La Vénus d'Ille by Prosper Mérimée


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Page 15

On compara ses souliers avec les empreintes de pas dans le jardin;
ses souliers �taient beaucoup plus grands.

Enfin l'h�telier chez qui cet homme �tait log� assura qu'il avait
pass� toute la nuit � frotter et � m�dicamenter un de ses mulets
qui �tait malade.

D'ailleurs cet Aragonais �tait un homme bien fam�, fort connu dans
le pays, o� il venait tous les ans pour son commerce. On le
rel�cha donc en lui faisant des excuses.

J'oubliais la d�position d'un domestique qui le dernier avait vu
M. Alphonse vivant. C'�tait au moment qu'il allait monter chez sa
femme, et, appelant cet homme, il lui demanda d'un air
d'inqui�tude s'il savait o� j'�tais. Le domestique r�pondit qu'il
ne m'avait point vu. Alors M. Alphonse fit un soupir et resta plus
d'une minute sans parler, puis il dit: Allons! le diable l'aura
emport� aussi!

Je demandai � cet homme si M. Alphonse avait sa bague de diamants,
lorsqu'il lui parla. Le domestique h�sita pour r�pondre; enfin il
dit qu'il ne le croyait pas, qu'il n'y avait fait au reste aucune
attention. �S'il avait eu cette bague au doigt, ajouta-t-il en se
reprenant, je l'aurais sans doute remarqu�e, car je croyais qu'il
l'avait donn�e � madame Alphonse.�

En questionnant cet homme je ressentais un peu de la terreur
superstitieuse que la d�position de Mme Alphonse avait r�pandue
dans toute la maison. Le procureur du roi me regarda en souriant,
et je me gardai bien d'insister.

Quelques heures apr�s les fun�railles de M. Alphonse, je me
disposai � quitter Ille. La voiture de M. de Peyrehorade devait me
conduire � Perpignan. Malgr� son �tat de faiblesse, le pauvre
vieillard voulut m'accompagner jusqu'� la porte de son jardin.
Nous le travers�mes en silence, lui se tra�nant � peine, appuy�
sur mon bras. Au moment de nous s�parer, je jetai un dernier
regard sur la V�nus. Je pr�voyais bien que mon h�te, quoiqu'il ne
partage�t point les terreurs et les haines qu'elle inspirait � une
partie de sa famille, voudrait se d�faire d'un objet qui lui
rappellerait sans cesse un malheur affreux. Mon intention �tait de
l'engager � la placer dans un mus�e. J'h�sitais pour entrer en
mati�re, quand M. de Peyrehorade tourna machinalement la t�te du
c�t� o� il me voyait regarder fixement. Il aper�ut la statue et
aussit�t fondit en larmes. Je l'embrassai, et, sans oser lui dire
un seul mot, je montai dans la voiture.

Depuis mon d�part je n'ai point appris que quelque jour nouveau
soit venu �clairer cette myst�rieuse catastrophe.

M. de Peyrehorade mourut quelques mois apr�s son fils. Par son
testament il m'a l�gu� ses manuscrits, que je publierai peut-�tre
un jour. Je n'y ai point trouv� le m�moire relatif aux
inscriptions de la V�nus.

P. S. Mon ami M. de P. vient de m'�crire que la statue n'existe
plus. Apr�s la mort de son mari, le premier soin de Madame de
Peyrehorade fut de la faire fondre en cloche, et sous cette
nouvelle forme elle sert � l'�glise d'Ille. Mais, ajoute M. de P.,
il semble qu'un mauvais sort poursuive ceux qui poss�dent ce
bronze. Depuis que cette cloche sonne � l'Ille, les vignes ont
gel� deux fois.

1837.





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Books | Photos | Paul Mutton | Tue 16th Dec 2025, 6:18