Le legs de Caïn by Leopold Ritter von Sacher-Masoch


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Page 108

--Vous l'�tes, r�pliqua Z�non.

--Chien! hurla le Polonais en reprenant le fusil que Z�non avait jet�
dans l'herbe, pour le frapper d'un coup de crosse sur la t�te.

Mais aussit�t il se sentit �treint par le poignet d'un g�ant.

--Tiens! lui dit Z�non en le renversant, re�ois la r�compense de ta
conduite envers Azaria; reste l� dans la fange. C'est ta place.

Bien entendu, Pan Joachim se releva pour aller demander vengeance �
son oncle, le comte Dolkonski, mais la sc�ne avait eu des t�moins qui
d�pos�rent contre le Polonais. Grand fut l'ennui du comte, qui redoutait
par-dessus tout les agitations, de quelque genre qu'elles fussent.
C'�tait un petit homme maigre, � figure d'oiseau, avec un �norme toupet,
le visage enti�rement ras�, le teint couleur de cuir, et toujours v�tu �
la derni�re mode fran�aise.

--Mon Dieu! ne cessait-il de r�p�ter, qu'on m'�pargne tout ce bruit!

N�anmoins, il fit sommer Z�non de compara�tre. La comtesse Dolkonska
et Marie-Casimire �taient dans le salon quand l'accus� se pr�senta.
Tournant son lorgnon vers lui:

--Que me parlait-on d'un paysan? dit le comte en fran�ais. Nous avons
affaire ici � quelque fils de roi.

--Mon neveu acceptera, je crois, tes excuses, dit la comtesse, d�sarm�e
comme son mari. Allons, Paschal, demande-lui pardon.

--Pardon? r�pondit le jeune homme respectueusement, mais avec assurance;
lui demander pardon!... Et de quoi? De ce qu'il s'est enivr�? de ce
qu'il a voulu fusiller un juif, ou de ce que, tout en aspirant � la main
d'une noble demoiselle, il s�duisait la pauvre Azaria?

--Tu as fait cela? dit la comtesse, foudroyant du regard Pan Joachim.

Elle enjoignit � sa fille de s'�loigner.

--Surtout, pas de sc�ne! suppliait le comte.

L'interrogatoire ne fut pas long. Pan Joachim se d�fendit fort mal; le
soir m�me, il prenait cong� et s'en retournait � Lemberg.


V

Le mandataire du comte Dolkonski, fils d'un employ� allemand, �tait plus
Polonais que les Polonais eux-m�mes; il maltraitait les paysans et,
contre toute justice, les faisait travailler sans rel�che de l'aurore �
la nuit, sur les terres seigneuriales, ne leur laissant pas une heure
pour moissonner leurs propres champs. Tant que la saison fut belle, les
paysans ob�irent sans trop de murmures, mais de violents orages ayant
d�truit les r�coltes sur l'autre rive du Dniester, ils commenc�rent �
craindre d'�tre ruin�s eux-m�mes et consult�rent l'oracle, c'est-�dire
Z�non. Celui-ci leur lut la formule du robot et leur exposa clairement
leurs droits aussi bien que leurs devoirs; investi des fonctions
d'orateur, il se rendit, avec les juges des quatorze villages qui
relevaient de la seigneurie, devant le tyrannique mandataire. Aux
premiers mots qu'il pronon�a, celui-ci se boucha les oreilles:

--Vous n'avez, disait-il, qu'� travailler la nuit.

Mais Z�non ne se laissa pas intimider.

--Toutes les communes, d�clara-t-il, ont, selon la loi, satisfait au
robot. Nul paysan ne travaillera donc davantage.

--On les forcera bien, s'�cria le mandataire, se levant furieux.

--Prenez garde qu'on ne vous force vous-m�me! r�pliqua Z�non.

Et il se retira majestueusement avec les juges.

Les paysans agirent selon les d�clarations de Z�non, et le mandataire,
de son c�t�, r�alisa ses menaces. D�s le lendemain, il fit irruption, �
la t�te des heiduques et des cosaques de la seigneurie, dans le village
de Tchernovogrod, et les travailleurs furent chass�s � coups de fouet
de leurs champs sur ceux du seigneur. Mais tout �tait pr�vu: le tocsin
sonna aussit�t dans les divers villages, et une arm�e de paysans munis
de faux et de fl�aux marcha sur le ch�teau, dont les portes furent
aussit�t ferm�es. Pr�caution vaine: Z�non avait d�j� envahi le jardin et
p�n�tr� dans la cour avec un corps consid�rable. A ses c�t�s marchait
machinalement Mordica� le poltron, p�le comme la mort.

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Books | Photos | Paul Mutton | Sun 28th Dec 2025, 17:39