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Page 46
--Pourquoi ne t'en vas-tu pas? dit enfin celle-ci, pourquoi me regarder
de cet air ahuri?
--Parce que j'ai grand'piti� de madame, r�pondit gravement Martschine;
j'esp�re que madame ne me d�fend pas d'avoir piti� d'elle?
--Si fait, je te le d�fends! s'�cria Warwara, rouge de col�re. Tu es ici
pour me servir, non pas pour avoir piti� de moi.
--Mais je ne peux faire autrement, r�pliqua Martschine avec une
�motion profonde; j'ai un si bon coeur et je suis si nerveux: comment
n'aurais-je pas piti� de madame?
Et il se mit � sangloter.
L'exemple de Martschine fut contagieux. Piotre, le cocher, s'avisa lui
aussi d'avoir des nerfs; seulement il ne les sentait qu'� la pleine
lune. Une fois, il attela les chevaux au carrosse d'apparat comme minuit
sonnait et serait all� Dieu sait o�, si Martschine ne l'e�t r�veill� �
temps. Une autre fois, on le vit, blanc comme un sylphe, dont il n'avait
pas la taille du reste, assis � la lucarne du grenier, les pieds
pendants, une ligne � la main. Il p�chait dans la cour.
La petite chienne blanche Mika �tait encore le plus nerveux de tous les
h�tes de Separowze. La moindre chose excitait sa m�chancet�; mais il
suffisait, pour que cette m�chancet� dev�nt de la rage, que Martschine
gliss�t sur le parquet cir� une brosse � chaque pied. Alors les mollets
de l'imprudent couraient un danger r�el.
XI
La collection d'originaux que renfermait la seigneurie re�ut un pr�cieux
renfort en la personne d'un parent �loign� de Warwara, nomm� Z�nobius
Monastyrski.
Ce jeune homme, �lev� dans l'abondance, avait gaspill� follement son
patrimoine. Devenu pauvre, il ne regrettait rien, ayant, pour un temps
du moins, v�cu � sa guise. Qu'il e�t faim, qu'il e�t froid, qu'il dorm�t
� la belle �toile, sa gaiet� ne l'abandonnait pas. Par une matin�e de
d�cembre, il apparut � Separowze en habit d'�t�, sans gants, sans bottes
et sans bas, les pieds envelopp�s de lambeaux de toile, un claque
sous le bras, et naturellement sa belle tante le traita de �prodigue
incorrigible�, de �membre inutile du genre humain�, etc.
--Je vous demande pardon, interrompit Z�nobius avec un fugitif sourire,
j'ai, l'�t� dernier, aid� les paysans � rentrer le bl�; maintenant je
travaille dans l'�tude du notaire Batschkock � Kolom�a.
--Eh bien! que venez-vous demander ici? Je ne peux rien pour vous.
--Pardon encore, ch�re tante, je ne vous demande pas d'argent, je n'y ai
jamais pens�, mais je voudrais obtenir que vous vous fissiez assurer...
--De quelle assurance parlez-vous, dr�le?
--D'une assurance sur la vie. Cela ne vous fera aucun mal. Laissez
seulement un m�decin vous examiner. Il verra si vous avez une maladie
chronique ou...
--Quelle horreur! C'est au milieu de vos princesses de la rampe, de vos
coureurs de tripots, dans la belle soci�t� o� vous avez perdu jusqu'�
vos derni�res bottes, que vous prenez ces id�es-l�?
--Mais, ma tante, il ne vous en co�tera rien. Je pr�tends payer le
m�decin, et vous ne vivrez ni plus ni moins; seulement, lorsqu'il plaira
au Ciel de vous reprendre, j'aurai une rente assur�e.
--C'est cela! vous comptez sur ma mort... Sortez... que je ne vous
revoie jamais!
--J'ob�is, r�pondit Z�nobius avec d�f�rence en marchant � reculons vers
la porte, mais vous ne pouvez m'emp�cher de prendre mes pr�cautions.
Voyons, combien d'ann�es vous reste-t-il encore � vivre?... Avec votre
constitution...
--Arr�te, bourreau, interrompit Warwara en se bouchant les oreilles
et tressaillant de tout son corps; arr�te! ne prononce pas ce chiffre
horrible! Je sais trop que je mourrai un jour; mais, si tu prends une
assurance sur ma vie, je ne verrai pas la fin de l'ann�e, j'en suis
certaine. J'aime encore mieux te donner asile; mais, au nom de Dieu, ne
parle plus de ma mort ni de ma constitution.
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