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Page 16
De ce moment son �toile devint plus brillante que jamais. Le
colonel della Rebbia, mis en demi-solde et retir� � Pietranera,
eut � soutenir contre lui une guerre sourde de chicanes sans cesse
renouvel�es: tant�t il �tait assign� en r�paration de dommages
commis par son cheval dans les cl�tures de M. le maire; tant�t
celui-ci, sous pr�texte de restaurer le pav� de l'�glise, faisait
enlever une dalle bris�e qui portait les armes des della Rebbia,
et qui couvrait le tombeau d'un membre de cette famille. Si les
ch�vres mangeaient les jeunes plants du colonel, les propri�taires
de ces animaux trouvaient protection aupr�s du maire;
successivement, l'�picier qui tenait le bureau de poste de
Pietranera, et le garde champ�tre, vieux soldat mutil�, tous les
deux clients des della Rebbia, furent destitu�s et remplac�s par
des cr�atures des Barricini.
La femme du colonel mourut exprimant le d�sir d'�tre enterr�e au
milieu d'un petit bois o� elle aimait � se promener; aussit�t le
maire d�clara qu'elle serait inhum�e dans le cimeti�re de la
commune, attendu qu'il n'avait pas re�u d'autorisation pour
permettre une s�pulture isol�e. Le colonel furieux d�clara qu'en
attendant cette autorisation, sa femme serait enterr�e au lieu
qu'elle avait choisi, et il y fit creuser une fosse. De son c�t�,
le maire en fit faire une dans le cimeti�re, et manda la
gendarmerie, afin, disait-il, que force rest�t � la loi. Le jour
de l'enterrement, les deux partis se trouv�rent en pr�sence, et
l'on put craindre un moment qu'un combat ne s'engage�t pour la
possession des restes de madame della Rebbia. Une quarantaine de
paysans bien arm�s, amen�s par les parents de la d�funte,
oblig�rent le cur�, en sortant de l'�glise, � prendre le chemin du
bois; d'autre part, le maire avec ses deux fils, ses clients et
les gendarmes se pr�senta pour faire opposition. Lorsqu'il parut,
et somma le convoi de r�trograder, il fut accueilli par des hu�es
et des menaces; l'avantage du nombre �tait pour ses adversaires,
et ils semblaient d�termin�s. � sa vue plusieurs fusils furent
arm�s; on dit m�me qu'un berger le coucha en joue; mais le colonel
releva le fusil en disant: �Que personne ne tire sans mon ordre!�
Le maire �craignait les coups naturellement�, comme Panurge, et,
refusant la bataille, il se retira avec son escorte: alors la
procession fun�bre se mit en marche, en ayant soin de prendre le
plus long, afin de passer devant la mairie. En d�filant, un idiot,
qui s'�tait joint au cort�ge, s'avisa de crier vive l'Empereur!
Deux ou trois voix lui r�pondirent, et les rebbianistes, s'animant
de plus en plus, propos�rent de tuer un boeuf du maire, qui,
d'aventure, leur barrait le chemin. Heureusement le colonel
emp�cha cette violence.
On pense bien qu'un proc�s-verbal fut dress�, et que le maire fit
au pr�fet un rapport de son style le plus sublime, dans lequel il
peignait les lois divines et humaines foul�es aux pieds, -- la
majest� de lui, maire, celle du cur�, m�connues et insult�es, --
le colonel della Rebbia se mettant � la t�te d'un complot
bonapartiste pour changer l'ordre de successibilit� au tr�ne, et
exciter les citoyens � s'armer les uns contre les autres, crimes
pr�vus par les articles 86 et 91 du Code p�nal.
L'exag�ration de cette plainte nuisit � son effet. Le colonel
�crivit au pr�fet, au procureur du roi: un parent de sa femme
�tait alli� � un des d�put�s de l'�le, un autre cousin du
pr�sident de la cour royale. Gr�ce � ces protections, le complot
s'�vanouit, madame della Rebbia resta dans le bois, et l'idiot
seul fut condamn� � quinze jours de prison.
L'avocat Barricini, mal satisfait du r�sultat de cette affaire,
tourna ses batteries d'un autre c�t�. Il exhuma un vieux titre,
d'apr�s lequel il entreprit de contester au colonel la propri�t�
d'un certain cours d'eau qui faisait tourner un moulin. Un proc�s
s'engagea qui dura longtemps. Au bout d'une ann�e, la cour allait
rendre son arr�t, et suivant toute apparence en faveur du colonel,
lorsque M. Barricini d�posa entre les mains du procureur du roi
une lettre sign�e par un certain Agostini, bandit c�l�bre, qui le
mena�ait, lui maire, d'incendie et de mort s'il ne se d�sistait de
ses pr�tentions. On sait qu'en Corse la protection des bandits est
tr�s recherch�e, et que pour obliger leurs amis ils interviennent
fr�quemment dans les querelles particuli�res. Le maire tirait
parti de cette lettre, lorsqu'un nouvel incident vint compliquer
l'affaire. Le bandit Agostini �crivit au procureur du roi pour se
plaindre qu'on e�t contrefait son �criture, et jet� des doutes sur
son caract�re, en le faisant passer pour un homme qui trafiquait
de son influence: �Si je d�couvre le faussaire, disait-il en
terminant sa lettre, je le punirai exemplairement.�
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