Le legs de Caïn by Leopold Ritter von Sacher-Masoch


Main
- books.jibble.org



My Books
- IRC Hacks

Misc. Articles
- Meaning of Jibble
- M4 Su Doku
- Computer Scrapbooking
- Setting up Java
- Bootable Java
- Cookies in Java
- Dynamic Graphs
- Social Shakespeare

External Links
- Paul Mutton
- Jibble Photo Gallery
- Jibble Forums
- Google Landmarks
- Jibble Shop
- Free Books
- Intershot Ltd

books.jibble.org

Previous Page | Next Page

Page 16

--La paysanne a s�rement des robes, dit-il ensuite, il faut que vous
changiez de v�tements sous peine de prendre la fi�vre.

Ouvrant une armoire, il en tira quelques hardes. Warwara, assise sur une
caisse peinte, s'effor�ait en vain d'�ter ses bottines; le cuir �tait
gonfl� par l'humidit�.

--Permettez-moi de vous aider, murmura Maryan.--Et, pliant le genou, il
d�fit les bottines, tira les bas, puis enveloppa les pieds nus, d'une
beaut� marmor�enne, dans les mouchoirs de la paysanne. Il n'y avait
point de bas, bien entendu, mais les lourdes bottes du dimanche
pouvaient servir, faute de mieux. Apr�s s'�tre acquitt� avec une r�serve
imperturbable de son office de femme de chambre, Maryan sortit, laissant
la baronne se d�shabiller. Elle apparut bient�t sur le seuil v�tue d'un
jupon bleu tr�s-court, d'une chemise chamarr�e de broderies en laine
rouge et d'un corset de drap noir comme une belle de village de
la Petite Russie. Les femmes pensent � la parure dans toutes les
situations, elle avait donc entour� son cou de grains de corail et
nou� autour de sa t�te un mouchoir jaune qui, cachant le front � demi,
grandissait encore ses yeux.

--Est-ce que je vous plais ainsi? demanda-t-elle � Maryan.

Perdu dans une muette admiration, il oublia de r�pondre.

--Mais vous aussi, ajouta-t-elle, vous tremblez de froid. Allez changer
d'habits. Ne m'entendez-vous pas?

--J'�coute.

--Cela ne suffit pas; il faut ob�ir.

--Comme vous voudrez.

Apr�s s'�tre d�guis� en paysan gallicien Maryan fouilla toute la
chaumi�re.

--Il n'y a de th� nulle part, dit-il enfin. Je ne trouve que de
l'eau-de-vie.

--Donnez-m'en donc un peu, ordonna la baronne. Maryan versa de
l'eau-de-vie: elle y trempa ses l�vres, puis lui rendit le verre, qu'il
vida d'un trait.

Tous deux tendirent une corde devant le po�le pour y s�cher leurs
habits.

La temp�te avait cess�; il ne pleuvait plus. Les gouttes d'eau qui
tremblaient sur les feuilles ressemblaient � des diamants; la lumi�re
dor�e du soleil ruisselait de nouveau sur toute la campagne, au-dessus
de laquelle s'arrondissait l'arc-en-ciel.

--Nous pouvons partir, dit Maryan.

--Affubl�s comme nous le sommes?...

Un sourire effleura ses l�vres, tandis qu'il regardait, pensif, le sol �
ses pieds.

--A quoi pensez-vous?

--Qu'il vaudrait mieux pour moi que vous fussiez toujours v�tue ainsi.

--Et pourquoi?

--Parce que je pourrais dire � une paysanne bien des choses que je dois
cacher � la baronne.

--Qu'est-ce que ce devoir-l�? qui vous l'impose? s'�cria Warwara avec
un regard �tincelant de col�re charmante. Je ne vous ai pas condamn�
� rester muet; c'est vous qui me gardez rancune. Vous dites
des absurdit�s... Si j'�tais paysanne, vous ne m'aimeriez pas.
Allons-nous-en.

Elle sortit de la chaumi�re d'un pas d�gag�. Maryan suivait � quelque
distance; brusquement elle s'arr�ta et l'attendit:

--Mais parlez donc, dit-elle, je vous le permets, ou plut�t je le veux.
Avez-vous tout oubli�? Vous paraissiez m'aimer autrefois; comment vous
suis-je devenue indiff�rente?

Previous Page | Next Page


Books | Photos | Paul Mutton | Fri 19th Dec 2025, 20:16