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Page 22
�Regarde, Hester, regarde! Voil� encore ma pauvre petite fille
dehors dans la neige!�
Je me tournai vers les longues et �troites crois�es; et l�, je
vis, comme je vous vois, une petite fille, moins grande que miss
Rosemonde, habill�e tout autrement qu'elle aurait dit l'�tre pour
sortir par une si rude soir�e, pleurant et tapant contre les
carreaux de vitre, comme si elle voulait qu'on la laiss�t entrer.
Elle semblait sangloter et miss Rosemonde n'y pouvant plus tenir,
courait � la porte pour l'ouvrir quand tout-�-coup et tout pr�s de
nous le grand orgue retentit comme un tonnerre.
Je tremblai tout de bon, et avec d'autant plus de raison que, dans
le calme d'une si forte gel�e, je n'avais pas entendu le son des
petites mains tapant sur les vitres, quoique l'enfant fant�me
sembl�t y mettre toute sa force. Je l'avais vue aussi crier et
pleurer sans que le moindre son parv�nt � mon oreille. Je ne sais
si je remarquai tout cela dans le moment m�me, tant les sons du
grand orgue m'avaient frapp� de terreur; mais ce que je sais,
c'est que je saisis ma petite miss Rosemonde dans mes bras au
moment o� elle s'avan�ait vers la porte et que le l'emportai
malgr� ses cris et ses efforts pour m'�chapper, dans la grande et
claire cuisine, o� Doroth�e et Agn�s �min�aient des viandes pour
faire des p�t�s.
�Qu'y a-t-il, ma petite belle?� s'�cria Doroth�e, en voyant miss
Rosemonde sangloter dans mes bras comme si son coeur allait se
briser.
�Elle n'a pas voulu,� r�pondit cette ch�re enfant, �me laisser
ouvrir la porte pour faire entrer ma pauvre petite fille, qui
mourra bien s�rement si elle reste dehors toute la nuit sur les
_Fells_. Cruelle, m�chante Hester!� Et en parlant ainsi, elle me
battait de ses petites mains; mais elle aurait pu frapper bien
plus fort, car j'avais vu sur le visage de Doroth�e une expression
d'�pouvante mortelle qui gla�ait mon sang dans mes veines.
�Fermez la porte de l'arri�re-cuisine; mettez bien le verrou,�
dit-elle � Agn�s, et sans en dire davantage, elle me donna des
raisins et des amandes pour apaiser miss Rosemonde; mais ma petite
lady sanglotait toujours en pensant � la petite fille rest�e dans
la neige et elle ne voulait toucher � aucune friandise. Je
m'estimai bien heureuse quand elle se fut enfin endormie en
pleurant dans son lit. Alors je descendis tout doucement dans la
cuisine, o� je dis � Doroth�e que ma r�solution �tait prise et que
j'emm�nerais ma ch�re petite dans la maison de mon p�re �
Applethwaite, o�, si nous vivions humblement, nous vivrions au
moins en paix. Je lui dis encore que j'�tais d�j� bien assez
effray�e par le vieux lord, quand il jouait de l'orgue. Maintenant
j'avais vu de mes yeux l'�trange petite fille, dont les pieds ne
laissaient pas d'empreinte sur la neige; je l'avais vue habill�e
comme aucun enfant ne pouvait l'�tre dans le voisinage, pleurant,
criant et frappant sur les vitres, mais sans faire entendre aucun
bruit, aucun son. J'avais m�me aper�u sur son �paule droite, car
elle avait les �paules et les bras nus malgr� la rigueur du froid,
une blessure toute noire. Miss Rosemonde avait reconnu en elle
l'enfant fant�me qui, comme Doroth�e le savait bien, avait failli
l'entra�ner � sa perte. C'�tait plus que je n'en pouvais
supporter.
� ce r�cit, je vis Doroth�e changer de couleur plusieurs fois. �Je
ne crois pas,� me dit-elle, �qu'on vous laisse emmener miss
Rosemonde, puisqu'elle est la pupille de milord et que vous n'avez
aucun droit sur elle.� Doroth�e me demanda ensuite si je pourrais
me r�soudre � quitter l'enfant dont j'�tais si folle, pour de
vains sons et des visions qui, en d�finitive, ne pouvaient faire
aucun mal, et auxquels ils avaient d� s'habituer chacun � leur
tour. J'avais la t�te mont�e; je tremblais presque de col�re. Je
lui dis qu'il �tait bien ais� � elle de parler ainsi; � elle qui
savait ce que signifiaient cette musique et ces pr�tendues
visions, et qui avait eu peut-�tre quelque chose � d�m�ler avec
l'enfant fant�me de son vivant. Ainsi provoqu�e, Doroth�e finit
par me tout dire, et alors j'aurais voulu qu'elle ne m'e�t rien
dit, car je fus plus effray�e que jamais.
Elle me dit donc qu'elle avait entendu raconter cette lugubre
histoire par des vieillards des environs dans le commencement de
son mariage. Alors on venait encore au ch�teau qui n'avait pas sa
mauvaise r�putation d'aujourd'hui. Apr�s tout, elle ne pouvait
dire si c'�tait vrai ou faux, mais voici ce qu'on r�p�tait.
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