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Page 28
Le bruit et les clameurs ont enfin r�veill� tous les voisins, qui
aper�oivent la clart� sinistre et la fum�e. Ils se l�vent, ils
accourent; ils jettent de l'eau sur les flammes, et bient�t
l'incendie se laisse ma�triser. La lueur rouge�tre du ciel se
dissipe et la nuit revient. Les fen�tres vides, avec leur feu
int�rieur, ressemblent encore � des yeux luisants dans les
t�n�bres. Ces yeux scintillent longtemps et finissent par se
fermer. Alors, avec des cris joyeux, les fugitifs rentrent dans la
maison, dont la plus grande partie est rest�e intacte, et tous se
r�jouissent en leur coeur que les ravages ne soient pas plus
grands. Le ma�tre de ce brillant palais regarde autour de lui, et
voit que tous ses convives, tous ses serviteurs sont sains et
saufs; personne n'a perdu un cheveu. Il ne manque que le vieux
marchand; lui seul ne r�pond pas � l'appel; on ne trouve nulle
part ses traces, quoiqu'on cherche dans toutes les salles vides et
sous les ruines fumantes amoncel�es contre les murs. On aurait
fini par croire qu'il ne s'�tait pas r�veill� � temps pour fuir,
lorsque, sous un monceau de bois calcin�, la lanterne est
d�couverte. C'est par l� que le fou a commenc�; alors ils se
disent entre eux: �C'est donc cet homme qui a allum� l'incendie o�
nous avons failli p�rir tous.� Et, dans le m�me instant, d'autres
personnes trouvent dans la cour le butin que le mis�rable avait
amass�. Mais, � surprise �trange! ce butin est prodigieusement
augment� par un petit coffret o� sont enferm�s les plus beaux
diamants de l'Orient, diamants plus pr�cieux qu'une couronne!
Une proclamation fut faite dans tout le pays d'alentour, pour
savoir si personne ne r�clamait ces riches pierreries; mais
personne ne les r�clama. Leur v�ritable possesseur se gardait bien
de repara�tre pour faire valoir ses titres. Ils finirent donc par
appartenir bien l�gitimement � celui que leur premier propri�taire
avait pay� d'une si noire ingratitude; et leur valeur �tait
pr�f�rable mille fois aux dommages caus�s par l'incendie.
Ce fut ainsi qu'une joie nouvelle sortit d'une calamit� impr�vue;
et l'avare marchand, qui croyait mentir, avait �t� proph�te malgr�
lui.
VI -- L'HISTOIRE DU GRAND-P�RE.
Lorsque j'occupai pour la premi�re fois une place de commis dans
notre banque, le pays jouissait de bien moins de s�curit�
qu'aujourd'hui. Non seulement les routes, attendant la r�forme de
Macadam, �taient fatales, en beaucoup d'endroits, aux roues et aux
essieux; mais ce qui �tait plus alarmant encore il fallait s'y
pr�munir contre les insultes et les vols auxquels �taient expos�s
les voyageurs. Les incidents de la guerre o� nous venions d'entrer
agitaient tous les esprits; le commerce �tait interrompu, le
cr�dit an�anti et la d�tresse commen�ait � se manifester dans des
classes enti�res de la population qui avaient jusqu'ici v�cu dans
l'abondance. La loi, malgr� son application draconienne, semblait
n'avoir pas d'�pouvante pour les malfaiteurs, et il est certain
que la cruaut�, sans discernement, du Livre des Statuts, allait
contre son but en punissant tous les crimes des m�mes peines. Du
reste, un temps de p�nurie financi�re n'est pas une mauvaise
saison pour une banque. La n�tre florissait au milieu de la grande
g�ne du pays, et les �normes b�n�fices r�alis�s � cette �poque par
les banquiers, b�n�fices qui leur permirent d'acheter de vastes
propri�t�s et d'�clipser la vieille aristocratie territoriale,
rendaient la profession aussi impopulaire parmi les hautes classes
qu'elle l'�tait depuis longtemps parmi les masses irr�fl�chies. Un
banquier leur semblait une sorte de faussaire patent�, qui cr�ait
d'�normes sommes d'argent en signant des chiffons de papier; et le
vol d'une banque, j'en suis persuad�, aurait �t� consid�r� par
beaucoup de gens comme une action tour aussi m�ritoire que la
dispersion d'une bande de faux-monnayeurs. Tels n'�taient pas,
bien entendu, les sentiments des commis de la banque. Nous
sentions, au contraire, que nous appartenions � une corporation
puissante, du bon vouloir de laquelle d�pendait la prosp�rit� de
la moiti� des maisons du commerce du pays. Nous nous regardions
comme un v�ritable gouvernement ex�cutif, et nous remplissions les
devoirs de notre charge avec toute la dignit� et tout l'orgueil
que peuvent d�ployer des secr�taires d'�tat. Nous nous promenions
m�me dans les rues d'un air de matamore, comme si nos poches
�taient remplies d'or; si deux d'entre nous louaient un cabriolet
pour faire une excursion � la campagne, nous affections de
regarder � chaque instant sous la banquette, comme pour voir si
nos tr�sors �taient en s�ret�; puis nous examinions avec attention
nos pistolets pour montrer que nous �tions r�solus � les d�fendre
jusqu'� la mort. Souvent ces pr�cautions �taient r�ellement
requises; car lorsqu'il y avait disette de num�raire chez nos
clients, on exp�diait deux des plus courageux commis avec les
fonds n�cessaires, dans des sacoches de cuir d�pos�es sous le
si�ge du cabriolet. En raison de la vigueur physique dont j'�tais
dou�, ou peut-�tre dans l'id�e qu'�tant peu fanfaron, de mon
naturel, je poss�dais r�ellement la dose de hardiesse demand�e,
j'�tais souvent choisi pour l'un des gardes de ces pr�cieuses
cargaisons; pour preuve de leur impartialit�, sans doute, outre le
plus silencieux et le plus bavard de leurs employ�s, les
directeurs m'adjoignaient d'ordinaire, pour ce service, le plus
grand h�bleur, le plus grand rodomont le plus grand cr�ne et le
meilleur coeur que j'aie jamais connu. Vous avez, la plupart,
entendu parler du fameux orateur et meneur d'�lections. Tom
Ruddle, qui se pr�sentait � toutes les vacances pour le comt� et
le bourg, et passait sa vie enti�re entre deux �lections, �
solliciter des suffrages pour lui ou pour ses amis. Eh bien, Tom
Ruddle �tait pr�cis�ment mon coll�gue � l'�poque dont je vous
parle; jeune comme moi et le compagnon habituel de mes excursions,
lorsqu'il s'agissait de convoyer des tr�sors.
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