Le legs de Caïn by Leopold Ritter von Sacher-Masoch


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Page 23

--Pour Dieu! ne fumez pas! s'�cria Hermine.

--Dis-moi si cela t'importune, fit Warwara s'adressant au jeune homme.
Aucun sacrifice ne me co�tera, tu le sais.

Il secoua la t�te et continua de tousser.

--Ne l'entendez-vous pas? dit brusquement Hermine.

--Mais je lui ai demand�...

--On ne demande pas, on sent ces choses-l�!

Elle fit tomber des doigts de madame Bromirska la cigarette qu'elle
�crasa par terre.

--Tu br�les le parquet, Minoschka.

--Mieux vaut br�ler le parquet, ma foi, que ses poumons!

--A t'entendre on croirait que je suis une �go�ste et sans coeur!

--Vous avez plus de nerfs que de coeur, en tout cas!

La baronne �tait habitu�e � ces sorties de la part de sa confidente.
Elle haussa l�g�rement les sourcils.

Le m�decin vint faire sa visite quotidienne. Warwara l'emmena chez elle
et eut avec lui un entretien secret auquel prit part sans y �tre invit�e
la fine oreille d'Hermine.

--Ainsi, j'ai pay� vingt mille florins une vie qui menace de s'�teindre
� chaque instant! pensa la baronne lorsque le m�decin lui eut d�clar�
que la sant� de Maryan exigeait le s�jour permanent dans un pays chaud.

--Que de d�penses! dit-elle � Hermine, et puis je ne vais plus avoir un
moment de repos. Je l'aime tant, et je suis menac�e de le perdre! Par
quelle fatalit� me suis-je attach�e � un malade?

--Oh! madame, dit Hermine, vous parlez d'amour! et vous pensez � votre
argent comme une juive, une vraie juive...

--Vas-tu encore me dire des injures?

--A votre place, moi, je vendrais ma vie pour pouvoir le sauver, le
soulager seulement...

--Tu en parles � ton aise!

La baronne emmena cependant Maryan en Italie. Ils s'arr�t�rent d'abord
� Venise, o� le convalescent parut rena�tre sous l'influence des brises
marines et surtout des impressions nouvelles. Il �tait sensible aux
arts, � l'�blouissant spectacle qu'offrent ces palais flottants pour
ainsi dire entre le ciel et l'eau, il riait comme un enfant quand les
domestiques de l'h�tel l'appelaient le prince Janowski.

Le fameux portefeuille lui �tait toujours confi�, il payait les notes
de l'h�tel, les gondoles, les loges au th��tre, mais Warwara l'arr�tait
s'il faisait mine de donner une pi�cette � quelqu'un de ces enfants
qui s'empressent sur les pas de l'�tranger pour rendre mille petits
services, ou d'acheter des fleurs � la bouqueti�re de la Fenice. Elle
lui enlevait la bouteille de vin de Bordeaux qu'il buvait par ordre
des m�decins, de crainte qu'il ne s'�chauff�t le sang, confisquait ses
cigares dans l'int�r�t de sa poitrine, venait �teindre avec un sourire
la bougie qui br�lait pendant ses nuits d'insomnie, afin d'emp�cher
qu'il ne se fatigu�t en lisant, et songeait parfois, quand il
s'agenouillait � ses pieds, qu'il devait user sur le tapis ses v�tements
neufs.

Maryan avait d�sir� monter � cheval:

--Il faut qu'il ait un cheval! dit Hermine.

--Un cheval � Venise? ce serait une anomalie, je lui donnerai un chien
de pr�f�rence.

Mais le chien co�tant fort cher, elle s'avisa que cette vilaine b�te
infecterait l'air dans la chambre du malade; un chat vaudrait mieux,
mais le chat valait dix florins, on avait vu des gens �touff�s par des
chats dans leur sommeil; elle finit par lui apporter un oiseau dont
Maryan s'amusa, car il aimait tout �tre vivant comme font ceux qu'a d�j�
effleur�s l'haleine froide de la mort.

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Books | Photos | Paul Mutton | Sat 20th Dec 2025, 9:42