Colomba by Prosper Mérimée


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Page 31

-- Non, mon oncle; c'est la meuni�re qui m'a donn� cela pour vous
et une couverture pour maman.

-- Qu'est-ce qu'elle me veut?

-- Elle dit que ses Lucquois, qu'elle a pris pour d�fricher, lui
demandent maintenant trente-cinq sous et les ch�taignes, � cause
de la fi�vre qui est dans le bas de Pietranera.

-- Les fain�ants!... Je verrai. -- Sans fa�on, mon lieutenant,
voulez-vous partager notre d�ner? Nous avons fait de plus mauvais
repas ensemble du temps de notre pauvre compatriote qu'on a
r�form�.

-- Grand merci. -- On m'a r�form� aussi, moi.

-- Oui, je l'ai entendu dire; mais vous n'en avez pas �t� bien
f�ch�, je gage. Histoire de r�gler votre compte � vous. -- Allons,
cur�, dit le bandit � son camarade, � table! Monsieur Orso, je
vous pr�sente monsieur le cur�, c'est-�-dire, je ne sais pas trop
s'il est cur�, mais il en a la science.

-- Un pauvre �tudiant en th�ologie, monsieur, dit le second
bandit, qu'on a emp�ch� de suivre sa vocation. Qui sait? J'aurais
pu �tre pape, Brandolaccio.

-- Quelle cause a donc priv� l'�glise de vos lumi�res? demanda
Orso.

-- Un rien, un compte � r�gler, comme dit mon ami Brandolaccio,
une soeur � moi qui avait fait des folies pendant que je d�vorais
les bouquins � l'universit� de Pise. Il me fallut retourner au
pays pour la marier. Mais le futur, trop press�, meurt de la
fi�vre trois jours avant mon arriv�e. Je m'adresse alors, comme
vous eussiez fait � ma place, au fr�re du d�funt. On me dit qu'il
�tait mari�. Que faire?

-- En effet, cela �tait embarrassant. Que f�tes-vous?

-- Ce sont de ces cas o� il faut en venir � la pierre � fusil.[16]

-- C'est-�-dire que...

-- Je lui mis une balle dans la t�te�, dit froidement le bandit.

Orso fit un mouvement d'horreur. Cependant la curiosit�, et peut-
�tre aussi le d�sir de retarder le moment o� il faudrait rentrer
chez lui, le firent rester � sa place, et continuer la
conversation avec ces deux hommes, dont chacun avait au moins un
assassinat sur la conscience.

Pendant que son camarade parlait, Brandolaccio mettait devant lui
du pain et de la viande; il se servit lui-m�me, puis il fit la
part de son chien, qu'il pr�senta � Orso sous le nom de Brusco,
comme dou� du merveilleux instinct de reconna�tre un voltigeur
sous quelque d�guisement que ce f�t. Enfin il coupa un morceau de
pain et une tranche de jambon cru qu'il donna � sa ni�ce.

�La belle vie que celle de bandit! s'�cria l'�tudiant en th�ologie
apr�s avoir mang� quelques bouch�es. Vous en t�terez peut-�tre un
jour, monsieur della Rebbia, et vous verrez combien il est doux de
ne conna�tre d'autre ma�tre que son caprice.�

Jusque-l�, le bandit s'�tait exprim� en italien; il poursuivit en
fran�ais:

�La Corse n'est pas un pays bien amusant pour un jeune homme; mais
pour un bandit, quelle diff�rence! Les femmes sont folles de nous.
Tel que vous me voyez, j'ai trois ma�tresses dans trois cantons
diff�rents. Je suis partout chez moi. Et il y en a une qui est la
femme d'un gendarme.

-- Vous savez bien des langues, monsieur, dit Orso d'un ton grave.

-- Si je parle fran�ais, c'est que, voyez-vous, maxima debetur
pueris reverentia. Nous entendons, Brandolaccio et moi, que la
petite tourne bien et marche droit.

-- Quand viendront ses quinze ans, dit l'oncle de Chilina, je la
marierai bien. J'ai d�j� un parti en vue.

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Books | Photos | Paul Mutton | Tue 23rd Dec 2025, 4:00