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Page 105
--A cent pas d'ici, pr�s du sureau.
Ils avanc�rent silencieusement. Tout � coup, Pan Joachim s'arr�ta court,
avec un signe de croix.
--Vois-tu? murmura-t-il.
En effet, sur la lisi�re de la for�t brillait une �trange clart�. Le
vent roulait des nuages noirs, et le cri fun�bre du hibou se faisait
entendre.
--Voici l'endroit, murmura Patrowna en tra�ant un cercle magique �
l'aide de son b�ton.
--Allons, vieille, lui dit Pan Joachim, c'est le moment de nous
recommander au diable: j'esp�re que tu es bien avec lui?
Patrowna alluma au milieu du cercle un petit feu, y jeta, par trois
fois, diverses herbes magiques, y versa, par trois fois encore, le
liquide inconnu que renfermait une cruche de terre, puis pronon�a des
invocations myst�rieuses dans une langue que ne comprit aucun de ses
compagnons. Enfin d'une voix qui semblait sortir des entrailles de la
terre:
--Il est temps, dit-elle, de commencer � creuser.
Pan Joachim et Popiel d�fonc�rent � grand'peine la terre dess�ch�e. Au
bout d'un quart d'heure, la sueur ruisselait de leurs fronts. Popiel
s'arr�ta:
--Je n'en puis plus; la force me manque.
Pour le r�conforter, son patron lui allongea un coup de pied.
--Tais-toi, et travaille.
Ils continu�rent � creuser; enfin Joachim lui-m�me se fatigua.
--Le diable joue son jeu, grommela-t-il; je me sens comme paralys�.
Dans le fourr� se dressa soudain une haute figure �clair�e par la lune.
--Qui est l�? demanda Popiel tout tremblant.
C'�tait Z�non, qui avait pass� la nuit � r�ver sous les grands ch�nes.
--Que faites-vous? demanda-t-il � son tour sans r�pondre.
--Ne t'en informe pas, aide-nous plut�t, s'�cria Pan Joachim.
--Si je puis vous rendre service, je le ferai avec plaisir, r�pondit
Z�non.
--Aide-nous, mon Paschal, dit la vieille en le caressant, et tu auras ta
part.
--Je n'ai pas besoin d'argent, r�pondit Z�non en prenant une des b�ches.
Les mottes volaient autour de lui; bient�t il fut dans le trou jusqu'aux
�paules. Les deux autres l'aidaient alternativement; l'orient se teignit
enfin de rose, et les oiseaux commenc�rent � gazouiller.
--Assez! dit Pan Joachim. La vieille s'est moqu�e de nous.
Il voulut payer la peine de Z�non, mais celui-ci se mit � rire et s'en
alla.
--Eh bien! dit Popiel � son noble compagnon. Et tes dettes?
Pour toute r�ponse, Pan Joachim lui donna un �loquent soufflet.
Le lendemain encore, Marie-Casimire rendit visite aux faucheurs. Il
�tait midi: le ciel pur �tincelait, le soleil dardait ses rayons
br�lants sur toute la campagne, o� nulle part on ne voyait d'ombre.
Z�non courut couper quelques arbustes dans la for�t voisine et en forma,
pour la jeune comtesse, un frais berceau de verdure. Elle le remercia en
rougissant et s'assit sur une gerbe.
--Est-ce qu'un si dur travail, demanda-t-elle apr�s un silence, ne te
co�te pas un peu parfois?
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