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Page 16
Nous avions � peine eu le temps d'�touffer nos sanglots, lorsque
les tuteurs et les ex�cuteurs testamentaires vinrent pour le
r�glement de l'h�ritage. C'�taient le propre cousin de ma pauvre
jeune ma�tresse, lord Furnivall, et M. Esthwaite, le fr�re de mon
ma�tre, marchand de Manchester; il n'�tait pas alors dans d'aussi
bonnes conditions qu'aujourd'hui, et il avait une grande famille �
�lever. Je ne sais s'ils r�gl�rent les choses ainsi, d'eux-m�mes,
ou si ce fut par suite d'une lettre que ma ma�tresse avait �crite
de son lit de mort � son cousin, milord Furnivall; mais on d�cida
que nous partirions, miss Rosemonde et moi, pour le manoir de
Furnivall dans le Northumberland. D'apr�s ce que milord sembla
dire, le d�sir de ma ma�tresse �tait que l'enfant v�c�t dans sa
famille et il n'avait pas, quand � lui, d'objections � faire �
cela, une ou deux personnes de plus ne signifiant rien dans une si
grande maison. Ce n'�tait pas l�, certes, la mani�re dont j'aurais
voulu voir envisager l'arriv�e de ma belle et charmante petite,
qui ne pouvait manquer d'animer comme un rayon de soleil toutes
les familles, m�me les plus grandes; mais je n'en fus pas moins
satisfaite de voir tous les gens de la vall�e ouvrir de grands
yeux �tonn�s, quand ils apprirent que j'allais �tre la bonne de la
petite lady chez lord Furnivall, dans le manoir de Furnivall.
Je me trompais cependant en croyant que nous allions habiter avec
le milord. Il parait que sa famille avait quitt� le manoir de
Furnivall depuis cinquante ans et m�me plus. Jamais en effet je
n'avais entendu dire que ma pauvre jeune ma�tresse l'e�t habit�,
quoiqu'elle e�t �t� �lev�e dans sa famille. Cela me contraria, car
j'aurais voulu que la jeunesse de miss Rosemonde se pass�t o�
s'�tait pass�e celle de sa m�re.
Le valet de chambre de milord, auquel j'adressai le plus de
questions que j'osais, me dit que le manoir de Furnivall, �tait
situ� au pied des _Fells_ du Cumberland et que c'�tait un tr�s
vaste domaine. Une miss Furnivall, grande-tante de milord
l'habitait seule avec un petit nombre de serviteurs. L'air y �tait
sain; milord avait pens� que miss Rosemonde y serait tr�s bien
pendant quelques ann�es, et que sa pr�sence pourrait aussi amuser
sa vieille tante.
Milord m'ordonna donc de tenir pr�ts pour un certain jour tous les
effets de miss Rosemonde. C'�tait un homme fin et imp�rieux, comme
le sont, � ce qu'on assure, tous les lords Furnivalls[3]; il ne
disait jamais un mot de trop. On pr�tendait qu'il avait aim� ma
pauvre jeune ma�tresse, mais comme elle savait que le p�re de
milord ne consentirait pas � ce mariage, elle n'avait jamais voulu
l'�couter, et elle avait �pous� M. Esthwaite. Je ne sais pas ce
qu'il y avait de vrai l�-dedans. Milord ne s'occupa jamais
beaucoup de miss Rosemonde, ce qu'il e�t fait s'il avait gard� un
profond souvenir de sa m�re morte. Il envoya son valet de chambre
avec nous au manoir, en lui ordonnant de le rejoindre le soir m�me
� Newcastle, en sorte qu'il n'eut gu�re le temps de nous faire
conna�tre � tant de personnes �trang�res avant de nous quitter.
Nous voil� donc abandonn�es, deux, v�ritables enfants, je n'avais
que dix-huit ans, dans l'immense manoir. Il me semble que c'�tait
hier. Nous avions quitt� de grand matin notre cher presbyt�re et
nous avions pleur� toutes les deux � coeur fendre. Nous voyagions
pourtant dans le carrosse de milord, dont je m'�tais fait
autrefois une si grande id�e. L'apr�s-d�ner d'un jour de septembre
�tait fort avanc�e lorsque nous nous arr�t�mes pour changer une
derni�re fois de chevaux dans une petite ville enfum�e, toute
remplie de charbonniers et de mineurs. Miss Rosemonde s'�tait
endormie, mais M. Henry me dit de la r�veiller pour lui faire voir
le parc et le manoir dont nous approchions. Je pensais que c'�tait
grand dommage de r�veiller un enfant dormant si bien, mais je fis
ce qu'il m'ordonnait, de peur qu'il ne se plaign�t de moi �
milord. Nous avions laiss� derri�re nous toute trace de villes et
m�me des villages, et nous �tions maintenant en dedans des portes
d'un grand parc d'un aspect sauvage, ne ressemblant pas du tout
aux parcs du sud de l'Angleterre, mais rempli de rochers, d'eaux
torrentueuses, d'aub�pines au tronc noueux et de vieux ch�nes tout
blancs et d�pouill�s de leur �corce par la vieillesse.
Le chemin montait � travers l'immense parc pendant deux milles
environ; on arrivait alors devant un vaste et majestueux �difice,
entour� de beaucoup d'arbres si rapproch�s qu'en certains endroits
leurs branches se heurtaient contre les murs quand le vent
soufflait. Quelques-unes �taient bris�es et pendantes; car
personne ne semblait prendre soin de les �monder et d'entretenir
la route couverte de mousse. Seulement devant la fa�ade tout �tait
bien entretenu. On ne voyait pas une mauvaise herbe dans le grand
ovale destin� autrefois � la circulation des voitures; et on ne
laissait cro�tre aucun arbre, aucune plante grimpante contre cette
longue fa�ade aux nombreuses crois�es. De chaque c�t� se projetait
une aile formant l'extr�mit� d'autres fa�ades lat�rales, car cette
demeure d�sol�e �tait plus vaste encore que je ne m'y attendais.
Derri�re s'�levaient les Fells qui semblaient assez nus et sans
cl�ture et � gauche du manoir vu de face, il y existait, comme je
m'en aper�us plus tard, un petit parterre � la vieille mode. Une
porte de la fa�ade occidentale ouvrait sur ce parterre, taill�
sans doute dans l'�paisse et sombre masse de verdure pour quelque
ancienne lady Furnivall; mais les branches des arbres de la for�t
�taient repouss�es et lui masquaient de nouveau le soleil en toute
saison; aussi bien peu de fleurs trouvaient-elles moyen d'y vivre.
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