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Page 26
Au moment o� le grand vieillard, dont les cheveux flottaient comme
sous le vent d'une fournaise, allait frapper la pauvre petite
toute tremblante, miss Furnivall, la vieille dame que j'avais �
mes c�t�s, s'�criait d'un ton lamentable: �� mon p�re! mon p�re!
�pargnez cette pauvre enfant!� Mais alors m�me, je vis, nous v�mes
tous un autre fant�me se d�tacher de la lumi�re bleue et vague qui
remplissait la salle. C'�tait une autre dame qui se tenait debout
pr�s du vieillard avec un regard de cruelle rancune et de m�pris
triomphant. Sa beaut� �tait remarquable; ses l�vres rouges et
d�daigneuses. Un chapeau de castor blanc, orn� d'une longue plume,
couvrait son front altier. Elle portait une robe de satin bleu
ouverte sur la poitrine. J'avais d�j� vu cette figure. C'�tait la
ressemblance de miss Furnivall dans sa jeunesse.
Les fant�mes continuaient de se mouvoir vers la porte de la grande
salle, sans prendre garde aux ardentes supplications de la vieille
miss Furnivall; et quand la b�quille que brandissait le vieux lord
tomba sur l'�paule droite de l'enfant, la s�r�nit� de marbre de la
cruelle jeune fille n'en parut pas m�me alt�r�e. Soudain ces
lumi�res �tranges qui ne dissipaient pas les t�n�bres, ce feu qui
ne r�pandait aucune chaleur, s'�teignirent d'eux-m�mes; et nous
v�mes la vieille miss Furnivall gisante � nos pieds, mortellement
frapp�e.
On la porta dans son lit, d'o� elle ne devait pas se relever.
Durant son agonie, elle tenait son regard tourn� vers la muraille,
murmurant tout bas, mais ne cessant de murmurer: �H�las! H�las! la
vieillesse ne peut r�parer le mal qu'a fait la jeunesse. Non,
jamais, on ne peut la r�parer!�
V -- L'HISTOIRE DE L'H�TE.
Il y avait une fois, comme disent les contes d'enfants, un
marchand qui revint des contr�es lointaines dans son pays natal,
o� il rapportait, dans un petit coffret, des diamants qui auraient
suffi pour la ran�on d'un roi. Ce marchand avait vieilli dans son
commerce. Tous les instincts g�n�reux avaient disparu de son coeur
refroidi, et les cendres du feu de la jeunesse couvraient ce coeur
qui ne connaissait plus ni joie, ni piti�. En revanche, il �tait
toujours habile et dur en affaires, ne calculant que le tant pour
cent. Pour enfler ses b�n�fices ou sauver un denier, il e�t vu
d'un oeil sec tous ses enfants descendre au tombeau s'il avait eu
des enfants. Comme un bloc de pierre, il semblait complet en lui-
m�me, isol� de tout; ni sang ni s�ve ne couraient dans ses veines;
mais il avait la soif de l'or, comme la terre b�ante apr�s la
mal�diction d'une longue s�cheresse, aspire apr�s la pluie; et
lorsqu'il voyait un autre marchand aussi riche que lui, il br�lait
du d�sir de le d�pouiller, par la force ou la ruse.
Le voil� descendu sur le rivage sablonneux de la mer, une fois de
plus, il foule le sol natal. Il reconna�t tous les rochers de
l'aride plage; il reconna�t la rivi�re qui serpente au loin. Il
revoit des sc�nes qui lui sont famili�res; il entend parler une
langue qui l'est �galement pour lui. Il s'arr�te. Peut-�tre que
les ann�es ont un instant laiss� son cerveau libre, comme le
reflux de la mer d�couvre la gr�ve, et qu'il va se retrouver jeune
un instant? Peut-�tre, par une �motion �trange et toute nouvelle
pour lui, l'amour de la patrie va-t-il rafra�chir son coeur comme
une ros�e? H�las! non, il ne pense qu'une chose, au moyen de se
coucher cette nuit sans qu'il lui en co�te rien.
Il gravit donc le chemin tortueux de la petite ville; l� il entend
parler du renom d'un prince marchand qui habite le voisinage, et
dont la lib�ralit� �gale le luxe royal. On lit ces mots, inscrits
sur la porte toujours ouverte de sa demeure hospitali�re:
�Ici, tout le monde est bien venu, riche ou pauvre!� Notre avare
se h�te de tourner ses pas de ce c�t�. Bient�t il aper�oit dans un
agr�able lieu, entour� de masses de feuillages o� murmure la
brise, les reflets du marbre blanc au milieu des sombres arbres.
En approchant plus pr�s, il voit s'�lever des murs d'une
architecture splendide, perc�s de nombreuses crois�es qui
�tincellent comme des yeux, et orn�s de statues, qui de la hauteur
o� elles sont plac�es, ressemblent � des anges faisant halte un
instant dans leur vol vers le ciel. Il admire de longs rangs de
colonnades, des lampes d'or sous des portiques, de vastes
terrasses couronnant l'�difice et offrant de paisibles retraites
au milieu des airs: tel �tait le palais du prince marchand.
� travers les vastes portes, on entendait retentir sans cesse les
sons des instruments de musique, ces accords qui, port�s sur des
ailes l�g�res, semblent planer autour de nous et murmurer des
choses d'un monde lointain dans une langue divine et inconnue.
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