Les conteurs à la ronde by Charles Dickens


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Page 9

Le voyageur alors s'assit aupr�s du vieillard, � la lueur d'un
beau soleil couchant, et tous ses pr�c�dents compagnons de route
vinrent doucement se placer debout devant lui: le joli enfant, le
beau jeune gar�on, le jeune amoureux, le p�re, la m�re et tous
leurs enfants; tous �taient l� et il n'en avait perdu aucun. Donc
il les aima tous, bon et indulgent pour tous, toujours charm� de
les revoir, et eux ils l'honoraient et l'aimaient tous. Je crois
que vous devez �tre ce voyageur, grand-papa; car c'est ce que vous
faites pour nous, et c'est ce que nous faisons pour vous.


III -- L'HISTOIRE DE QUELQU'UN

ou

LA L�GENDE DES DEUX RIVI�RES.

On ferait une ann�e enti�re des jours de No�l qui se sont succ�d�
depuis qu'un riche tonnelier, nomm� Jacob Elsen, fut �lu syndic de
la corporation des tonneliers de Stromthal, ville de l'Allemagne
m�ridionale. Le nom de sa famille ne se retrouve peut-�tre nulle
part aujourd'hui; la ville elle-m�me n'existe plus. � une �poque
post�rieure, les habitants accus�rent injustement les Juifs
d'avoir �gorg� de petits enfants chr�tiens. Ils les expuls�rent de
la ville, et leur firent d�fense d'en franchir les portes; mais
les Juifs prirent tranquillement leur revanche, car ils b�tirent
une seconde ville � une certaine distance de la premi�re, et ils y
attir�rent tout le commerce, en sorte que la ville nouvelle vit
graduellement cro�tre ses richesses, tandis que l'ancienne se vit
peu � peu r�duite � rien.

Toutefois Jacob Elsen ne connut pas cette pers�cution. De son
temps, les Juifs circulaient dans les rues sombres et tortueuses,
trafiquaient sur la place du march�, tenaient des boutiques et
jouissaient, comme tous les autres habitants, des privil�ges de la
bourgeoisie.

Une rivi�re coulait � travers la ville de Stromthal, rivi�re
�troite, sinueuse, mais navigable pour les petits bateaux. On
l'appelle encore la �Klar�. Comme l'eau de la �Klar� est tr�s
pure, tr�s agr�able � boire, et que la rivi�re est fort utile au
commerce, les habitants du pays l'avaient surnomm�e la �grande
amie� de Stromthal. Ils lui attribuaient la propri�t� de gu�rir
les maux de l'esprit aussi bien que ceux du corps, et de nos jours
encore, bien que beaucoup de personnes, afflig�es des uns ou des
autres, s'y soient plong�es ou aient bu de son onde sans s'en
trouver beaucoup mieux, leur foi reste la m�me. Ils lui donnent
aussi des noms f�minins, comme si c'�tait une femme, une d�esse.
La �Klar� est le sujet d'innombrables ballades et histoires qu'ils
savent par coeur, ou plut�t qu'ils savaient du temps de Jacob
Elsen, car il y avait alors tr�s peu de livres et encore moins de
lecteurs � Stromthal. On c�l�brait aussi une f�te annuelle, nomm�e
�la f�te de la Klar,� pendant laquelle on jetait dans le courant
des fleurs et des rubans qui flottaient � travers les prairies
jusqu'� la grande rivi�re o� la �Klar� se jette.

-- La Klar, disait une de ces ballades populaires, n'est-elle pas
une merveille entre les rivi�res? Les autres courants sont
aliment�s, goutte � goutte, par les ros�es et les pluies; mais la
�Klar� descend toute grande des montagnes.� Et ce n'�tait pas une
invention des po�tes, car personne ne connaissait la source de
cette rivi�re. En vain le conseil municipal avait offert une
r�compense de cinq cents brins d'or � celui qui la d�couvrirait;
tous ceux qui avaient essay� de remonter la �Klar� �taient arriv�s
� un certain endroit situ� � un grand nombre de lieues au-dessus
de Stromthal, o� son onde s'�chappait entre des rochers escarp�s,
et o� son courant �tait si rapide, que ni voiles ni rames ne
pouvaient lutter contre lui. Au-del� de ces rochers se trouvaient
les montagnes nomm�es �Himmel-gebirge�, et l'on supposait que la
�Klar�prenait naissance dans ces r�gions inaccessibles.

Si les gens de Stromthal honoraient leur rivi�re, ils aimaient
encore plus leur commerce. Au lieu de planter des promenades
publiques sur les rives, ils avaient b�ti la plupart de leurs
maisons tout au bord de l'eau. Quelques habitations dans les
faubourgs avaient bien des jardins, mais, au centre de la ville,
le courant ne refl�tait d'autres ombres que celles des magasins et
des fa�ades en surplomb des vieilles maisons de bois. La demeure
de Jacob Elsen �tait de ce nombre. Elle s'ouvrait sur un petit
embarcad�re garni de pieux de bouleau, et ses fondements �taient
creus�s si pr�s de l'eau, qu'en ouvrant la porte de l'atelier, on
pouvait remplir une cruche � la rivi�re.

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Books | Photos | Paul Mutton | Mon 10th Nov 2025, 3:20