Les conteurs à la ronde by Charles Dickens


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Page 29

�Que feriez-vous, disais je � Tom, si nous �tions attaqu�s?�

�S'il faut vous le dire? r�pondait Tom, dont c'�tait l� le
pr�ambule favori et la formule, s'il faut vous le dire? je leur
enverrais une balle dans la t�te.�

�Vous pensez donc qu'il y en aurait plus d'un?�

�S'il faut vous le dire? je le crois, disait Tom; mais s'il n'y en
avait qu'un, je sauterais � bas du cabriolet et lui donnerais une
bonne vol�e. Ne serait-ce pas le juste ch�timent de son
impertinence?�

�Et si une demi-douzaine s'en m�laient?�

�Je les tuerais tous.�

Jamais les sacoches d'or, on le voit, n'avaient �t� sous la garde
d'un plus d�termin� champion que Tom Ruddle, jeune alors comme
moi.

Par une froide soir�e de d�cembre, on nous fit soudain mettre en
route avec trois sacoches d'or que nous devions d�livrer � des
clients de la banque, � dix ou douze milles de la ville. L'air
�clairci par la gel�e nous portait � la belle humeur; notre
courage �tait excit� par la rapidit� du mouvement, la dignit� de
notre charge, l'importance de notre responsabilit� et une paire de
pistolets d'ar�on couch�s en travers du tablier.

S'il faut vous le dire? me dit Tom, en prenant un des pistolets
dont il arma la double d�tente, comme je m'en aper�us plus tard,
je ne serais pas f�ch� de rencontrer quelques voleurs, certain que
je suis de les arranger comme j'ai arrang� ces trois soldats
licenci�s.�

�Comment cela?�

�Ah! il vaut autant, dit Tom, affectant de prendre un air
soucieux, ne pas parler de ces malheureux accidents. Le sang vers�
est toujours une terrible chose pour la conscience, c'est un
vilain spectacle que celui d'une cervelle qu'on a fait sauter;
mais s'il faut vous le dire? je suis pr�t � recommencer. C'est une
chance que courent tous les gens qui risquent leur vie, mon
gar�on.�

En parlant ainsi, Tom arma de m�me l'autre pistolet, et regardant
d'un air d'audace des deux c�t�s de la route, il semblait porter,
aux bandits qui pouvaient y �tre cach�s, le d�fi de se montrer et
de venir recevoir la r�compense de leurs forfaits. Quant �
l'histoire des trois soldats et aux sanglantes allusions � un acte
de justice sommaire accompli sur l'un d'eux ou sur tous les trois,
c'�tait une prodigieuse rodomontade. Tom avait le coeur si tendre,
que le meurtre d'un petit chat l'aurait rendu malheureux toute une
semaine! Cependant, � l'entendre, vous l'auriez pris pour un
Richard III civil, sans amour, piti�, ni peur.� Ses favoris
n'�taient pas moins f�roces que ses paroles et lui donnaient l'air
d'un homme ne voulant entendre que batailles, meurtre et ruine! Il
continua donc de jouer avec son pistolet et de se poser en
implacable ex�cuteur des vengeances des lois, jusqu'� ce que nous
eussions atteint la petite ville o� r�sidait un de nos clients et
o� l'un de nous devait descendre pour porter une des sacoches � sa
destination. Tom entreprit cette t�che. Le village ou devaient
�tre d�livr�es les autres sacoches n'�tant situ� qu'� un mille
plus loin, il fut convenu qu'il me rejoindrait � travers champs,
apr�s s'�tre d�barrass� de l'argent. Avant de me quitter, il
visita soigneusement l'amorce de son pistolet, l'enfon�a d'un air
cr�ne dans la poche ext�rieure de son par-dessus et s'�loigna d'un
pas majestueux, tenant la sacoche � la main.

Rest� seul, je fis sentir le fouet au cheval et je trottai ga�ment
vers ma destination, ne songeant pas le moins du monde aux
voleurs, malgr� la conversation de Tom Ruddle.

Notre second client habitait � l'entr�e du village; c'�tait un
fermier dont les op�rations agricoles exigeaient l'emploi de
beaucoup de num�raire. Je m'arr�tai au coin de la petite rue
�troite et sombre qui conduisait � sa maison, et mon absence ne
pouvant se prolonger au-del� de quelques minutes, je quittai le
cabriolet pour porter plus vite une des sacoches � son
destinataire. Cette op�ration faite, je pris cong� de lui, apr�s
avoir refus� sto�quement toutes ses invitations, tant il me
tardait d'�tre dans mon cabriolet. Tout-�-coup, j'aper�us � la
clart� des �toiles, car la nuit �tait venue, un homme mont� sur le
marche-pied et fouillant sous le si�ge. Je m'�lan�ai sur lui.
L'homme, alarm� par mon approche, se retourna rapidement, et, me
pr�sentant le canon d'un pistolet, il fit feu si pr�s de mes yeux
qu'un instant je restai comme aveugl�. L'action fut si soudaine et
ma surprise si grande, que, durant quelques minutes aussi, je fus
tout hors de moi, sachant � peine si j'�tais vivant ou mort!

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Books | Photos | Paul Mutton | Wed 12th Nov 2025, 10:32