Le legs de Caïn by Leopold Ritter von Sacher-Masoch


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Page 106

--Non, je me trouve bien de travailler.

--Tu es donc heureux?

--Je le suis maintenant, reprit-il avec un regard qui la rendit toute
confuse.

--Et vous, reprit-il, n'�tes-vous pas heureuse?

--Oh! r�pondit Marie-Casimire, on ne se soucie que trop de mon bonheur!
Ma m�re pousse le z�le jusqu'� m'avoir d�j� assur� un mari.

Z�non tressaillit douloureusement.

--J'esp�re, mademoiselle, que vous n'�pouserez jamais un homme sans
l'aimer.

--Assur�ment non, r�pliqua Marie en fixant sur lui ses yeux limpides.

Marie-Casimire se leva, prit une faucille et se mit � couper du bl�
aupr�s de Z�non.

--Tu vois, dit-elle avec un sourire, tandis qu'il contemplait ravi les
lignes sveltes de sa taille �l�gante, auxquelles le mouvement de la
faucille ajoutait de nouvelles s�ductions, tu vois, j'en viens � bout,
moi aussi.

Une gouvernante parut, tout en nage et courrouc�e. Apr�s quelques
r�primandes, elle emmena son �l�ve, et depuis lors Marie-Casimire ne
vint plus dans les bl�s. Pour la revoir, il fallait que Z�non ferm�t les
yeux durant les nuits qu'il passait � r�ver assis sur la lisi�re des
bois. Ce fut dans cette attitude que le retrouva Mordica�, qui avait
pass� tout le temps de la moisson � parcourir les environs en achetant
aux paysans des peaux de b�tes et du bl�. Le vieux juif secoua la
t�te et prit place � ses c�t�s, sans souffler mot. La brise glissait
doucement au-dessus des hautes branches; un bruit d'ailes, un frisson
dans le feuillage avertissait les deux amis qu'un oiseau s'�tait
effarouch�, qu'un chevreuil endormi avait dress� l'oreille. Mille vers
luisants brillaient sous les buissons humides.

--Qu'avez-vous? demanda enfin le vieux _faktor_.

--As-tu vu la jeune comtesse? r�pondit Z�non en ouvrant les yeux. Elle
est belle comme un ange.

Mordica� ouvrit les yeux � son tour, mais ce fut de surprise.

--Savez-vous, dit-il, ce que nous lisons dans le _Talmud_: �Ne tiens pas
compte du luxe de la cruche, mais vois s'il y a dedans du bon vin ou de
l'eau claire.�

Z�non approuva de la t�te.

--Aussi ai-je regard� au plus profond de son �me. Ce n'est pas une
femme, c'est une �toile ravie au ciel, te dis-je!

Mordica� prit sa t�te � deux mains.

--J'ai peur... commen�a-t-il.

Au m�me instant, un doigt osseux vint frapper son �paule, et une voix
enrou�e lui dit � l'oreille:

--N'aie pas peur; si je donne un philtre � Paschal, elle l'aimera.

Patrowna �tait debout derri�re les deux hommes, �clair�e en plein par la
lune.

--Merci, lui dit Z�non avec un sourire, merci de ton philtre; j'en
connais un meilleur.

Lorsque, le dimanche suivant, Marie-Casimire sortit de l'�glise apr�s la
grand'messe, Z�non puisa de l'eau b�nite dans le creux de sa main et la
lui pr�senta.

Elle y trempa ses doigts, qui doucement l'effleur�rent.

--J'esp�re, au moins, que ce gar�on a les mains propres, dit Pan Joachim
d'un ton moqueur.

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Books | Photos | Paul Mutton | Sun 28th Dec 2025, 13:53