Colomba by Prosper Mérimée


Main
- books.jibble.org



My Books
- IRC Hacks

Misc. Articles
- Meaning of Jibble
- M4 Su Doku
- Computer Scrapbooking
- Setting up Java
- Bootable Java
- Cookies in Java
- Dynamic Graphs
- Social Shakespeare

External Links
- Paul Mutton
- Jibble Photo Gallery
- Jibble Forums
- Google Landmarks
- Jibble Shop
- Free Books
- Intershot Ltd

books.jibble.org

Previous Page | Next Page

Page 18

Lorsque le brigadier eut termin� sa d�position, Colomba, hors
d'elle-m�me, se jeta � ses genoux et le supplia, par tout ce qu'il
avait de plus sacr�, de d�clarer s'il n'avait pas laiss� le maire
seul un instant. Le brigadier, apr�s quelque h�sitation,
visiblement �mu par l'exaltation de la jeune fille, avoua qu'il
�tait all� chercher dans une pi�ce voisine une feuille de grand
papier, mais qu'il n'�tait pas rest� une minute, et que le maire
lui avait toujours parl� tandis qu'il cherchait � t�tons ce papier
dans un tiroir. Au reste, il attestait qu'� son retour le
portefeuille sanglant �tait � la m�me place, sur la table o� le
maire l'avait jet� en entrant.

M. Barricini d�posa avec le plus grand calme. Il excusait, disait-
il, l'emportement de mademoiselle della Rebbia, et voulait bien
condescendre � se justifier. Il prouva qu'il �tait rest� toute la
soir�e au village; que son fils Vincentello �tait avec lui devant
la mairie au moment du crime; enfin que son fils Orlanduccio, pris
de la fi�vre ce jour-l� m�me, n'avait pas boug� de son lit. Il
produisit tous les fusils de sa maison, dont aucun n'avait fait
feu r�cemment. Il ajouta qu'� l'�gard du portefeuille il en avait
tout de suite compris l'importance; qu'il l'avait mis sous le
scell� et l'avait d�pos� entre les mains de son adjoint, pr�voyant
qu'en raison de son inimiti� avec le colonel il pourrait �tre
soup�onn�. Enfin il rappela qu'Agostini avait menac� de mort celui
qui avait �crit une lettre en son nom, et insinua que ce
mis�rable, ayant probablement soup�onn� le colonel, l'avait
assassin�. Dans les moeurs des bandits, une pareille vengeance
pour un motif analogue n'est pas sans exemple.

Cinq jours apr�s la mort du colonel della Rebbia, Agostini,
surpris par un d�tachement de voltigeurs, fut tu�, se battant en
d�sesp�r�. On trouva sur lui une lettre de Colomba qui l'adjurait
de d�clarer s'il �tait ou non coupable du meurtre qu'on lui
imputait. Le bandit n'ayant point fait de r�ponse, on en conclut
assez g�n�ralement qu'il n'avait pas eu le courage de dire � une
fille qu'il avait tu� son p�re.

Toutefois, les personnes qui pr�tendaient conna�tre bien le
caract�re d'Agostini, disaient tout bas que, s'il e�t tu� le
colonel, il s'en serait vant�. Un autre bandit, connu sous le nom
de Brandolaccio, remit � Colomba une d�claration dans laquelle il
attestait sur l'honneur l'innocence de son camarade; mais la seule
preuve qu'il all�guait, c'�tait qu'Agostini ne lui avait jamais
dit qu'il soup�onnait le colonel.

Conclusion, les Barricini ne furent pas inqui�t�s; le juge
d'instruction combla le maire d'�loges et celui-ci couronna sa
belle conduite en se d�sistant de toutes ses pr�tentions sur le
ruisseau pour lequel il �tait en proc�s avec le colonel della
Rebbia.

Colomba improvisa, suivant l'usage du pays, une ballata devant le
cadavre de son p�re, en pr�sence de ses amis assembl�s. Elle y
exhala toute sa haine contre les Barricini et les accusa
formellement de l'assassinat, les mena�ant aussi de la vengeance
de son fr�re. C'�tait cette ballata, devenue tr�s populaire, que
le matelot chantait devant miss Lydia. En apprenant la mort de son
p�re, Orso, alors dans le nord de la France, demanda un cong� mais
ne put l'obtenir. D'abord, sur une lettre de sa soeur, il avait
cru les Barricini coupables, mais bient�t il re�ut copie de toutes
les pi�ces de l'instruction, et une lettre particuli�re du juge
lui donna � peu pr�s la conviction que le bandit Agostini �tait le
seul coupable. Une fois tous les trois mois Colomba lui �crivait
pour lui r�p�ter ses soup�ons qu'elle appelait des preuves. Malgr�
lui, ces accusations faisaient bouillonner son sang corse, et
parfois il n'�tait pas �loign� de partager les pr�jug�s de sa
soeur. Cependant, toutes les fois qu'il lui �crivait, il lui
r�p�tait que ses all�gations n'avaient aucun fondement solide et
ne m�ritaient aucune cr�ance. Il lui d�fendait m�me, mais toujours
en vain, de lui en parler davantage. Deux ann�es se pass�rent de
la sorte, au bout desquelles il fut mis en demi-solde, et alors il
pensa � revoir son pays, non point pour se venger sur des gens
qu'il croyait innocents, mais pour marier sa soeur et vendre ses
petites propri�t�s, si elles avaient assez de valeur pour lui
permettre de vivre sur le continent.



VII

Previous Page | Next Page


Books | Photos | Paul Mutton | Sun 21st Dec 2025, 16:24