Le legs de Caïn by Leopold Ritter von Sacher-Masoch


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Page 101

Un homme de grande taille, le bonnet militaire sur la t�te, se jeta sur
Z�non, mais au moment m�me un vieillard � barbe blanche vint au secours
de celui-ci: c'�tait le mendiant qu'il avait arrach� aux jolies griffes
de Pani Witolowska. De son c�t�, Mordica� criait � tue-t�te du haut de
son arbre:

--Au secours! au secours! ne le touchez pas!

Z�non avait abattu son adversaire d'un coup de poing; le b�ton � la
main, il tenait la foule en respect, couvrant Azaria de son corps. Tout
� coup, il arracha la couronne de paille qui cachait les cheveux de la
coupable, et la jetant aux pieds des juges:

--Que celui d'entre vous qui se croit le droit de condamner cette femme
avance d'un pas, et je le tuerai comme un blasph�mateur... Le Christ
n'est pas mort pour les bons, mais pour les p�cheurs, et quiconque
est sorti du sein de la femme est un p�cheur. Rentrez en vous-m�mes,
humiliez-vous, ne tentez pas Dieu, qui a d�fendu la haine et prescrit la
charit�.

Ces paroles retentirent au milieu d'un profond silence, puis plusieurs
voix s'�lev�rent:

--C'est la v�rit�...

--Retirez-vous, dit un vieillard, la sagesse est dans la bouche de ce
jeune homme. Le Ciel l'a suscit� parmi nous.

--Dieu laisse briller son soleil sur le juste et sur l'injuste, criait
le juif du haut de son arbre. Ne soyez pas plus s�v�res que Dieu, plus
impitoyables que le soleil.

Une voiture qui passait divisa la foule, et le docteur Len�tre, ayant
reconnu Z�non, fit arr�ter. On lui exposa le cas.

--Vous m�ritez, dit-il aux tourmenteurs d'Azaria, que la peste vous
enl�ve tous. Voyez ce jeune �tranger; il vaut mieux � lui tout seul que
cent mille d'entre vous. Quiconque s'attaquera � lui ou � la fille que
voici aura affaire � moi.

Le m�decin fran�ais avait une grande influence sur ces gens, qu'il
soignait en leurs maladies. Tandis que sa voiture disparaissait dans un
nuage de poussi�re, la multitude commen�a lentement � se disperser.

--Si vous voulez juger quelqu'un, jugez donc le s�ducteur, dit d'un
ton ironique aux plus obstin�s le juif Mordica�, qui s'�tait d�cid� �
redescendre de l'arbre.

--C'est un seigneur, nous n'avons pas de pouvoir sur lui, r�pondit-on.

--Parce que vous �tes des l�ches! s'�cria Azaria, oui, des l�ches,
capables seulement de maltraiter une pauvre fille abandonn�e. Tant pis
pour vous! Pourquoi ne pas vous r�volter contre le ma�tre qui a enlev� �
Nazaretian son Olexa et enr�l� le fianc� de force. Pourquoi, dites?...

Personne ne souffla mot, mais Z�non prenant Azaria par la main:

--Viens, dit-il, je te reconduirai chez toi, et tu me diras tout ce qui
concerne ce Nazaretian et cette Olexa.

Elle ob�it. C'�tait une triste histoire.

La nuit m�me, le baron Orlowski, ma�tre de Dobrowlani, fut �veill� par
une voix formidable qui criait � ses oreilles:

--L�ve-toi, tyran! l'heure du jugement est venue pour toi!

Et il aper�ut Z�non au pied de son lit, une faux � la main. Les rouges
lueurs de la lampe de nuit vacillaient, semblables � des taches de sang,
sur le fer aiguis�. A peine sorti de son sommeil, il crut voir le grand
faucheur qui fauche les rois comme de simples �pis.

--Les morts sont-ils ressuscit�s? s'�cria-t-il, plein d'�pouvante.

--Non, r�pondit Z�non; mais les vivants r�clament leurs droits.

Mordica�, debout derri�re son jeune ma�tre, claquait des dents, � demi
fou de peur, car le baron avait saisi les pistolets accroch�s � son
chevet.

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Books | Photos | Paul Mutton | Sun 28th Dec 2025, 2:47