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Page 4
�S'entrassi 'ndru Paradisu santu, santu,
E nun truvassi a tia, mi n'esciria.�[2]
Miss Lydia comprit, et trouvant la citation audacieuse et plus
encore le regard qui l'accompagnait, elle r�pondit en rougissant:
�Capisco.�
�Et vous retournez dans votre pays en semestre? demanda le
colonel.
-- Non, mon colonel. Ils m'ont mis en demi-solde probablement
parce que j'ai �t� � Waterloo et que je suis compatriote de
Napol�on. Je retourne chez moi, l�ger d'espoir, l�ger d'argent,
comme dit la chanson.�
Et il soupira en regardant le ciel.
Le colonel mit la main � sa poche, et retournant entre ses doigts
une pi�ce d'or, il cherchait une phrase pour la glisser poliment
dans la main de son ennemi malheureux.
�Et moi aussi, dit-il, d'un ton de bonne humeur, on m'a mis en
demi-solde; mais... avec votre demi-solde vous n'avez pas de quoi
vous acheter du tabac. Tenez, caporal.�
Et il essaya de faire entrer la pi�ce d'or dans la main ferm�e que
le jeune homme appuyait sur le rebord de la yole.
Le jeune Corse rougit, se redressa, se mordit les l�vres, et
paraissait dispos� � r�pondre avec emportement, quand tout � coup,
changeant d'expression, il �clata de rire. Le colonel, sa pi�ce �
la main, demeurait tout �bahi.
�Colonel, dit le jeune homme reprenant son s�rieux, permettez-moi
de vous donner deux avis: le premier, c'est de ne jamais offrir de
l'argent � un Corse, car il y a de mes compatriotes assez impolis
pour vous le jeter � la t�te; le second, c'est de ne pas donner
aux gens des titres qu'ils ne r�clament point. Vous m'appelez
caporal et je suis lieutenant. Sans doute, la diff�rence n'est pas
bien grande, mais...
-- Lieutenant! s'�cria sir Thomas, lieutenant! mais le patron m'a
dit que vous �tiez caporal, ainsi que votre p�re et tous les
hommes de votre famille.�
� ces mots le jeune homme, se laissant aller � la renverse, se mit
� rire de plus belle et de si bonne gr�ce, que le patron et ses
deux matelots �clat�rent en choeur.
�Pardon, colonel, dit enfin le jeune homme; mais le quiproquo est
admirable, je ne l'ai compris qu'� l'instant. En effet, ma famille
se glorifie de compter des caporaux parmi ses anc�tres; mais nos
caporaux corses n'ont jamais eu de galons sur leurs habits. Vers
l'an de gr�ce 1100, quelques communes, s'�tant r�volt�es contre la
tyrannie des seigneurs montagnards, se choisirent des chefs
qu'elles nomm�rent caporaux. Dans notre �le, nous tenons �
l'honneur de descendre de ces esp�ces de tribuns.
-- Pardon, monsieur! s'�cria le colonel, mille fois pardon.
Puisque vous comprenez la cause de ma m�prise, j'esp�re que vous
voudrez bien l'excuser.�
Et il lui tendit la main.
�C'est la juste punition de mon petit orgueil, colonel, dit le
jeune homme riant toujours et serrant cordialement la main de
l'Anglais; je ne vous en veux pas le moins du monde. Puisque mon
ami Matei m'a si mal pr�sent�, permettez-moi de me pr�senter moi-
m�me: je m'appelle Orso della Rebbia, lieutenant en demi-solde,
et, si, comme je le pr�sume en voyant ces deux beaux chiens, vous
venez en Corse pour chasser, je serai tr�s flatt� de vous faire
les honneurs de nos maquis et de nos montagnes... si toutefois je
ne les ai pas oubli�s�, ajouta-t-il en soupirant.
En ce moment la yole touchait la go�lette. Le lieutenant offrit la
main � miss Lydia, puis aida le colonel � se guinder sur le pont.
L�, sir Thomas, toujours fort penaud de sa m�prise, et ne sachant
comment faire oublier son impertinence � un homme qui datait de
l'an 1100, sans attendre l'assentiment de sa fille, le pria �
souper en lui renouvelant ses excuses et ses poign�es de main.
Miss Lydia fron�ait bien un peu le sourcil, mais, apr�s tout, elle
n'�tait pas f�ch�e de savoir ce que c'�tait qu'un caporal; son
h�te ne lui avait pas d�plu, elle commen�ait m�me � lui trouver un
certain je ne sais quoi aristocratique; seulement il avait l'air
trop franc et trop gai pour un h�ros de roman.
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