Main
- books.jibble.org
My Books
- IRC Hacks
Misc. Articles
- Meaning of Jibble
- M4 Su Doku
- Computer Scrapbooking
- Setting up Java
- Bootable Java
- Cookies in Java
- Dynamic Graphs
- Social Shakespeare
External Links
- Paul Mutton
- Jibble Photo Gallery
- Jibble Forums
- Google Landmarks
- Jibble Shop
- Free Books
- Intershot Ltd
|
books.jibble.org
Previous Page
| Next Page
Page 8
�Belle fille, par le sang de la Madone! dit le matelot; si toutes
les puces de mon lit lui ressemblaient, je ne me plaindrais pas
d'en �tre mordu!�
Miss Lydia entendit peut-�tre cet �loge na�f de sa beaut� et s'en
effaroucha, car elle descendit presque aussit�t dans sa chambre.
Bient�t apr�s Orso se retira de son c�t�. D�s qu'il eut quitt� le
tillac, la femme de chambre remonta, et, apr�s avoir fait subir un
interrogatoire au matelot, rapporta les renseignements suivants �
sa ma�tresse: la ballata interrompue par la pr�sence d'Orso avait
�t� compos�e � l'occasion de la mort du colonel della Rebbia, p�re
du susdit, assassin� il y avait deux ans. Le matelot ne doutait
pas qu'Orso ne rev�nt en Corse pour faire la vengeance, c'�tait
son expression, et affirmait qu'avant peu on verrait de la viande
fra�che dans le village de Pietranera. Traduction faite de ce
terme national, il r�sultait que le seigneur Orso se proposait
d'assassiner deux ou trois personnes soup�onn�es d'avoir assassin�
son p�re, lesquelles, � la v�rit�, avaient �t� recherch�es en
justice pour ce fait, mais s'�taient trouv�es blanches comme neige
attendu qu'elles avaient dans leur manche juges, avocats, pr�fets
et gendarmes.
�Il n'y a pas de justice en Corse, ajoutait le matelot, et je fais
plus de cas d'un bon fusil que d'un conseiller � la cour royale.
Quand on a un ennemi, il faut choisir entre les trois S.[6]�
Ces renseignements int�ressants chang�rent d'une fa�on notable les
mani�res et les dispositions de miss Lydia � l'�gard du lieutenant
della Rebbia. D�s ce moment il �tait devenu un personnage aux yeux
de la romanesque Anglaise. Maintenant cet air d'insouciance, ce
ton de franchise et de bonne humeur, qui d'abord l'avaient
pr�venue d�favorablement, devenaient pour elle un m�rite de plus,
car c'�tait la profonde dissimulation d'une �me �nergique, qui ne
laisse percer � l'ext�rieur aucun des sentiments qu'elle renferme.
Orso lui parut une esp�ce de Fiesque, cachant de vastes desseins
sous une apparence de l�g�ret�; et, quoiqu'il soit moins beau de
tuer quelques coquins que de d�livrer sa patrie, cependant une
belle vengeance est belle; et d'ailleurs les femmes aiment assez
qu'un h�ros ne soit pas homme politique. Alors seulement miss
Nevil remarqua que le jeune lieutenant avait de fort grands yeux,
des dents blanches, une taille �l�gante, de l'�ducation et quelque
usage du monde. Elle lui parla souvent dans la journ�e suivante,
et sa conversation l'int�ressa. Il fut longuement questionn� sur
son pays, et il en parlait bien. La Corse, qu'il avait quitt�e
fort jeune, d'abord pour aller au coll�ge, puis � l'�cole
militaire, �tait rest�e dans son esprit par�e de couleurs
po�tiques. Il s'animait en parlant de ses montagnes, de ses
for�ts, des coutumes originales de ses habitants. Comme on peut le
penser, le mot de vengeance se pr�senta plus d'une fois dans ses
r�cits, car il est impossible de parler des Corses sans attaquer
ou sans justifier leur passion proverbiale. Orso surprit un peu
miss Nevil en condamnant d'une mani�re g�n�rale les haines
interminables de ses compatriotes. Chez les paysans, toutefois, il
cherchait � les excuser, et pr�tendait que la vendette est le duel
des pauvres. �Cela est si vrai, disait-il, qu'on ne s'assassine
qu'apr�s un d�fi en r�gle. Garde-toi, je me garde, telles sont les
paroles sacramentelles qu'�changent des ennemis avant de se tendre
des embuscades l'un � l'autre. Il y a plus d'assassinats chez
nous, ajoutait-il, que partout ailleurs; mais jamais vous ne
trouverez une cause ignoble � ces crimes. Nous avons, il est vrai,
beaucoup de meurtriers, mais pas un voleur.�
Lorsqu'il pronon�ait les mots de vengeance et de meurtre, miss
Lydia le regardait attentivement, mais sans d�couvrir sur ses
traits la moindre trace d'�motion. Comme elle avait d�cid� qu'il
avait la force d'�me n�cessaire pour se rendre imp�n�trable � tous
les yeux, les siens except�s, bien entendu, elle continua de
croire fermement que les m�nes du colonel della Rebbia
n'attendraient pas longtemps la satisfaction qu'ils r�clamaient.
D�j� la go�lette �tait en vue de la Corse. Le patron nommait les
points principaux de la c�te, et, bien qu'ils fussent tous
parfaitement inconnus � miss Lydia, elle trouvait quelque plaisir
� savoir leurs noms. Rien de plus ennuyeux qu'un paysage anonyme.
Parfois la longue-vue du colonel faisait apercevoir quelque
insulaire, v�tu de drap brun, arm� d'un long fusil, mont� sur un
petit cheval, et galopant sur des pentes rapides. Miss Lydia, dans
chacun, croyait voir un bandit, ou bien un fils allant venger la
mort de son p�re; mais Orso assurait que c'�tait quelque paisible
habitant du bourg voisin voyageant pour ses affaires; qu'il
portait un fusil moins par n�cessit� que par galanterie, par mode,
de m�me qu'un dandy ne sort qu'avec une canne �l�gante. Bien qu'un
fusil soit une arme moins noble et moins po�tique qu'un stylet,
miss Lydia trouvait que, pour un homme, cela �tait plus �l�gant
qu'une canne, et elle se rappelait que tous les h�ros de lord
Byron meurent d'une balle et non d'un classique poignard.
Previous Page
| Next Page
|
|