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Page 8
Mais le voyageur les perdit de vue un jour, comme il avait perdu
l'enfant et le jeune gar�on: il les appela, ils ne revinrent ni ne
r�pondirent, et il reprit son chemin. Il voyagea donc pendant un
peu de temps sans rien rencontrer, jusqu'� ce qu'il aper�t un
homme d'un �ge m�r, et il demanda � cet homme: �Que faites-vous
ici!� Et la r�ponse fut: �Je suis toujours occup�, venez vous
occuper avec moi.�
Il alla donc travailler avec cet homme, et, pour cela, ils se
rendirent � la for�t. La for�t qu'ils parcoururent �tait longue;
au commencement, les arbres �taient verts comme ceux d'un bois
printanier; puis Ie feuillage s'�paissit comme un bois d'�t�;
quelques-uns des petits arbres les plus press�s de verdir
brunissaient aussi les premiers. L'homme n'�tait pas seul; il
avait une femme du m�me �ge que lui, qui �tait sa femme, et ils
avaient des enfants qui �taient aussi avec eux. C'est ainsi qu'ils
s'en all�rent tous ensemble � travers le bois, abattant les
arbres, se frayant des sentiers entre les branches et les feuilles
abattues, portant des fagots et travaillant sans cesse.
Quelquefois ils arrivaient � une longue avenue qui aboutissait �
des taillis plus sombres, et alors ils entendaient une petite voix
qui leur criait de loin: �P�re, p�re, je suis un autre enfant,
attendez-moi.� Et, au m�me instant, ils apercevaient une petite
cr�ature qui grandissait � mesure qu'ils avan�aient et qui courait
pour les rejoindre. Quand le nouveau-venu �tait aupr�s d'eux, ils
s'empressaient tous autour de lui, le baisaient, le caressaient,
et tous se remettaient en marche.
Quelquefois ils s'arr�taient � quelque carrefour de la for�t d'o�
partaient diff�rentes avenues, et l'un des enfants disait: �P�re,
je vais � la mer;� un autre: �P�re, je vais aux Indes;� un autre:
�P�re, je vais aller chercher fortune o� je pourrai;� un autre
enfin: �P�re, je vais au ciel.� C'est ainsi qu'apr�s bien des
larmes au moment de la s�paration, chacun des ces enfants prenait
une des avenues et il s'�loignait solitaire; mais l'enfant qui
avait dit: �Je vais au ciel,� s'�levait dans l'air et y
disparaissait.
Chaque fois qu'avait lieu une de ces s�parations, le voyageur
regardait le p�re qui levait les yeux au-dessus des arbres o� le
jour commen�ait � d�cliner et le soleil � descendre sur l'horizon.
Il remarquait aussi que ses cheveux grisonnaient; mais ils ne
pouvaient s'arr�ter longtemps, car ils avaient un long voyage
devant eux, et il leur fallait travailler sans cesse.
� la fin, il y avait eu tant de s�parations qu'il ne restait plus
un seul des enfants. Le p�re, la m�re et le voyageur se trouv�rent
seuls � continuer leur route. Le bois �tait devenu jaune, puis il
avait bruni et d�j� les feuilles tombaient d'elles-m�mes.
Ils arrivaient � une avenue plus sombre que les autres, et ils
pressaient le pas sans y jeter un regard, quand la femme s'arr�ta.
-- Mon mari, dit-elle, on m'appelle.
Ils �cout�rent, et entendirent dans la sombre avenue une voix qui
criait de loin: �M�re, m�re!�
C'�tait la voix du premier enfant qui avait dit; �Je vais au
ciel.� Et le p�re lui r�pondit: �Pas encore, je vous prie, pas
encore; le soleil va se coucher, pas encore.�
Mais la voix r�p�tait: �M�re, m�re!� sans faire attention � ce
qu'avait dit le p�re, quoique ses cheveux fussent alors tout �
fait blancs, et quoiqu'il vers�t des larmes.
Alors la m�re qui, d�j� envelopp�e � moiti� des ombres de
l'avenue, tenait encore son mari embrass�, lui dit: �Mon ami, il
faut que je parte, je suis appel�e.� Et elle partit, et le
voyageur resta seul avec le p�re.
Ils reprirent leur chemin ensemble jusqu'� ce qu'ils fussent
arriv�s presque � la limite de la for�t, de mani�re � apercevoir,
au-del�, le soleil qui colorait l'horizon de sa flamme mourante.
L� encore, cependant, tandis qu'il s'ouvrait une voie � travers
les branches, le voyageur perdit son compagnon. Il appela, il
appela... point de r�ponse, et lorsqu'il eut franchi l'extr�me
lisi�re du bois, au moment o� du soleil couchant il ne restait
plus que la trace brillante dans un ciel de pourpre, il rencontra
un vieillard assis sur un arbre abattu.� Que faites-vous ici?�
demanda-t-il � ce vieillard; et le vieillard lui r�pondit avec un
sourire paisible: �Je suis toujours � me souvenir. Venez-vous
souvenir avec moi.�
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