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Page 114
--Bah! r�pliqua Popiel, si l'on ne s'occupait pas de ces pu�rilit�s,
comment passerait-on le temps? Moi, j'arrange tout dans ma pens�e selon
le mod�le de communisme que nous donnent les paysans russes. Notez que
l'esprit du peuple slave est d'accord avec l'id�al des communistes
fran�ais. Proudhon est mon homme, voyez-vous! Tout notre espoir doit
�tre dans le communisme dirig� par l'�tat. Que la propri�t� soit donc
abolie, l'h�ritage aboli, le mariage, la famille abolis, l'argent
aussi...
--Mais, fit observer l'Allemand, abolir la propri�t�, c'est paralyser
l'impulsion qui pousse la nature humaine au travail et au progr�s; le
communisme n'est praticable qu'� la condition de s'allier � un degr� de
culture m�diocre, il suppose une �galit� naturelle...
--Les instincts des Russes, s'�cria Popiel, sont sup�rieurs � toute
votre civilisation europ�enne. Nous n'avons que trop de pass�, trop
d'histoire, trop d'art!... Je demande que tout cela soit d�truit, effac�,
et que de ces ruines surgisse un monde tout neuf...
--Je ne verrais pas sans regret, pour ma part, d�truire l'oeuvre de
tant de si�cles, dit vivement le Fran�ais; moi, je suis socialiste; mon
id�al, c'est l'�galit� sur la base de l'instruction et de l'�conomie
g�n�rale, le partage des biens selon le talent, le travail...
--Je vous avoue, interrompit Z�non, que le socialisme est � mes yeux une
g�n�reuse aberration et le communisme un dangereux mensonge. Tant que
les facult�s de chacun seront in�gales, il sera injuste d'appliquer le
principe de l'�galit� au partage des biens. Si tous, sans travailler
�galement, doivent �galement jouir, c'est proclamer le sacrifice du fort
au faible, du capable � l'incapable, de l'activit� � la paresse. On
arriverait ainsi au d�soeuvrement et � la pauvret� universels. Or,
l'�galit� dans les facult�s ne saurait s'obtenir qu'en abaissant tous
les hommes � un m�me niveau infime: c'est nous vouer sans exception � la
barbarie...
--Le caract�re de la race germanique est oppos� � ces th�ories, dit
Felbe; il aspire � la pleine ind�pendance de l'individu, de l'�tre
isol�.
--En effet, repartit Z�non, mais la race germanique n'est pas nombreuse
comme la race slave et ne comptera pas autant dans la grande r�volution
universelle. Il est remarquable que l'�tat, qui depuis un si�cle s'est
empar� de plus en plus du gouvernement de l'Allemagne, tienne son
origine d'�l�ments slaves plut�t que germains. En quoi consiste la
pr�pond�rance de la Prusse? Dans sa sup�riorit� intellectuelle? Non:
la plupart des talents allemands ne lui appartiennent pas. Dans
l'instruction du peuple? Non: les divers �tats de l'Allemagne ne lui
c�dent en rien sur ce point. Dans une bravoure exceptionnelle? Les
Allemands sont tous de bons soldats. Cette pr�pond�rance consiste
dans la discipline, dans la soumission de l'individu � la masse, dans
certaines vertus passives qui sont d'origine slave et tout � fait
contraires aux dispositions de la race purement germanique. Chez les
Germains, on rencontre le go�t de l'ind�pendance individuelle et des
diff�rences aristocratiques: chez les Slaves, la pr�occupation constante
de l'int�r�t g�n�ral et de fortes tendances vers la d�mocratie. A cause
de cela, j'attends de la race slave la solution de toutes les grandes
questions qui agitent l'humanit�; oui, j'attends d'elle la r�g�n�ration
du monde...
--Et de quelle mani�re votre instinct slave tranche-t-il la question de
la propri�t�? demanda ironiquement Popiel.
--Je ne tranche rien, je ne me crois pas infaillible; mais mon opinion,
c'est que la question de la propri�t� ne peut �tre r�solue qu'avec celle
du travail et qu'elle est de sa nature une question de salaire. Je
voudrais que la propri�t� f�t commune et que le salaire f�t individuel,
puisqu'il doit d�pendre de l'effort de chacun.
--De cette fa�on, r�pliqua Popiel, sont d�j� organis�es la plupart des
soci�t�s russes, et d'abord celle des p�cheurs de l'Oural et du lac
Peipus; mais l'in�galit� du salaire conduit fatalement de nouveau �
l'in�galit� de la propri�t�.
--L'in�galit�, en ce cas, n'a rien d'injuste, repartit Z�non, tant que
le bien de chacun est acquis par le travail; l'injustice commencerait
si la propri�t� personnelle pouvait se l�guer; mais, pourvu qu'apr�s la
mort du possesseur le fruit de ses labeurs retourne � la communaut�,
cette propri�t� ne pourra finalement servir qu'� de grandes entreprises
utiles � l'humanit� tout enti�re. Et qu'on ne dise pas que le sort
des enfants se trouvera compromis. La propri�t� est une caution bien
pr�caire pour l'avenir des enfants, tandis que, si l'�tat r�pond de leur
�ducation, cet avenir sera bien mieux � l'abri des �v�nements. J'entends
donc que l'�tat �l�ve les enfants pour le travail, et les soigne jusqu'�
ce qu'ils soient en �ge de produire.
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