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Page 24
Maryan observait et jugeait Warwara, mais en lui cherchant des excuses.
Elle l'aimait, puisqu'elle avait soin de lui et que pour lui elle se
r�signait � l'exil.
En �t�, cependant, les voyageurs revinrent � Separowze, o� la baronne
n'avait plus de m�nagements � garder envers le monde, puisque chacun
y �tait au fait de la situation de Maryan. Alors, elle ressaisit tout
naturellement la direction de sa fortune et lorsque, l'hiver revenu,
l'ins�parable trio reprit le chemin de l'Italie, le prince Janowski se
trouva, par un tour d'adresse qui e�t fait honneur � l'escamoteur
le plus habile, rel�gu� au premier rang de la domesticit�; non que
l'imp�rieuse baronne conv�nt de cette transformation avec lui ou
seulement avec elle-m�me; elle l'accablait toujours de petits soins
et de tendres caresses, il avait toujours la meilleure chambre de la
maison, un m�decin � ses ordres, tout le luxe que peut d�sirer un homme
riche; si elle le chargeait de ses commissions, si elle le laissait au
d�barcad�re remplir l'office de portefaix, c'�tait pour le forcer � un
exercice salutaire. Il ne se plaignait pas du reste; sa mauvaise humeur,
qui se traduisait en boutades et en railleries am�res, �tait celle d'un
malade, voil� tout. Jamais il ne manquait une occasion de faire le
proc�s des richesses.
Le lieu qu'ils avaient choisi cette fois pour leur r�sidence �tait Rome.
Un jour qu'ils visitaient ensemble la villa Ludovisi et les jardins de
Salluste:
--Vous n'admirez rien, dit Maryan � Warwara, qui regardait les
merveilles environnantes d'un air d'indiff�rence profonde. Vous �tes
bien trop sage pour cela! Que le ciel me pr�serve de votre sagesse,
qui rend aveugle et sourd! Si, au lieu de feuilles, des ducats bien
brillants pendaient � ces arbres, vous ouvririez les yeux sans doute;
vous diriez:--Le d�licieux pays! Que la nature est belle!--Pauvre femme!
je vous plains de tout mon coeur!
Et il �clata de rire.
--Devient-il fou? demanda Warwara inqui�te � sa fid�le Hermine.
--R�ponds! s'�cria Maryan prenant brusquement la t�te de Warwara entre
ses mains pour la forcer � le regarder dans les yeux. Te sens-tu le
coeur �panoui comme l'ont les pauvres? Es-tu heureuse?
--Oui, si tu m'aimes.
--Tu veux qu'on t'aime et tu n'aimes pas; c'est de l'eau de pavot
qui coule dans tes veines; tu redoutes de rien prodiguer, m�me tes
sentiments. Tu es �conome de ton coeur comme de ton argent.
--Je ne t'aime pas?
--Non!
Warwara porta son mouchoir de dentelles � ses paupi�res humides:
--Pourtant, ton injustice me fait pleurer.
--M'aimes-tu? donne tout ce que tu poss�des et laisse-moi travailler
pour toi, mendier pour toi si je n'ai plus la force de travailler. Tu
verras comme nous serons heureux!
--Cet homme est fou d�cid�ment, pensa madame Bromirska.
Quelque temps apr�s, comme elle se plaignait avec amertume d'un de ses
paysans qui avait vol� � la seigneurie de Separowze un sac de pommes de
terre:
--Nourris-les mieux, dit Maryan moqueur, l'honn�tet� veut manger
quelquefois; la meilleure lampe risque de s'�teindre si l'on n'y
renouvelle l'huile n�cessaire.
--Tu d�fends toujours les gueux!
--Je n'en ai pas le droit, en effet, n'ayant plus les vertus de la
pauvret�. Il faut que tu le saches pourtant, quand un pauvre cesse
d'�tre honn�te, il n'est pas toujours criminel, tandis que l'honn�tet�
du riche ne peut jamais �tre un m�rite.
--Ce sont l�, soupira Warwara, des id�es de communiste...
Pendant une excursion qu'ils firent dans la campagne de Rome, Warwara
ne cessa d'exprimer la crainte folle d'�tre attaqu�e par des brigands.
Maryan cependant chantait un air de _Fra Diavolo_.
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