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Page 48
XII
Deux billets �l�gants, d'une grande �criture nette, presque virile, nous
avaient invit�s, M. Kmietowitch et moi, � nous rendre chez la baronne le
m�me jour et � la m�me heure. J'allai donc chercher le pr�tre, et nous
entr�mes ensemble dans la cour de la seigneurie, pour y �tre t�moins
d'une sc�ne vraiment bizarre. Warwara, assise � une fen�tre ouverte du
rez-de-chauss�e, un grand livre d'heures � la main, r�citait tout haut
les litanies de la sainte Vierge, en s'interrompant de temps � autre
pour gourmander ses gens occup�s dehors � divers services:
--H�! Martschine! les oies sont au verger!... �Tr�ne de la sagesse,
priez pour nous...�--Mon Dieu! Hermine, qu'as-tu donc cass�?... �Secours
des p�cheurs, priez pour nous...�--Bon, voil� que la sauce br�le... Je
la sens d'ici!
Et elle appelait la cuisini�re:
--Maudite coquine! la sauce est br�l�e. �Reine des anges, priez pour
nous!�
Et ainsi de suite. Enfin elle nous aper�ut. Mika poussa un aboiement
fr�n�tique et saisit entre ses dents aigu�s le manteau du pr�tre, sans
se laisser d�sarmer par les flatteries de ce dernier.
--Mika! criait la baronne, Mika! m�chante b�te!
Elle nous fit entrer et, sans perdre un instant, nous conduisit dans une
pi�ce �cart�e o� jamais elle ne recevait de visites. Arriv�e l�, elle
ferma soigneusement la porte � clef, apr�s s'�tre bien assur�e que
personne ne pouvait entendre.
--Je vous remercie, nous dit-elle, d'avoir eu piti� d'une pauvre femme
abandonn�e. Il s'agit d'un secret, d'un grand secret, et je veux me
h�ter de vous le confier. Autrement, on nous d�rangerait... Vous savez,
Hermine... Oh! je suis bien malheureuse! Cette Hermine n'a pas de
conscience. Elle me tourmente dans l'esp�rance d'h�riter... C'est une
b�te f�roce, vous dis-je... Mais ses man�ges seront tromp�s. J'ai fait
mon testament. Je l'ai fait en double. Si je le cachais dans un meuble,
elle le d�couvrirait; elle forcerait le tiroir, et ma vie, messieurs, ne
serait plus en s�ret�. Cette ingrate cr�ature m'assassinerait de m�me si
je le donnais � un notaire. � cause de cela, je vous supplie de veiller
� l'ex�cution de mes derni�res volont�s. Tenez, prenez!
Elle tendit � chacun de nous une enveloppe cachet�e.
--Et s'il pla�t � Dieu de m'enlever de ce monde,--elle se mit �
pleurer,--ayez la bont� de remettre ce pli...
Elle ne pouvait plus parler, tant �tait profonde chez elle la piti� de
soi-m�me.
--Voyons, il n'y a pas lieu de craindre ni de s'affliger encore, dit
doucement le pr�tre.
--Non, n'est-ce pas? r�pliqua la baronne, essuyant ses larmes du revers
de la main; j'ai souvent entendu dire que les malades qui re�oivent les
sacrements ou qui font leur testament vivent encore longtemps apr�s. Le
croyez-vous? C'est que vraiment je ne veux pas encore mourir. Feu mon
grand-p�re avait atteint sa quatre-vingt-deuxi�me ann�e, et il est rest�
robuste jusqu'� la fin.
En ce moment, on frappa violemment � la porte.
--Qui est l�? demanda la baronne toute tremblante.
--Ouvrez! r�pondit la voix br�ve d'Hermine.
--Vous voyez! dit bien bas madame Bromirska.
Elle ouvrit, craintive, et Hermine entra aussit�t avec fracas.
--Des secrets, en v�rit�? Que se trame-t-il ici? Qu'avez-vous contre
moi?...
--Quelles id�es vas-tu te forger, ch�re Nuschka? r�pondit la baronne de
sa voix la plus caressante.
Et elle embrassa famili�rement celle que tout � l'heure elle appelait sa
mortelle ennemie.
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