Le legs de Caïn by Leopold Ritter von Sacher-Masoch


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Page 100

Lorsque Z�non entra en souriant dans la chambre de la dame de Saroki,
celle-ci, v�tue d'une kazaba�ka d'�toffe turque, une rose rouge dans les
cheveux, �tait blottie sur un divan, les jambes crois�es � l'orientale,
et fumait une cigarette.

--Ton nom? dit-elle en contemplant avec satisfaction ce svelte et
vigoureux gar�on.

--Paschal.

--Eh bien! Paschal, tu me plais. Reste chez moi, ajouta-t-elle
n�gligemment, et d'abord viens plus pr�s, viens ici, � mes pieds.

--Ma charmante dame, r�pondit Z�non, c'est la mani�re des chats de
commencer cette sorte de commerce en se mordant et s'�gratignant. Moi,
j'ai d'autres id�es sur l'amour.

Il s'inclina profond�ment et laissa la pauvre petite femme d�concert�e
pour la premi�re fois de sa vie peut-�tre.

Z�non et le vieux Mordica� se dirig�rent ensuite vers la seigneurie
de Dobrowlani, dont le ma�tre donnait depuis longtemps � l'aspirant
r�formateur des sujets d'indignation. D'abord il se joignit aux
travailleurs des champs et se borna tranquillement � observer, tout en
faisant sa besogne. La vieille Patrowna, qui comptait parmi les paysans
du baron et dont la chaumi�re �tait situ�e � l'�cart des autres, tout au
fond de la for�t, l'avait re�u chez elle. Il vivait ainsi sous le m�me
toit qu'Azaria, laquelle �tait venue chez sa grand'm�re dans l'espoir
d'�chapper aux humiliations et aux railleries qui la poursuivaient chez
elle, car, sans avoir jamais �t� mari�e, Azaria �tait enceinte. Si elle
e�t port� dans son sein l'enfant d'un paysan, personne ne lui e�t jet�
la pierre, mais le peuple des campagnes en Gallicie, au temps du robot,
n'�tait nullement dispos� � excuser celle de ses filles qui �coutait un
gentilhomme. Les paysans de Dobrowlani surent vite que la petite-fille
de Patrowna avait re�u de Pan Joachim Bochenski, le neveu libertin du
riche comte Dolkonski, plusieurs rangs de corail et une pelisse neuve en
peau d'agneau pour prix de son d�shonneur. Des murmures, ils pass�rent
aux menaces, et leur col�re �clata enfin un samedi soir, comme ils
revenaient du robot.

Z�non, le couvre-feu sonn�, rencontra, dans la rue du village, une
centaine d'hommes qui conduisaient au milieu d'eux Azaria �plor�e, v�tue
seulement d'une chemise, les pieds nus, une couronne de paille sur ses
cheveux d�nou�s. Rouge de honte, le visage cach� dans ses mains, la
p�nitente marchait sous les hu�es de la foule, tandis que, sourds aux
supplications de sa grand'm�re, les enfants lui jetaient de la boue et
les femmes la poussaient en avant � coups de b�ton; les hommes cependant
chantaient des couplets satiriques plus injurieux que tout le reste.


III

La voix de Z�non arr�ta le cort�ge.

--Que faites-vous? criait cette voix claire et vibrante, qui domina
soudain tout le tumulte; de m�me �clate une trompette au-dessus des
bruits de la bataille.

--Le peuple va juger! cri�rent vingt hommes ensemble.

--Juger qui?

La vieille Patrowna se fit place jusqu'� lui et r�pondit:

--Une pauvre fille s�duite. Prot�ge-nous, Paschal!... Dieu t'envoie...

--A l'eau, la sorci�re! hurl�rent quelques enrag�s.

Et deux jeunes gar�ons saisirent la malheureuse a�eule. Mordica�
Parchen, qui s'�tait tenu derri�re les larges �paules de Z�non, fut si
effray� qu'il grimpa au fa�te de l'arbre le plus proche avec la vitesse
d'un �cureuil.

--Assez! dit Z�non; on ne noiera personne, et il n'y aura pas de
jugement.

--Homme, fit un vieillard, qui es-tu pour t'opposer � la commune?

--Et qui �tes-vous, r�pliqua Z�non, pour oser juger cette faible
cr�ature? �tes-vous des anges, des saints? Aucun de vous n'a-t-il viol�
les devoirs sacr�s du mariage? Bien des femmes peut-�tre, parmi celles
qui sont ici � insulter leur soeur tomb�e, ne r�sisteraient pas �
quelques rangs de corail, le cas �ch�ant.

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Books | Photos | Paul Mutton | Sun 28th Dec 2025, 0:44