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Page 21
Madame Janowska alla chercher un encrier couvert de poussi�re, en tira,
au bout d'une plume rouill�e, une mouche et un fil d'encre, signa l'acte
et le re�u, puis, faute de sable, s�cha l'�criture avec du poivre qui
restait sur la table depuis le dernier d�ner. Les vingt mille florins
furent compt�s, les deux parties contractantes se tendirent la main, et
tandis que le carrosse de Warwara s'�loignait � grand bruit, Th�ofie se
remit � pleurer, tout en cousant l'argent dans de petits sacs qu'elle
cacha un peu partout.
Lorsque Maryan sortit de son bureau, il aper�ut la baronne qui,
renvers�e sur les coussins de sa voiture d�couverte, lui faisait signe
de la main.
--Tu es libre, dit-elle gaiement, je t'emm�ne, nous d�nerons ensemble
aujourd'hui et toujours.
--Que signifie...
--Je t'expliquerai. Monte d'abord.
En route et tandis que les chevaux d�voraient la distance au plus vite,
Warwara partit d'un grand �clat de rire:
--Dis-moi avant tout, demanda-t-elle, si tu vaux vingt mille florins?
--Est-ce une plaisanterie?
--Elle est de mauvais go�t, j'en conviens, mais ta femme l'a sign�e.
Warwara lui tendit les deux papiers; il lut, regarda la baronne, lut
encore, froissa l'acte entre ses mains et haussa les �paules:
--Croyez-vous qu'un homme se laisse vendre comme un cheval ou un chien?
Il me suffira de dire non...
--Tu ne diras pas non, parce que tu m'aimes.
--Autant que je te hais, r�pliqua Maryan farouche.
--Enfant! ne d�sirais-tu pas de tout ton coeur pouvoir �tre � moi comme
je suis � toi seul? Nous verrons le monde ensemble, nous jouirons de la
vie, tu abandonneras un travail ingrat...
--Et s'il me manque, de quoi vivrai-je?
--Vas-tu m�ler d'ignobles questions d'argent � notre amour? Je te parle
d'aller en Italie, � Paris, o� tu voudras...
Maryan se tut. C'�tait une premi�re l�chet� sans rem�de. Il consentait
par ce silence � quelque chose de pire que la mort, l'infamie.
--Oh! que je suis heureuse, s'�cria �tourdiment Warwara, un bonheur
comme le mien ne peut �tre achet� trop cher!
--M�me si on le paye vingt mille florins? demanda Maryan avec un d�go�t
profond.
Il se sentait le plus vil des hommes et il s'y r�signait.
V
Quelques jours apr�s cet �v�nement, la baronne et Maryan convinrent
de s'�loigner du lieu qu'habitait madame Janowska. Ils partirent pour
Vienne. Jusqu'au dernier moment, Warwara craignit que sa proie ne lui
�chapp�t; Maryan ne pouvait s'absenter une heure sans la retrouver en
larmes, persuad�e qu'il avait pris la fuite et qu'elle ne le reverrait
plus. Pour le retenir, elle l'avait charg� d'une responsabilit�
mat�rielle, en lui remettant tout l'argent du voyage. C'�tait de la part
d'une telle femme un acte de confiance extraordinaire.
--Mais, se disait-elle, jamais il n'emportera l'argent, et s'il me le
rend, je serai avertie de ses desseins dont j'aurai le temps d'emp�cher
l'ex�cution. Ce portefeuille me r�pond de lui.
De pareilles pr�cautions �taient bien inutiles. Maryan ne songeait gu�re
� rompre ses indignes cha�nes: il s'enivrait de son bonheur jusqu'�
n'avoir plus ni honte ni remords. R�ver, �tendu aux pieds de Warwara,
lui dire ces mille folies qui font hausser les �paules aux gens de
sang-froid et qui sont les d�lices des amants, vivre pr�s d'elle dans
un �tat de vague b�atitude, c'�tait tout ce qu'il demandait. Les quinze
premiers jours se pass�rent ainsi troubl�s seulement par les �nergiques
remontrances d'Hermine � sa ma�tresse.
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