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Page 13
Durant mon monologue, que j'abr�ge beaucoup, j'avais entendu force
all�es et venues dans la maison, les portes s'ouvrir et se fermer,
des voitures partir; puis il me semblait avoir entendu sur
l'escalier les pas l�gers de plusieurs femmes se dirigeant vers
l'extr�mit� du corridor oppos� � ma chambre. C'�tait probablement
le cort�ge de la mari�e qu'on menait au lit. Ensuite on avait
redescendu l'escalier. La porte de madame de Peyrehorade s'�tait
ferm�e. Que cette pauvre fille, me dis-je, doit �tre troubl�e et
mal � son aise! Je me tournais dans mon lit de mauvaise humeur. Un
gar�on joue un sot r�le dans une maison o� s'accomplit un mariage.
Le silence r�gnait depuis quelque temps lorsqu'il fut troubl� par
des pas lourds qui montaient l'escalier. Les marches de bois
craqu�rent fortement.
�Quel butor! m'�criai-je. Je parie qu'il va tomber dans
l'escalier.�
Tout redevint tranquille. Je pris un livre pour changer le cours
de mes id�es. C'�tait une statistique du d�partement, orn�e d'un
m�moire de M. de Peyrehorade sur les monuments druidiques de
l'arrondissement de Prades. Je m'assoupis � la troisi�me page.
Je dormis mal et me r�veillai plusieurs fois. Il pouvait �tre cinq
heures du matin, et j'�tais �veill� depuis plus de vingt minutes
lorsque le coq chanta. Le jour allait se lever. Alors j'entendis
distinctement les m�mes pas lourds, le m�me craquement de
l'escalier que j'avais entendus avant de m'endormir. Cela me parut
singulier. J'essayai, en b�illant, de deviner pourquoi M. Alphonse
se levait si matin. Je n'imaginais rien de vraisemblable. J'allais
refermer les yeux lorsque mon attention fut de nouveau excit�e par
des tr�pignements �tranges auxquels se m�l�rent bient�t le
tintement des sonnettes et le bruit de portes qui s'ouvraient avec
fracas, puis je distinguai des cris confus.
Mon ivrogne aura mis le feu quelque part! pensais-je en sautant �
bas de mon lit.
Je m'habillai rapidement et j'entrai dans le corridor. De
l'extr�mit� oppos�e partaient des cris et des lamentations, et une
voix d�chirante dominait toutes les autres: �Mon fils! mon fils!�
Il �tait �vident qu'un malheur �tait arriv� � M. Alphonse. Je
courus � la chambre nuptiale: elle �tait pleine de monde. Le
premier spectacle qui frappa ma vue fut le jeune homme � demi-
v�tu, �tendu en travers sur le lit dont le bois �tait bris�. Il
�tait livide, sans mouvement. Sa m�re pleurait et criait � c�t� de
lui. M. de Peyrehorade s'agitait, lui frottait les tempes avec de
l'eau de Cologne, ou lui mettait des sels sous le nez. H�las!
depuis longtemps son fils �tait mort. Sur un canap�, � l'autre
bout de la chambre, �tait la mari�e, en proie � d'horribles
convulsions. Elle poussait des cris inarticul�s, et deux robustes
servantes avaient toutes les peines du monde � la contenir.
�Mon Dieu! m'�criai-je, qu'est-il donc arriv�?�
Je m'approchai du lit et soulevai le corps du malheureux jeune
homme; il �tait d�j� roide et froid. Ses dents serr�es et sa
figure noircie exprimaient les plus affreuses angoisses. Il
paraissait assez que sa mort avait �t� violente et son agonie
terrible. Nulle trace de sang cependant sur ses habits. J'�cartai
sa chemise et vis sur sa poitrine une empreinte livide qui se
prolongeait sur les c�tes et le dos. On e�t dit qu'il avait �t�
�treint dans un cercle de fer. Mon pied posa sur quelque chose de
dur qui se trouvait sur le tapis; je me baissai et vis la bague de
diamants.
J'entra�nai M. de Peyrehorade et sa femme dans leur chambre; puis
j'y fis porter la mari�e. �Vous avez encore une fille, leur dis-
je, vous lui devez vos soins.� Alors je les laissai seuls.
Il ne me paraissait pas douteux que M. Alphonse n'e�t �t� victime
d'un assassinat dont les auteurs avaient trouv� moyen de
s'introduire la nuit dans la chambre de la mari�e. Ces
meurtrissures � la poitrine, leur direction circulaire
m'embarrassaient beaucoup pourtant, car un b�ton ou une barre de
fer n'aurait pu les produire. Tout d'un coup je me souvins d'avoir
entendu dire qu'� Valence des braves se servaient de longs sacs de
cuir remplis de sable fin pour assommer les gens dont on leur
avait pay� la mort. Aussit�t je me rappelai le muletier aragonais
et sa menace; toutefois j'osais � peine penser qu'il e�t tir� une
si terrible vengeance d'une plaisanterie l�g�re.
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