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Page 3
L'avarice �tait malheureusement le vice dominant de mon oncle
Chill. Tout riche qu'il �tait, il vivait mis�rablement et semblait
avoir toujours peur de mourir de faim. Comme Christiana n'avait
pas de dot; j'h�sitai longtemps � lui avouer notre engagement
mutuel; � la fin, je me d�cidai � lui �crire pour lui: apprendre
toute la v�rit�. Je lui remis moi-m�me, ma lettre un soir, en
allant me coucher.
Le lendemain, je descendis, par une matin�e de d�cembre: le froid
se faisait sentir plus s�v�rement encore dans la maison jamais
chauff�e de mon oncle que dans la rue o� brillait quelquefois du
moins le soleil d'hiver; et qui, � tout �v�nement s'ab�mait des
visages souriants et de la voix des passants. Ce fut avec un poids
de glace sur le coeur que je me dirigeai vers la salle basse o�
mon oncle prenait ses repas, large pi�ce avec une �troite chemin�e
une fen�tre cintr�e, sur les vitres de laquelle les gouttes de la
pluie, tomb�e pendant la nuit, ressemblaient aux larmes des
pauvres sans asile. Cette fen�tre s'�clairait du jour d'une cour
solitaire aux dalles crevass�es; et qu'une grille, aux barreaux
rouill�s, s�parait d'un vieux corps de logis ayant servi de salle
de dissection au grand chirurgien qui avait vendu la maison � mon
oncle.
Nous nous levions toujours de si bonne heure, qu'� cette saison de
l'ann�e nous d�jeunions � la lumi�re. Au moment o� j'entrai, mon
oncle �tait si crisp� par le froid, si ramass� sur lui-m�me dans
son fauteuil derri�re la chandelle, que je ne l'aper�us qu'en
touchant la table.
Je lui tendis la main... mais, lui, il saisit sa canne (�tant
infirme il allait toujours avec une canne dans la maison), fit
comme s'il allait m'en frapper et me dit: Imb�cile!
-- Mon oncle, r�pondis-je, je ne m'attendais pas � vous trouver si
irrit�... En effet, je ne m'y attendais pas, quoi que je connusse
son humeur irascible et sa duret� naturelle.
--Vous ne vous y attendiez pas! r�pliqua-t-il. Quand vous �tes-
vous donc attendu � quelque chose? Quand avez-vous jamais su
calculer ou songer au lendemain, m�prisable idiot!
-- Ce sont l� de dures paroles, mon oncle.
-- De dures paroles! Ce sont des douceurs quand elles s'adressent
� un niais de votre esp�ce, dit-il. Venez, venez ici, Betsy Snap,
regardez-le donc?�
Betsy Snap �tait une vieille femme au teint jaun�tre, aux traits
rid�s, notre unique servante, dont l'invariable occupation, �
cette heure du jour, consistait � frictionner les jambes de mon
oncle. En lui criant de me regarder, mon oncle lui appuya sa
maigre main sur le cr�ne, et elle, toujours agenouill�e, tourna
les yeux de mon c�t�. Au milieu de mon anxi�t�, l'aspect de ce
groupe me rappela la salle de dissection telle qu'elle devait �tre
du temps du chirurgien anatomiste, notre pr�d�cesseur dans la
maison.
-- Regardez ce niais, cet innocent, continua mon oncle. Voil�
celui dont les gens vous disent qu'il n'est l'ennemi de personne
que de lui-m�me. Voil� le sot qui ne sait pas dire non. Voil�
l'imb�cile qui fait de si gros b�n�fices dans son commerce, qu'il
a �t� forc� de prendre un associ� l'autre jour. Voil� le beau
neveu qui va �pouser une femme sans le sou, et qui tombe entre les
mains de deux J�zabel sp�culant sur ma mort.�
Je vis alors jusqu'o� allait la rage de mon oncle; car il fallait
qu'il f�t r�ellement hors de lui pour se servir de ce dernier mot,
qui lui causait une telle r�pugnance, que nulle personne au monde
n'aurait os� s'en servir ou y faire allusion devant lui.
-- Sur ma mort! r�p�ta-t-il comme s'il me bravait moi ou bravant
son horreur du mot... Sur ma mort... mort... mort! mais je ferai
avorter la sp�culation. Faites votre dernier repas sous ce toit,
nigaud que vous �tes, et puisse-t-il vous �touffer!�
Vous devez bien penser que je n'apportai pas un grand app�tit pour
le d�jeuner auquel j'�tais convi� en ces termes; mais je pris �
table ma place accoutum�e. C'en �tait fait, je vis bien que
d�sormais mon oncle me reniait pour son neveu... Je pouvais
supporter tout cela et pire encore ... je poss�dais le coeur de
Christiana.
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