Les conteurs à la ronde by Charles Dickens


Main
- books.jibble.org



My Books
- IRC Hacks

Misc. Articles
- Meaning of Jibble
- M4 Su Doku
- Computer Scrapbooking
- Setting up Java
- Bootable Java
- Cookies in Java
- Dynamic Graphs
- Social Shakespeare

External Links
- Paul Mutton
- Jibble Photo Gallery
- Jibble Forums
- Google Landmarks
- Jibble Shop
- Free Books
- Intershot Ltd

books.jibble.org

Previous Page | Next Page

Page 10

L'int�rieur de Jacob Elsen se composait de trois personnes sans le
compter; � savoir, sa fille Marguerite, son apprenti Carl et une
vieille servante. Il avait des ouvriers, mais qui ne couchaient
pas chez lui. Carl �tait un jeune homme de dix-huit ans, et la
fille de son ma�tre �tant un peu plus jeune, il s'�prit d'elle
comme tous les apprentis dans ce temps-l�. L'amour de Carl pour
Marguerite �tait pur et profond. Jacob la connaissait, mais il ne
disait rien; il avait foi dans la prudence de sa fille.

Marguerite aimait-elle alors Carl? Elle seule le savait. Tous les
dimanches, il allait avec elle � l'�glise; et l�, tandis que ses
pri�res devenaient quelquefois des sons insignifiants pour lui,
parce qu'il pensait � elle et �piait tous ses mouvements, il
l'entendait murmurer d�votement les siennes; ou, lorsque le
pr�dicateur parlait et que la figure de Marguerite restait fix�e
sur la chaire, il �tait presque jaloux de voir qu'elle �coutait si
bien. Assise � table avec lui, jamais elle ne perdait son calme,
tandis qu'il se sentait toujours troubl� et maladroit. Souvent
elle semblait trop occup�e pour penser � l'apprenti. � la fin, son
apprentissage �tant achev�, le temps vint pour Carl de quitter la
maison d'Elsen pour voyager, comme tous les ouvriers allemands
sont tenus de le faire par les lois de leur compagnonnage. Il
r�solut de parler de son amour � Marguerite avant de partir.
Pouvait-il, pour cela, choisir un meilleur temps qu'une soir�e
d'�t� o� Marguerite �tait venue par hasard dans l'atelier, apr�s
la sortie des compagnons? Il appela la jeune fille pr�s de la
porte qui donnait sur la rivi�re, pour regarder le coucher du
soleil, et il lui parla longtemps de la �Klar� et de sa source
myst�rieuse. Lorsqu il commen�a � faire noir et qu'il n'y eut plus
moyen de tarder davantage, son secret lui �chappa, et Marguerite
lui r�v�la � son tour le sien, qui �tait qu'elle l'aimait aussi:
Mais, ajouta-t-elle, je dois le dire � mon p�re.

Ce soir-l� m�me, apr�s le souper, les deux jeunes gens racont�rent
� Jacob Elsen ce qui s'�tait pass� entre eux. Jacob �tait un homme
dans toute la fleur de l'�ge; il n'�tait pas avare, mais prudent
en toutes choses. �Que Carl, dit-il, revienne apr�s son temps de
voyage avec cinquante florins d'or, et alors, ma fille, si vous
voulez vous marier avec lui, je le ferai recevoir ma�tre
tonnelier.� Carl n'en demandait pas davantage. Il ne doutait pas
de pouvoir rapporter cette somme, et il savait que la loi ne lui
permettait pas de se marier avant son voyage pour se perfectionner
dans son m�tier; il lui tardait donc de partir pour revenir
bient�t, et le lendemain, de grand matin, il prit cong� de
Marguerite avant qu'il y e�t encore aucun mouvement dans les rues.

Carl �tait plein d'esp�rance, mais Marguerite pleurait tandis
qu'il se tenait sur le seuil. �Trois ann�es, dit-elle, op�rent
quelquefois de si grands changements en nous, que nous ne sommes
plus les m�mes!

-- Elles me feront vous aimer davantage, r�pondit Carl.

--Vous en rencontrerez de plus belles que moi dans les pays o�
vous irez; et je penserai encore � vous dans cette maison,
longtemps apr�s que vous l'aurez oubli�e.

-- Maintenant, je suis certain de votre affection, Marguerite, dit
Carl avec joie, mais il ne faut pas douter de moi pendant mon
absence; aussi certainement que je vous aime, je reviendrai, avec
les cinquante florins d'or, r�clamer de votre p�re
l'accomplissement de sa promesse.�

Marguerite resta longtemps sur le seuil, et Carl regarda bien des
fois en arri�re avant de tourner l'angle de la rue. Malgr� cette
s�paration, il se sentait le coeur assez l�ger, car il avait
toujours envisag� ce voyage comme le moyen d'obtenir la main de la
fille de son patron. �Il ne faut pas perdre de temps, pensait-il,
et pourtant ce serait une grande chose, si je d�couvrais la source
de notre rivi�re. Je fais justement route vers le Sud,
j'essaierai!�

Le troisi�me jour, il prit un bateau dans un petit village et
remonta le courant; mais, dans l'apr�s-midi, il arriva pr�s des
rochers, et ce courant devint plus fort. Il continuait pourtant de
ramer. Le double mur de roche gris�tre grandissait toujours sur
l'une et l'autre rive, et lorsqu'il regardait en l'air, il ne
voyait plus qu'une �troite bande du ciel. � la fin, toute la
vigueur de ses bras suffisait � peine pour maintenir le bateau en
place. De temps en temps, et par un effort soudain, il avan�ait
bien de quelques brasses, mais il ne pouvait conserver l'espace
qu'il avait gagn�, et c�dant � la lassitude, il fut oblig� de se
laisser aller � la d�rive. Ainsi donc, pensa-t-il, ce qu'on disait
des rochers et de l'imp�tuosit� du courant est vrai, je puis au
moins l'attester.�

Previous Page | Next Page


Books | Photos | Paul Mutton | Mon 10th Nov 2025, 6:15