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Page 36
--Que voulez-vous? lui demanda celle-ci avec hauteur.
--Je veux mon argent, je veux mon moulin, mes champs, ma maison.
--Je crois que vous avez perdu la t�te.
Warwara s'�tait lev�e, mais Papowitch la saisit par le bras et tira un
couteau.
--Mis�rable! s'�cria-t-il, voil� tes int�r�ts!
En m�me temps, il lui portait � la poitrine un coup qui ne la blessa que
l�g�rement, car le pauvre diable ne savait ce qu'il faisait: il �tait
ivre.
Elle appela au secours.
Papowitch laissa tomber le couteau; il essayait de l'�trangler quand les
domestiques accoururent.
Il fut terrass�.
--Attachez-lui les mains! criait la baronne, il a voulu m'assassiner,
frappez! frappez-le! et tra�nez-le en justice.
Maintenant Papowitch implorait sa gr�ce, d�clarant qu'il n'avait voulu
que l'effrayer; ce fut en pure perte. Rou� de coups, � moiti� mort, il
fut jet� dans une charrette pour �tre conduit � Kolomea. La baronne
parut aux assises dans une toilette �l�gante pour t�moigner contre
lui. Lorsqu'elle l'eut entendu condamner � trois ann�es de prison,
consid�ration prise des circonstances att�nuantes, elle fron�a le
sourcil et dit qu'il n'y avait pour de tels dr�les qu'un seul ch�timent:
la potence, qu'il fallait les arracher comme autant de mauvaises herbes.
Elle envoya m�me aux journaux de Vienne un article de plaintes et de
r�criminations contre la justice gallicienne.
Tout endurcie que f�t cette femme, elle ne pouvait cependant se passer
d'affection et non pas seulement de cet amour sensuel qu'elle en
�tait venue � demander aux valets de bonne mine dont elle s'entourait
volontiers, mais de pur d�vouement. Aussi l'empire d'Hermine
grandissait-il tous les jours. La boh�mienne tyrannisait, opprimait sa
ma�tresse, r�glant sa nourriture, sa toilette, ses plaisirs, s'amusant
parfois � la faire pleurer, tant elle se montrait impertinente et
capricieuse. N'importe, la baronne tenait � elle par-dessus tout;
c'�tait l'unique cr�ature qui, croyait-elle, lui appart�nt sinc�rement;
or, il n'est pas de coeur au monde qui s'affranchisse compl�tement du
besoin d'aimer et d'�tre aim�, f�t-il en apparence de pierre ou de
glace.
VIII
Bien des ann�es s'�taient �coul�es depuis la nuit o� Maryan Janowski,
pr�s de mourir, avait salu� le printemps, lorsque je fis connaissance
avec la baronne Bromirska. L'incident qui me conduisit chez elle
�tait des plus simples; il s'agissait de lui pr�senter une liste de
souscriptions ouverte par quelques amis des arts en vue d'envoyer
un jeune peintre d'avenir �tudier sous le ciel et au milieu des
chefs-d'oeuvre de l'Italie. L'un des premiers noms inscrits sur la liste
�tait celui de la baronne. Je me pr�sentai chez elle dans l'apr�s-midi.
Cette chaleur tropicale qui distingue l'�t� gallicien, aussi court qu'il
est ardent, dess�chait la terre, qui, soulev�e par le sabot de mon
cheval, tourbillonnait autour de moi comme un nuage de fum�e. Le ciel,
d'un bleu fonc� pur et puissant, resplendissait des feux implacables du
soleil. On ne sentait aucun souffle d'air; aucun chant d'oiseau ne se
faisait entendre; l'herbe semblait br�l�e au bord des ruisseaux taris. A
l'horizon se d�tachaient, nettement sculpt�es, les cimes des Karpathes.
J'�prouvai une sensation de soulagement d�licieuse en m'enfon�ant sous
les futaies de Separowze: les vieux ch�nes formaient une vo�te de
verdure que per�aient �� et l� des fl�ches de lumi�re dor�e; du fond des
ravins o� roulait le torrent, une douce fra�cheur monta vers moi, m�l�e
� des ar�mes de miel sauvage. Ma surprise fut grande cependant, en
atteignant une clairi�re non loin de la seigneurie, de me trouver au
milieu d'un abatage qui permettait aux rayons du soleil de pleuvoir en
libert�. Les souches grises, avec leurs longues barbes de mousse et
leurs racines largement �tir�es, faisaient penser � une arm�e de gnomes
pr�te � entrer en bataille contre les g�ants de la futaie. Partout
s'alignaient des b�ches tois�es ou de grands troncs abattus. De distance
en distance, un Titan renvers�, ses rameaux encore par�s de quelques
feuilles s�ches, barrait le chemin; des centaines de col�opt�res en
cuirasse vert dor� fourmillaient dessus, et l'�corce fendue laissait
couler la r�sine comme coule le sang d'une blessure mortelle. Deux
b�cherons �taient en train de mutiler un beau vieux ch�ne. Un pic au
plumage bleu�tre semblait parodier leur travail en frappant du bec
contre le tronc d'un autre arbre avec un bruit mesur�.
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