'y
aura pas � votre chevet un seul �tre qui vous aime, car moi aussi je
vous abhorre.

Hermine, apr�s cette d�claration, n'avait plus de m�nagements � garder;
elle prit les clefs que la baronne cachait sous son oreiller et chercha
le testament dans les coins les plus secrets. Warwara s'effor�ait en
vain de se lever, elle se d�battait, elle appelait et personne ne
r�pondait � ses cris. Au matin, Hermine n'avait pas encore trouv� le
testament, mais elle s'�tait empar�e de tout ce qui dans la seigneurie
pouvait avoir quelque valeur: bijoux, papiers pr�cieux, objets de
garde-robe.

Apr�s avoir mille fois maudit la voleuse, Warwara s'�tait tourn�e du
c�t� du mur et fermait les yeux. Lorsque son m�decin vint lui faire
sa visite ordinaire, elle le supplia d'avoir piti� d'elle, de tra�ner
Hermine en justice. Le m�decin, croyant aux divagations de la fi�vre,
promit tout ce qu'elle voulut, quitte � ne rien faire. Vivante ou morte,
cette malheureuse femme �tait abandonn�e aux mains de sa servante, qui
restait la v�ritable ma�tresse de Separowze.

Deux jours se pass�rent ainsi, jours d'angoisse pour elle. Spectatrice
du pillage qu'elle ne pouvait emp�cher, Warwara ne sentait pas aupr�s
d'elle, comme l'avait pr�dit Hermine, une seule personne qui lui f�t
d�vou�e. Sous pr�texte de la veiller, Piotre et Martschine jouaient aux
cartes au milieu de la chambre, en buvant le meilleur vin de la cave et
en fumant leur pipe.

--Pourquoi nous en priver, disait Martschine, puisqu'elle doit mourir?

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Books | Photos | Paul Mutton | Tue 23rd Dec 2025, 6:18