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Page 14
J'allais dans la maison, cherchant partout des traces
d'effraction, et n'en trouvant nulle part. Je descendis dans le
jardin pour voir si les assassins avaient pu s'introduire de ce
c�t�; mais je ne trouvai aucun indice certain. La pluie de la
veille avait d'ailleurs tellement d�tremp� le sol, qu'il n'aurait
pu garder d'empreinte bien nette. J'observai pourtant quelques pas
profond�ment imprim�s dans la terre: il y en avait dans deux
directions contraires, mais sur une m�me ligne, partant de l'angle
de la haie contigu� au jeu de paume et aboutissant � la porte de
la maison. Ce pouvaient �tre les pas de M. Alphonse lorsqu'il
�tait all� chercher son anneau au doigt de la statue. D'un autre
c�t�, la haie, en cet endroit, �tant moins fourr�e qu'ailleurs, ce
devait �tre sur ce point que les meurtriers l'auraient franchie.
Passant et repassant devant la statue, je m'arr�tai un instant
pour la consid�rer. Cette fois, je l'avouerai, je ne pus
contempler sans effroi son expression de m�chancet� ironique; et,
la t�te toute pleine des sc�nes horribles dont je venais d'�tre le
t�moin, il me sembla voir une divinit� infernale applaudissant au
malheur qui frappait cette maison.
Je regagnai ma chambre et j'y restai jusqu'� midi. Alors je sortis
et demandai des nouvelles de mes h�tes. Ils �taient un peu plus
calmes. Mademoiselle de Puygarrig, je devrais dire la veuve de
M. Alphonse, avait repris connaissance. Elle avait m�me parl� au
procureur du roi de Perpignan, alors en tourn�e � Ille, et ce
magistrat avait re�u sa d�position. Il me demanda la mienne. Je
lui dis ce que je savais, et ne lui cachai pas mes soup�ons contre
le muletier aragonais. Il ordonna qu'il f�t arr�t� sur-le-champ.
�Avez-vous appris quelque chose de madame Alphonse?� demandai-je
au procureur du roi, lorsque ma d�position fut �crite et sign�e.
�Cette malheureuse jeune personne est devenue folle, me dit-il en
souriant tristement. Folle! tout � fait folle. Voici ce qu'elle
conte:
�Elle �tait couch�e, dit-elle, depuis quelques minutes, les
rideaux tir�s, lorsque la porte de sa chambre s'ouvrit, et
quelqu'un entra. Alors madame Alphonse �tait dans la ruelle du
lit, la figure tourn�e vers la muraille. Elle ne fit pas un
mouvement, persuad�e que c'�tait son mari. Au bout d'un instant le
lit cria comme s'il �tait charg� d'un poids �norme. Elle eut
grand'peur, mais n'osa pas tourner la t�te. Cinq minutes, dix
minutes peut-�tre... elle ne peut se rendre compte du temps, se
pass�rent de la sorte. Puis elle fit un mouvement involontaire, ou
bien la personne qui �tait dans le lit en fit un, et elle sentit
le contact de quelque chose de froid comme la glace, ce sont ses
expressions. Elle s'enfon�a dans la ruelle tremblant de tous ses
membres. Peu apr�s, la porte s'ouvrit une seconde fois, et
quelqu'un entra, qui dit: Bonsoir, ma petite femme. Bient�t apr�s
on tira les rideaux. Elle entendit un cri �touff�. La personne qui
�tait dans le lit, � c�t� d'elle, se leva sur son s�ant et parut
�tendre les bras en avant. Elle tourna la t�te alors... et vit,
dit-elle, son mari � genoux aupr�s du lit, la t�te � la hauteur de
l'oreiller, entre les bras d'une esp�ce de g�ant verd�tre qui
l'�treignait avec force. Elle dit, et m'a r�p�t� vingt fois,
pauvre femme!... elle dit qu'elle a reconnu... devinez-vous? la
V�nus de bronze, la statue de M. de Peyrehorade... Depuis qu'elle
est dans le pays, tout le monde en r�ve. Mais je reprends le r�cit
de la malheureuse folle. � ce spectacle, elle perdit connaissance,
et probablement depuis quelques instants elle avait perdu la
raison. Elle ne peut en aucune fa�on dire combien de temps elle
demeura �vanouie. Revenue � elle, elle revit le fant�me, ou la
statue, comme elle dit toujours, immobile, les jambes et le bas du
corps dans le lit, le buste et les bras �tendus en avant, et entre
ses bras son mari, sans mouvement. Un coq chanta. Alors la statue
sortit du lit, laissa tomber le cadavre et sortit. Mme Alphonse se
pendit � la sonnette, et vous savez le reste.�
On amena l'Espagnol; il �tait calme, et se d�fendit avec beaucoup
de sang-froid et de pr�sence d'esprit. Du reste, il ne nia pas le
propos que j'avais entendu; mais il l'expliquait, pr�tendant qu'il
n'avait voulu dire autre chose, sinon que le lendemain, repos�
qu'il serait, il aurait gagn� une partie de paume � son vainqueur.
Je me rappelle qu'il ajouta:
�Un Aragonais, lorsqu'il est outrag�, n'attend pas au lendemain
pour se venger. Si j'avais cru que M. Alphonse e�t voulu
m'insulter, je lui aurais sur-le-champ donn� de mon couteau dans
le ventre.�
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