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Page 45
Il r�pondit debout, en position et la t�te � droite:
--Madame commande que je me prom�ne?
Quelque temps apr�s, comme il psalmodiait, assis sur les marches du
perron, une sorte de chant fun�bre:
--Est-ce que tu as du chagrin? demanda la baronne, ouvrant la fen�tre.
--Comment serais-je heureux, madame? r�pliqua Martschine. Je n'ai ni
p�re, ni m�re, ni fr�re, ni soeur, pas m�me une bonne amie. Je suis
en effet tr�s-malheureux. Madame ne me commande pas de n'�tre point
malheureux, j'esp�re!
Il �tait taquin ou stupide.
La baronne ne souffrait pas que le mot de mort f�t prononc� devant elle,
pas plus que les mots d'agonie, de tombeau, etc. Si quelque voisin
tombait malade, Hermine avait coutume de dire:
--Il fait un petit voyage de plaisir.
S'il mourait:
--Il est parti pour l'Italie.
La petite chienne ayant refus� sa p�t�e, Martschine ne manqua pas de
d�clarer que Mika pensait faire un voyage de plaisir. Mais, d'autre
part, sous pr�texte de propret�, il imagina un jour de tapisser les murs
salp�tr�s d'un pavillon, o� la baronne allait volontiers l'�t� faire
la sieste, de tous les billets mortuaires bord�s de noir qui s'�taient
accumul�s dans la seigneurie depuis des ann�es. La baronne faillit
s'�vanouir � ce spectacle.
Elle ne craignait pas seulement la mort, elle craignait la vue de la
mis�re, et cependant tous les vendredis une troupe de mendiants se
pr�sentait � Separowze. C'�tait un usage imm�morial, et Warwara, qui
tenait � passer pour d�vote, n'e�t pas os� l'abolir. Charger ses gens de
distribuer les aum�nes r�pugnait trop � sa m�fiance. Elle imagina donc
de faire d�poser dans le vestibule un habillement complet qui avait
appartenu � feu son mari et une de ses propres toilettes, us�e,
chiffonn�e, on peut le croire.
Chaque mendiant, l'un apr�s l'autre, endossait ces oripeaux sous la
surveillance de Martschine, de sorte qu'au lieu d'une vingtaine de
mis�rables en haillons elle recevait chaque vendredi huit messieurs en
pantalon de nankin, frac bleu et souliers de bal, et douze dames en robe
� queue. Dans chacune des mains salement gant�es qui se tendaient
vers elle, la baronne d�posait deux kreutzers. Il arriva que, certain
vendredi, l'un des messieurs en frac bleu manquait � l'appel.
--Qu'est devenu ce vagabond? demanda la baronne.
--Il ne pourra venir, r�pondit Martschine. Il est parti.
--Parti?
--Oui, pour l'Italie. J'esp�re que madame ne le trouve pas mauvais?
--Imb�cile! que veux-tu me faire accroire l�?
--Eh bien, il est parti pour un autre pays; mais ce qui est s�r, c'est
que je l'ai vu partir, de mes propres yeux vu!
--Si tu dis vrai, c'est un ingrat de n'�tre pas venu prendre cong� de sa
bienfaitrice.
--Il est assez difficile de se montrer reconnaissant et poli, dit
Martschine, �clatant tout � coup, quand on est mort...
--Quoi! il est mort?...
--Oui, mort! Madame s'y oppose-t-elle?
--Brute, me dire cela, � moi! s'�cria la baronne. Va! retire-toi de ma
pr�sence!
Et elle eut encore une attaque de nerfs.
Un matin, Martschine apporta une lettre � sa ma�tresse tandis qu'on la
coiffait. Hermine, qui justement �tait de mauvaise humeur, lui tirait
les cheveux de toutes ses forces. Martschine, ayant remis la lettre,
resta debout les yeux attach�s sur la baronne.
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