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Page 27
Le marchand avare entra dans la salle, et voyant le ma�tre assis �
table, il lui cria: �� noble et grand prince, tu vois � tes pieds
un pauvre marchand ruin�, qui implore de ta mis�ricorde un peu de
nourriture, pour ne pas mourir de faim sur la grand'route. C'est �
ta gracieuse charit� qu'il a recours, et il s'agenouille devant
toi.� L'h�te se leva, prit le marchand par la main avec un sourire
de bont�, lui parla avec chaleur d'�me, et lui donna � boire et �
manger de ses mains. Mais l'avare regardait tout ce qui
l'entourait d'un oeil de convoitise, et bient�t la splendeur
�clatante de cette maison, toute cette prodigalit� de richesse,
toutes ces merveilles du luxe, l'or �tincelant partout, les
pierres pr�cieuses dans l'air scintillant comme des �toiles,
�veill�rent en lui une pens�e infernale de l'enfer, suspendirent
sa respiration, pr�cipit�rent le mouvement de son sang et
souill�rent dans son oreille un diabolique conseil. �Quand toute
la maison reposera, se dit-il; quand le sommeil aura scell� toutes
les oreilles et tous les yeux; quand, fatigu�s par l'�clat et le
bruit du festin, tous les sens seront assoupis, je me l�verai, je
saisirai tout ce que je pourrai saisir et je le placerai en s�ret�
dans la cour d'honneur jusqu'� l'aube. Puis pour m'�chapper sans
�veiller les soup�ons, je mettrai le feu � ce palais; je br�lerai
le ph�nix dans son lit de parfums.�
Quand la f�te fut finie, tout le monde se retira pour se livrer au
repos, et le vieux marchand, aux l�vres perfides, dit � l'h�te:
�Mon doux seigneur! un esprit bless� vient d'�tre gu�ri par le
baume de votre amour. Puisse celui qui r�gne dans les cieux
augmenter encore vos richesses. Cette nuit m�me contribuera peut-
�tre � remplir vos coffres-forts. Pourquoi me regarder d'un air
incr�dule? Souvent le ciel accomplit son oeuvre dans les t�n�bres
et durant le sommeil. Oui, j'en ai le pressentiment, ma langue
vient de proph�tiser.�
L'h�te lui r�pondit du ton le plus courtois. On conduisit les
convives dans les chambres pr�par�es pour les recevoir. La lumi�re
et la ga�t� s'�vanouirent � la fois de la salle, et le sommeil
appesantit toutes les paupi�res, hors celles du meurtrier. Le
voyez-vous assis, les yeux fix�s sur la large flamme de la lampe,
qui vacille et secoue les ombres comme la main d'un spectre. Il
pense au noir dessein qu'il a form�, il �coute le silence qui
l'entoure; il entend au dehors souffler la bise, chanter le
grillon et g�mir le solitaire oiseau de la bruy�re voisine, Enfin
il prend sa lampe et sort furtivement de sa chambre La maison
silencieuse semble sa complice. Les ombres s'agitent le long des
escaliers et ses pas comme des d�mons couverts d'un linceul noir.
Les colonnes de marbre, avec leur blancheur de spectre, semblent,
du milieu des t�n�bres, venir au-devant de la lumi�re. Un silence
sinistre r�gne partout. Personnification de l'avarice ou visage
astucieux, le criminel marchand entre dans la salle du banquet,
maintenant froide et d�serte. Il remplit un sac de vaisselle d'or,
de bijoux et de pierreries; il prend tout ce qu'il trouve � sa
fantaisie, et joignant � son butin la caisse qui renferme ses
propres diamants, il cache tout dans un coin de la cour d'honneur.
Et maintenant, r�veillez-vous, imprudents qui dormez; car autour
de vous, le meurtre r�de. Un d�mon s'est gliss� dans la maison
hospitali�re, et pendant votre sommeil, il rampe autour des
fondements de l'�difice; il amasse les fagots et la paille; il y
met le feu. Bient�t les flammes, prenant de la force, feront
�clater ces pierres massives; elles les envelopperont d'un �pais
manteau de fum�e, et leur clart� sinistre d�chirera la nuit. D�j�
la Terreur montre sa t�te hideuse. Le crime, enfant, grandit et se
fortifie. Adieu la joie! adieu les f�tes! Les flammes mordent et
d�vorent les poutres, s'�lancent � travers les crois�es et se
tordent comme des serpents. Les �normes colonnes sont embras�es;
les conduits de plomb se fondent et coulent comme des ruisseaux;
le feu agile s'�lance au sommet de l'�difice et trace dans le ciel
des arabesques d'un rouge sanglant. Partout bondissant des
flammes, partout �clatent des gerbes d'�tincelles. La nuit s'est
enfuie!
Aux premi�res rumeurs de l'incendie, l'h�te, ses convives et tous
ses serviteurs se pr�cipitent p�le-m�le, en tumulte, hors de la
maison et dans la vaste cour. Alors seulement ils osent regarder
derri�re eux; ils voient l'�difice hospitalier d�vor� par des
serpents de feu; ils pleurent et se tordent les mains; ils
invoquent le ciel!
Cependant le marchand criminel, qu'au milieu m�me de l'incendie
l'avarice d�vore, cherche encore du butin dans les chambres
d�sert�es par les plus riches convives, et que le feu n'a pas
encore atteintes. Enfin, il songe � fuir et regarde dans la cour,
mais il est trop tard; la cour est pleine de monde, ce qui lui �te
l'espoir de parvenir, en ce moment du moins, jusqu'au tr�sor qu'il
a cach�. �Je suis perdu! s'�crie-t-il, je suis perdu!� La maison
n'a pas de porte d�rob�e qu'il connaisse, et quand il essaie de
franchir le seuil hospitalier, un feu vengeur se dresse devant lui
et le tient, pour ainsi dire, en arr�t comme un limier. C'est le
feu maintenant qui est le ma�tre du logis, et lui l'esclave. Il
fuit, il court comme un insens�; il va et revient sur ses pas; il
implore du secours, mais il sait qu'il ne peut lui en venir; il
grince des dents comme une b�te f�roce en cage. Les flammes
impitoyables rugissent autour de lui et br�lent d�j� ses
v�tements. Il hurle � son tour: �Je ne puis plus fuir: le feu que
j'ai allum� me tient emprisonn�.� Les dalles sont br�lantes; l'air
m�me s'embrase et siffle. Pour sauver sa vie, il monte au haut de
la maison; il court � une fen�tre de derri�re et voit au loin le
ciel rouge comme du sang. C'est la seule chance qui lui reste. Il
s'�lance par la crois�e au milieu des arbres; tout meurtri et �
demi-�tourdi par sa chute, il se l�ve de nouveau, prof�rant
d'�tranges paroles et se maudissant lui-m�me. La t�te lui tourne,
il bronche � chaque pas; mais cependant il poursuit sa course et
finit par dispara�tre dans l'obscurit� lointaine.
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