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Page 44
--Donne-moi ta main, s'�cria-t-elle, impatient�e, en levant le
chasse-mouche.
Martschine tendit la main, mais il la retira si vite que le coup ne
toucha que le plancher.
--Ta main! entends-tu?
--Je ne peux pas, madame...
--Comment?
--Non, voyez, elle se retire d'elle-m�me...
--Es-tu donc si l�che?... Ob�is!...
--Ce n'est pas que je craigne! mais je ne peux pas... ce doit �tre
nerveux. Je suis s�rement nerveux.
La baronne �clata de rire. Le lendemain, elle attendit, assise sur son
fauteuil comme sur un tr�ne, en robe de soie rouge, le compliment des
gens de sa maison. Ils entr�rent en bon ordre, form�rent un demi-cercle,
et Martschine, muni d'un �norme bouquet, s'avan�a, puis se prosternant,
lui baisa la main, fit un pas en arri�re, salua de nouveau, baisa pour
la seconde fois la main de la baronne et finit par pousser, en la
regardant, un profond soupir, toujours sans parler. Pendant quelques
minutes, un silence inqui�tant r�gna dans la chambre; enfin Warwara
montra des yeux au pauvre Martschine le rayon de soleil qui entrait par
la fen�tre. Comme il ne comprenait pas, elle lui souffla les premiers
mots; mais Martschine, les yeux fixes, n'entendait rien que le bruit
d'une grosse mer agit�e, comme il le dit plus tard.
--Sois salu�e, toi, soleil de nos jours! murmura de nouveau la baronne.
Il regarda le plafond, puis ses bottes, puis Warwara elle-m�me,
entr'ouvrit les l�vres et continua de se taire. Exasp�r�e, la baronne
se leva d'un saut et lui appliqua le plus vigoureux des soufflets, en
criant � tue-t�te:
--Sois salu�e, toi, soleil de nos jours...
Aussit�t Martschine continua rapidement, avec la pr�cision d'une
machine:
--Noble dame, qui embellis notre existence...
Et il arriva heureusement au bout; mais son visage, p�le comme la mort
sur une joue et violemment color� sur l'autre, produisait un singulier
effet.
Ce jour-l�, par extraordinaire, il y eut festin � Separowze. Martschine,
ayant aval� une assiett�e de soupe, un plat de choux, une aune
de boudin, la moiti� d'un gros r�ti de porc et une vingtaine de
_pirogui_[3], tout en desserrant � plusieurs reprises la boucle de sa
ceinture, se mit � g�mir:
--Dieu m'a abandonn�, je n'en puis plus... Non, je ne saurais manger
davantage. Je suis d�cid�ment nerveux.
[Note 3: Mets national, boulettes de p�te farcies de fromage.]
X
Depuis lors, il comprit les maux de sa ma�tresse. Tout le monde pour lui
�tait nerveux, jusqu'au couvreur qui se tua en se laissant choir du haut
du toit de l'�glise.
--Les nerfs, murmurait-il, les nerfs!
Nerveux comme il pr�tendait l'�tre, ce singulier gar�on avait pour
principal talent d'agacer les nerfs des autres. Martschine avait �t�
longtemps soldat et se vantait d'avoir vu de loin la bataille de
Solf�rino comme sur une image. Du service militaire il lui restait le
go�t de la propret� d'abord, l'habitude de l'ob�issance ensuite.
Le premier dimanche qui suivit son installation chez la baronne,
celle-ci lui ayant demand�:
--Ne fais-tu pas un tour apr�s d�ner?
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